Venezuela : entre révolution et contre-révolution ?

Depuis son arrivé au pouvoir, Hugo Chávez, président populiste de gauche, a subi de nombreuses campagnes de déstabilisation et plusieurs tentatives de putsch de la part des capitalistes locaux et des impérialistes américains. La situation au Venezuela est très importante puisque ce pays est le 5ème producteur mondial de pétrole. Aujourd’hui il est plus qu’important pour les Etats-Unis que le Venezuela ne reste pas aux mains de Chávez, car avec l’enlisement du conflit irakien, ils ne veulent pas perdre cette main mise sur l’Amérique Latine.

Article paru dans l’Egalité n°108

En avril 2002, le patronat vénézuélien, les syndicats corrompus et l’Eglise ont tenté un coup d’état avec l’approbation de G.W.Bush, qui voit d’un très mauvais œil ce chef d’état indépendant et anti-impérialiste. C’est grâce à la classe ouvrière que le putsch a échoué.

Quand Chávez est arrivé au pouvoir, 80 % de la population vivait au-dessous du seuil de pauvreté. Son gouvernement « bolivarien » a mis en place de nombreuses réformes pour améliorer la condition de la classe laborieuse. Celle-ci soutient Chávez, et ce malgré la propagande pro impérialiste que mènent sans répit les capitalistes locaux. Mais après le putsch de 2002, Chávez n’a pas cherché à organiser la classe ouvrière et a appelé à l’unité nationale. Il ne cherche pas à renverser le capitalisme, malgré ses offensives radicalement anti-impérialistes, qui lui ont fait perdre le soutien de Lula (qui lui ne cherche même pas à lutter contre l’impérialisme américain). Ceci montre bien l’impact qu’une révolution au Venezuela pourrait avoir sur toute l’Amérique Latine.

Dernièrement Chávez a connu une nouvelle tentative de putsch par 130 paramilitaires colombiens. Après ces événements, où il avait reçu encore une fois le soutien populaire, il avait fait des déclarations en faveur de la constitution d’une milice civile organisée par et pour les travailleurs. Mais aujourd’hui il accepte de se présenter devant un référendum révocatoire conformément à la requête de l’opposition de droite auprès du conseil national des élections. Nombreux sont les travailleurs qui ont été choqués par cette décision car il serait quand même ironique que la contre révolution soit facilitée par Chávez lui même, malgré les fraudes avérées et massives de ses opposants. Par exemple, plus de 50 000 signatures récoltées ont été non recevables car elles ne pouvaient exister car il s’agissait de personnes décédées. Des campagnes d’intimidation auprès des travailleurs ont été menées pour qu’ils signent, comme dans l’usine Coca-cola d’Antimano où une cinquantaine de travailleurs a déclaré avoir été menacée d’être viré si elle ne signait pas. Chávez préfère une fois encore reculer et utiliser les institutions bourgeoises plutôt que d’organiser ces milices civiles, d’ouvrir les cercles bolivariens comme instance d’organisation et de décision.

Pour faire avancer la révolution, la classe ouvrière doit renforcer ses propres organisations. Cela doit passer par l’élargissement des cercles bolivariens ou la création de comités de représentants élus parmi les travailleurs et les diverses communautés. Ces comités doivent s’organiser au niveau local, régional et national afin de former un nouveau gouvernement de travailleurs et de paysans De plus, il faudrait des comités de soldats du rang ayant pour but de virer les officiers qui soutiennent la contre révolution et mettre en place l’élection des officiers. Enfin il faudrait aussi mettre en place une milice civile pour défendre les acquis de la révolution.

La situation au Venezuela, est très importante car elle peut ouvrir la voie à toute l’Amérique latine qui est agitée par de nombreux mouvements sociaux. Une révolution au Venezuela, peut être le premier pas pour la construction d’une société socialiste et démocratique à travers tout le continent.

Par Faustine Ottin