Afghanistan : une constitution favorable aux intégristes

Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont attaqué l’Afghanistan pour capturer Ben Laden et abattre le régime taliban jugé antidémocratique. Mais la démocratie n’est qu’un prétexte pour les Etats-Unis et leurs alliés impérialistes européens qui ont attaqué l’Afghanistan. Mais c’est encore pour leur profit, pour assouvir leur envie de conquête et pour contrôler ce pays qui représente une zone stratégique.

Article paru dans l’Egalité n°105

Pour ce faire, Bush a nommé Karzaï à la tête du gouvernement provisoire afghan, après la chute des talibans. Karzaï, le pantin de Bush, ne rêve que de mener une politique ultra libérale, achevant ainsi le peuple afghan, déjà affaibli pendant les guerres et le régime des talibans.

Le sort des Afghans ne s’est pas amélioré avec la présence des américains et avec leur ami Karzaï au pouvoir. Au contraire, la misère ne fait que de s’accroître ainsi que la corruption et les femmes sont toujours autant opprimées.

Si l’administration américaine a décidé de placer Karzaï à la tête du gouvernement provisoire c’est pour soit disant instaurer la démocratie. Or, les droits des Afghans sont toujours bafoués : les femmes, par exemple, sont toujours condamnées à porter la burqua, comme sous le règne des talibans. De plus, la violence envers les femmes ne fait que de s’accroître comme si celles-ci étaient responsables de la misère de ce pays. Des Afghanes exilées au Pakistan et en Iran sous l’ère talibane et de retour en Afghanistan, regrettent même les régimes pakistanais et iraniens car elles étaient  » plus libres  » alors que ces régimes sont des dictatures ! Elles ne peuvent quasiment plus étudier, se soigner et même vivre. Par désespoir, de nombreuses adolescentes se suicident par immolation ; c’est une façon pour elles d’échapper à cette oppression.

Evidemment, Karzaï ne réagit pas contre cela, il en est même responsable et cela avec l’aide des américains et avec la bénédiction de la communauté internationale. Aucun gouvernement ne dénonce la politique de Karzaï envers les femmes afghanes. Il est évident qu’il ne faut rien attendre d’eux mais n’oublions pas que les soit disant grandes démocraties, telles que la France et le Royaume-Uni, ont aidé les Etats-Unis pour attaquer l’Afghanistan et cela au nom de leur démocratie.

La condition des femmes et l’arbitraire du gouvernement provisoire nous prouvent que la démocratie n’est pas instaurée en Afghanistan et elle ne risque pas de s’installer avec la nouvelle constitution afghane. En effet, il s’est tenu récemment à Kaboul, la réunion de la Loya Jirga (Grande Assemblée) chargée d’adopter cette nouvelle constitution. On y retrouve 500 délégués des moudjahidins (ils luttaient contre la présence des soviétiques), des seigneurs de guerres et une minorité de femmes (une centaine environ).

Celles-ci revendiquent « l’inscription explicite dans la constitution de l’égalité totale des droits des femmes et des hommes ». Mais, avec une majorité de pro-islamistes, les Afghanes ne verront certainement pas leur émancipation politique. D’autant plus que ces pro-islamistes ont introduit dans la nouvelle constitution des références à la loi islamiste, la Charia, qui est une interprétation ultra réactionnaire du Coran datant du XI ème siècle. Rien d’étonnant que le président de la Loya Jirga soit un mollah : Sebghatullah Mojadeddi et que pour lui  » les femmes ne doivent pas essayer de se placer au même niveau que les hommes. Même Dieu ne vous a pas créées égales aux hommes « . Les femmes ne peuvent pas s’exprimer si  » leurs leaders pensent qu ‘elles valent la moitié d’eux « . Il est certain qu’une république islamiste émanera de cette nouvelle constitution. Les anciens moudjahidins et les seigneurs de guerre veulent que cette république soit faite de telle sorte que  » la charia et les valeurs démocratiques de défense des droits de l’Homme soient compatibles  » alors que la charia légitime entre autre l’infériorité des femmes !

De plus, la constitution appliquera une économie islamiste c’est à dire une économie de marché conditionnée par l’Islam. Cela signifie un retour au féodalisme avec des patrons seigneurs qui feront du profit sur le travail des paysans. Les paysans n’oseront pas se révolter de peur de ne pas respecter l’Islam. Karzaï et les Américains pourront alors appliquer facilement leur politique capitaliste. Et c’est selon dette logique que Karzaï a tout fait pour qu’un régime présidentiel fort émane de la nouvelle constitution. L’administration Bush va tout faire pour qu’il soit élu, en contrôlant les prochaines élections qui auront lieu en juin 2004. Avec un régime présidentiel fort, les partis d’opposition n’auront pas beaucoup d’espace et les Etats-Unis auront ainsi le contrôle définitif sur l’Afghanistan avec leur pion Karzaï au pouvoir. Cela ne ressemble certainement pas à la démocratie.

On retrouve aujourd’hui le même scénario en Irak. Avec le régime déchu de Saddam Hussein, l’administration Bush va nommer son pantin au pouvoir, pour contrôler l’Irak qui a, ne l’oublions pas, la deuxième production mondiale de pétrole.

L’impérialisme américain ne cesse de s’accroître et de menacer les peuples du tiers monde. A chaque fois que les impérialistes interviennent, les mouvements les plus réactionnaires tels que les intégristes arrivent au pouvoir, faisant reculer le pays de dizaines d’années. Les impérialistes savent que ces mouvements sont antidémocratiques, mais ils mettront en place une économie capitaliste, appauvrissant ainsi la classe ouvrière et les paysans pour leurs seuls profits.

Par Fatima