Brèves internationales

Article paru dans l’Egalité n°108

Irlande du Sud : Le Fianna Fail sanctionné aux élections

Lors des élections municipales et européennes du 11 juin, le gouvernement de coalition du premier ministre Bertie Ahern, formé autour des nationalistes du Fianna Fail, a subi un important revers. Les électeurs ont sanctionné sa politique qui est passée très vite de promesses sociales à de vraies attaques contre le niveau de vie des travailleurs. Aux élections municipales, le Fianna Fail a ainsi perdu plus de 80 sièges. Alors que la participation a augmenté de 10% par rapport à 1999, les votes pour le Fianna Fail ont chuté de 10% pour tomber à 32%, leur plus mauvais score depuis 1927. Ce sont les nationalistes radicaux du Sinn Fein qui ont le plus progressé, alors que le Parti travailliste maintenait son score habituel d’un peu plus de 10%. C’est bien la politique du gouvernement qui a été sanctionnée, politique qui se caractérise, comme dans les autres pays européens, par la mise en place de mesures  » libérales « , comme l’instauration de la  » Bin Tax « , des privatisations, un référendum pour limiter les droits civiques des enfants de parents étrangers. Mais ni le Parti travailliste, ni le Sinn Fein ne représentent une alternative à cette politique. Le Socialist Party, lui, a montré qu’il était en capacité d’organiser l’opposition et la lutte des travailleurs, encore dernièrement au cours de la lutte contre la Bin Tax. Les résultats de nos camarades aux élections municipales en sont l’illustration, avec un score de près de 20% dans certains secteurs et plusieurs élus.

Irlande du Nord : Les travailleurs de Dessian toujours en grève

Dessian est une usine de fabrication de portes et fenêtres en PVC, dont les dirigeants sont particulièrement hargneux contre les salariés et leurs délégués syndicaux. Les travailleurs y sont en grève depuis le 19 mai, après le licenciement d’un délégué du personnel, accusé de  » refuser de remplir sa mission « , alors qu’on lui demandait d’assumer 3 postes de travail à la fois. La grève a été déclenchée par ce licenciement, mais la colère des ouvriers est plus profonde. Les salaires de cette usine sont très bas, alors que son patronat a fait 3 millions de livres de bénéfices l’année dernière. Les conditions de travail y sont détestables (coupes sur les budgets d’hygiène et de sécurité, caméras de surveillance contrôlant tous les déplacements, y compris vers les toilettes). Les menaces et intimidations sont constantes envers les travailleurs syndiqués. Face aux intimidations de la direction, les travailleurs tiennent bon après 5 semaines de grève. Ils exigent la réintégration de leur camarade, des salaires et des conditions de travail décents.

Vous pouvez envoyer messages de soutien et soutien financier (à l’ordre de  » Dessian Fund « ) à Stephen Magee, 31 Ava Crescent, Belfast BT7 3DU.

Les pompiers rompent avec le New Labour

Lors de leur congrès national, les pompiers du FBU (Fire Brigade Union) ont pris la décision historique de rompre avec le New Labour. Il faut savoir que dans les îles britanniques les syndicats contribuent au financement du Parti travailliste. Ces travailleurs ont considéré que les millions de livres que leur syndicat a versés au parti de Blair, n’ont servi qu’à les trahir par la politique libérale qu’il mène. Cette décision fait suite à d’autres, comme celle prise par les travailleurs du rail. Comme le dit le délégué Tony Maguire, membre du Socialist Party :  » il est temps qu’un nouveau parti de la classe ouvrière soit formé, qui soit réellement basé sur la solidarité et le socialisme « .

Ecosse : Fin de la grève des puéricultrices

Après 14 semaines de grève (la plus longue en Ecosse depuis celle des mineurs en 1984), les 4000 puéricultrices ont repris le travail après avoir obtenu satisfaction sur la plupart de leurs revendications. Dans un contexte de diminution du financement public des services publics, elles luttaient avant tout pour leurs salaires (qui tournaient autour de 10 000 livres par an – 15 000 €). Pour toute revalorisation, leur direction leur proposait d’instaurer un salaire au mérite, négocié localement. Au départ totalement inexpérimentées, les travailleuses ont su très vite organiser elles-mêmes leur lutte, réinvestissant l’outil syndical, dans une rapide prise de conscience politique. Elles sont passées de quelques journées de grève isolées en 2003 à une grève totale qui leur a permis de remporter ces acquis : salaire horaire passant de 9,10 livres à plus de 10, ou augmentation annuelle de 1000 livres selon les secteurs. Encore une fois, seule la lutte paie, et les puéricultrices, maintenant organisées et conscientes de leur force, sauront faire face aux attaques de leur patronat. Il faut maintenant que cette prise de conscience passe à une lutte pour changer la société.

Nigeria : Une nouvelle grève générale paralyse le pays

Pendant trois jours, du 9 au 11 juin, le Nigeria a une nouvelle fois été totalement paralysé par la quatrième grève générale en 4 ans. Exaspérée par une nouvelle hausse du prix de l’essence, une immense majorité des travailleurs nigérians a suivi le mot d’ordre des syndicats. Encore une fois, le syndicat NLC a « suspendu » la grève après un nouveau compromis avec le gouvernement ramenant le prix du carburant à son niveau précédent. Mais cet accord n’est pas respecté par les revendeurs. Nos camarades du DSM mettent en garde les travailleurs contre le discours apparemment radical des dirigeants du NLC, qui ne font en fait que ramener les travailleurs dans le rang, empêchant tout développement de leur lutte vers une remise en cause réelle du régime dictatorial d’Obasanjo.

Par Pascal Grimbert