Présidentielle : 7,7 millions de raisons pour avancer vers un parti de lutte !

Même si ce n’était pas vraiment une surprise, se retrouver encore une fois avec un second tour Macron-Le Pen a déçu une grande partie de la jeunesse et des travailleurs.

Les résultats ont été bien plus serrés qu’il y a 5 ans. Macron a perdu 2 millions de voix, Le Pen en a gagné 2,6 millions. Mais surtout, les chiffres cumulés de l’abstention, des votes blancs et nuls (34,2 %) n’ont pas été aussi hauts depuis 1969 et dépassent largement le résultat du RN (27,3 %). Les 7,7 millions de voix pour Mélenchon au premier tour représentent un très bon score. Elles illustrent le potentiel d’un rassemblement autour de revendications en rupture avec les politiques au service des capitalistes.

Même si les votes anti-Le Pen ont permis la réélection de Macron, c’est avec très peu de soutien à son programme qu’il se lance dans ce nouveau mandat.

Par Rachel, article paru dans l’Egalité n°210

Des leçons pour la gauche

Il s’en est fallu de peu pour que Mélenchon passe au second tour. Il est arrivé en tête dans de nombreuses villes : Strasbourg (35,48 %), Nantes (33,11 %), Marseille (31,12 %), Grenoble (38,94 %), Montpellier (40,73 %)… et a même obtenu la majorité absolue en Guadeloupe (56,16 %), Martinique (53,10 %) et en Guyane (50,59 %) ! Il s’est fait l’écho des aspirations de la jeunesse (32 % des suffrages parmi les 18-34 ans) et d’une partie des travailleurs les plus précaires (34 % chez les personnes en recherche d’emploi).

En revanche, dans des villes industrielles moyennes (Abbeville, Boulogne, Dieppe, Montluçon…), Mélenchon a reculé. Or, ce sont la plupart du temps des endroits où les groupes d’action (GA) Insoumis ont disparu par rapport à 2017. Les 7 millions de voix de 2017 n’ont pas été utilisées pour avancer vers une plus grande structuration de la FI, avec l’objectif de développer et politiser les GA pour maintenir une activité militante. C’est une des raisons pour lesquelles il a manqué 400 000 voix pour battre Le Pen. On observe bien que là où il y a des groupes actifs, que la confiance a été gagnée par un travail d’implantation de terrain des militants insoumis, les résultats pour l’Union Populaire sont bien plus importants.

Si le PC, le NPA, LO avaient fait le choix de soutenir, sur leurs propres bases, la candidature de Mélenchon, il aurait été face à Macron et la teneur du second tour aurait été toute autre ! Ces partis ont fait le choix sectaire de porter leur propre candidat, uniquement pour faire apparaître leur organisation sans tenir compte des intérêts de la classe ouvrière. C’était une erreur politique car au vu de la période, de l’agressivité des attaques capitalistes, le fait de rassembler les organisations de gauche autour de Mélenchon et de faire de l’Union Populaire une force politique capable de défier Macron et l’extrême droite aurait irrémédiablement renforcé notre camp. Et l’alliance NUPES ne se serait certainement pas faite avec le PS…

Il nous faut un parti des travailleurs !

Les vagues de nouveaux venus dans les groupes d’action de l’Union Populaire montrent qu’une couche large de jeunes et de travailleurs cherche à s’organiser et à agir pour ne pas avoir à subir 5 ans d’attaques supplémentaires.

Pour transformer cet élan en une véritable force, il faut que l’Union Populaire se structure davantage, accorde plus de pouvoir politique aux groupes d’action et ouvre le débat à des couches larges sur la nécessité de construire un nouveau parti des travailleurs et de la jeunesse.

Pour défier Macron et les capitalistes, nous avons besoin d’un parti politique qui défende nos intérêts, où les militants-e-s discutent et décident ensemble, et qui permette d’imposer un débat public sur des revendications comme le contrôle des prix, la défense des services publics, la planification démocratique et écologique de l’économie par les travailleurs, la nécessité d’un remplacement du capitalisme par le socialisme…

Avec un tel parti de masse et de lutte des travailleurs et des jeunes, structuré localement, régionalement et nationalement, nous serions tellement plus forts face aux capitalistes et nous pourrions envisager une prise du pouvoir !