Le dernier FSM se tenait à Mumbaï en Inde et non plus à Porto Allegre au Brésil (il y retourne néanmoins en janvier prochain). Plus que le simple changement de continent, c’est également un changement de réalités pour les « altermondialistes » d’Europe et d’ailleurs.
Article paru dans l’Egalité n°106
En effet, la réalité économique, politique et sociale en Inde n’est pas la même qu’à Porto Allegre. Deux orientations se sont affrontées lors du Forum. Alors que le FSM de Mumbaï a montré une farouche volonté d’indépendance et d’action de la part de milliers de jeunes et de travailleurs le mouvement « altermondialisation » se laisse gentiment subventionner (250 000 euros de la part du gouvernement Raffarin pour le FSE de Paris-Saint Denis), laisse parler les ministres ou anciens ministres (le FSM a été ouvert par VP Singh ancien premier ministre et ministre des finances de l’Inde qui a introduit les politiques néolibérales dans le pays !),voit les dirigeants syndicaux internationaux déverser leur discours ronflants d’où la moindre idée d’action est absente…. A tous ceux qui parlent d’amélioration des rapports Nord-Sud, beaucoup de jeunes et de travailleurs d’Inde et d’Asie du sud-est ont montré qu’ils n’attendaient ni charité ni paternalisme.
Au mieux quelques centaines de personnes pour les débats centraux alors qu’il y a eu 80 000 participants au FSM. Mais les intouchables, les ouvriers agricoles, les enfants-travailleurs,… avaient soif d’action pas de débats interminables sans décision ni orientation claire à la clef. Les orateurs officiels du FSM ont multiplié les déclarations anti-impérialistes, mais dans la réalité, tout comme le président Lula à Porto Allegre en 2003, ils continuent leurs politiques procapitalistes.
Une organisation véritablement internationaliste !
Pour parvenir à Mumbaï, il a fallu souvent des jours entiers, des mois d’économies pour de nombreuses personnes. Les militants du CIO d’Inde ou du Sri Lanka n’ont pas échappé à cela. Il a fallu une véritable campagne financière pour assurer leur venue à Mumbaï et une aide des autres sections de l’internationale. Au stand du CIO, ce sont des militants d’Autriche, d’Australie, de Russie, d’Irlande, de Suède, d’Inde, du Sri Lanka qui se sont retrouvés et ont travaillé ensemble. Littéralement, des centaines de personnes sont passées chaque jour pour discuter, et se procurer notre matériel. Plus de 40 000 tracts ont été distribués (en anglais, Hindi, Tamoul), et de très nombreux contacts ont été pris (New Delhi, Tamil Nadu, Indonésie…). Les nombreux débats que nous avons organisé (sur le Sri Lanka, le Cachemire qui est occupé par l’Inde et le Pakistan, l’Inde…) ont permis que des jeunes et des travailleurs nous rejoignent (Mumbaï, Tamil Nadu)
Pour la délégation du CIO, c’était une chance de faire collaborer ainsi des sections qui ont peu la possibilité de se rencontrer. La construction d’une véritable alternative socialiste en Asie du Sud-Est est une tâche clef dont le FSM a montré la profonde nécessité.
Par Alex Rouillard