Guerre d’Algérie, de l’indignité à l’honneur

En 62, après les accords d’Evian, De Gaulle a abandonné à leur triste sort une grande partie des supplétifs musulmans que l’armée française avait utilisés pour réprimer l’insurrection algérienne.

Article paru dans l’Egalité n°90

Et ceux de ces harkis qui avaient réussi à gagner la « métropole » ont été très mal intégrés. Utilisés, souvent de force, pour faire un sale boulot, ils n’avaient aucune raison d’être plus mal traités que les policiers, les militaires de carrière ou les appelés du contingent qui avaient aussi participé au « maintien de l’ordre dans les départements français d’Algérie » ou à la chasse aux militants du FLN dans les quartiers populaires et les bidonvilles de l’hexagone.

Mais, 39 ans après cette indignité de la bourgeoisie française, fallait-il les traiter en héros et, à l’Elysée, parler de « reconnaissance de la nation » aux rescapés et à leurs descendants ? Était-ce le contrepoids nécessaire à la condamnation verbale d’Aussaresses ? Passe encore de la part de Chirac qui a trempé dans la sale guerre. Mais Jospin qui, jadis, militait, fut-ce clandestinement, « contre le stalinisme et le colonialisme »…

17 octobre 61 – 17 octobre 2001

Dans les jours qui viennent, tous ceux qui n’ont pas la mémoire courte commémoreront le 40ème anniversaire de la tragique répression qui s’est abattue sur les ouvriers algériens et leurs familles qui avaient osé manifester pacifiquement contre le couvre-feu contre eux par le Préfet de Police Maurice Papon.

Dans les rues de Paris, en banlieue pour ceux qui y furent bloqués, dans les centres de regroupement, il y eut des centaines de victimes, souvent jetées à la Seine après avoir été rouées de coups. La presse aux ordres du pouvoir, c’est à dire presque toute la presse, passa sous silence la brutalité inouïe de la police. Les partisans de la « paix en Algérie » se mobilisèrent infiniment plus pour les 9 victimes françaises de la répression de la manifestation anti-OAS du métro Charonne, en février 62, que pour les 2 ou 300 martyrs du 17 octobre 61.

C’est tout récemment que les pouvoirs publics ont reconnu qu’il y avait eu beaucoup plus de 3 morts en ce jour sinistre. Si le plan Vigipirate ne sert pas de prétexte à une interdiction, la manifestation principale aura lieu le 17/10/01 à partir de 18 heures de l’Opéra au Pont St-Michel.

Par Jacques Capet