Les révolutionnaires et la guerre

La guerre n’est pas une fatalité. Elle est la conséquence directe du fonctionnement du système capitaliste et des politiques mises en place par les gouvernements au service de la bourgeoisie et du patronat. En d’autres termes « la guerre est la prolongation de la politique par d’autres moyens ». Mais toutes les guerres ne sont pas identiques et n’appellent pas une réponse identique.

Article paru dans l’Egalité n°90

Guerre impérialiste, guerre de libération nationale et guerre inter-impérialiste

Pour survivre le capitalisme à besoin de s’étendre sur toute la surface du globe et d’imposer sa loi. Cette nécessité fondamentale pousse les différentes bourgeoisies des pays dominants et leurs gouvernements à mener une politique d’expansion territoriale (la colonisation) ou économique et à soumettre les peuples.

La guerre de libération nationale est celle que les peuples colonisés ou dominés font pour se libérer du joug impérialiste (Algérie, Vietnam, etc.). Les guerres impérialistes sont celles que font subir les pays qui dominent le monde économiquement et politiquement aux pays dominés pour leur imposer leur politique et leur joug économique. Les exemples ne manquent pas. La guerre du Golfe en 1991 est l’exemple récent le plus clair. Les guerres pour le partage du monde éclatent lorsque les tensions entre les différentes puissances impérialistes et les contradictions du capitalisme sont trop fortes pour les résoudre autrement que par la guerre. Les deux guerres mondiales font parties de ce dernier type.

Il est évident que la situation réelle n’est pas forcément aussi catégorique et peut parfois mélanger les différents types de conflits : interimpérialiste, impérialiste et de libération nationale. La guerre au Kosovo en 1999, tout comme la 2nde ou la 1ere guerre mondiale sont des exemples de ce type de mélange. Les marxistes doivent néanmoins définir les lignes de forces déterminantes de la réalité complexe et agir en conséquence : la guerre de libération nationale des Serbes contre l’Empire austro-hongrois ne pesait pas bien lourd face à la guerre interimpérialiste (la 1ère guerre mondiale) qui dictait le cours des événements. Tout comme la lutte des Kosovars face à l’oppression du régime militaro-bureaucrate serbe de Milosevic ne déterminait pas la nature de la guerre que menait l’OTAN contre la Serbie. Dans un cas comme dans l’autre la guerre était causée par la politique bourgeoise. Le fonctionnement du capitalisme en était responsable.

Combattre nous-mêmes l’impérialisme

La classe ouvrière française ou américaine, la jeunesse et les opprimés dans le monde entier n’ont rien à attendre des guerres que déclenchent les gouvernements bourgeois. Elles ne servent que la bourgeoisie et le patronat. Au contraire, une défaite de l’impérialisme là-bas est aussi une victoire des travailleurs et des jeunes ici. On sait que la Guerre du Golfe ne se faisait pas pour libérer les Koweiti, les Irakiens et les Kurdes du joug réel que leur impose le régime de Saddam Hussein (les millions de morts de la guerre et de l’embargo dans la population civile alors que Saddam Hussein est encore en place suffisent à le comprendre), mais pour empêcher que le pétrole de la région ne tombe dans les mains d’un régime qu’il ne contrôlait plus, et imposer l’ordre impérialiste dans cette région. Il en est de même pour cette guerre : l’administration américaine, et les gouvernements occidentaux en général, n’interviennent pas pour combattre le terrorisme dont il est responsable. Mais encore une fois pour permettre le passage d’un gazoduc en Afghanistan devant rejoindre la mer d’Oman et imposer ici aussi leur loi.

Cela ne veut cependant en aucun cas dire que nous soutenons les régimes réactionnaires et criminels tels que celui de Saddam Hussein, des Talibans, ou de Milosévic en son temps. Mais nous ne pensons pas que ce sont les impérialistes qui doivent se soit-disant se débarrasser de leurs « créatures », car il ne le feront jamais. Nous n’avons pas plus confiance dans les organismes internationaux du capitalisme. Il ne fonctionnent que pour donner un vernis institutionnel à la domination des pays impérialiste. Encore une fois la Guerre du Golfe en a été une nouvelle fois la preuve. C’est l’ONU qui a décidé cette guerre et l’embargos qui est toujours en place. Non c’est aux peuples concernés de le faire. Un mouvement ouvrier puissant devrait aider ces peuples frères à faire cela. C’est pourquoi encore une fois, le manque de parti ouvrier qui défende jusqu’au bout les intérêts des travailleurs ici et de tous les peuples se fait cruellement sentir. Ce parti international des travailleurs et de tous les opprimés est à reconstruire. Car seule la classe ouvrière alliée aux opprimés de tous les pays est capable d’empêcher par son action les boucheries que nous impose la bourgeoisie.

Combattre nous-même la guerre

Il faut donc combattre cette guerre, comme toutes les guerres impérialistes. Seule la mobilisation des travailleurs et de la jeunesse peut l’empêcher. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour interdire à nos gouvernements bellicistes d’aller faire la guerre. Seule la grève générale dans les secteurs clefs (les transports, l’armement, l’énergie, etc.) nous permettra d’arriver à nos fins. Mais dans un premier temps, il faut réaliser des comités unitaires anti-guerre dans toute les villes, dans toute les facultés afin de préparer les mobilisations, comme celle de Washington le 28 septembre.

Par Yann Venier