Crise Indo-Pakistanaise

Alors que la guerre menée par les Etats-Unis en Afghanistan exacerbe les tensions interethniques et inter-religieuses au Pakistan et en Inde, c’est l’escalade armée entre les deux pays, particulièrement autour de l’enjeu du Cachemire, où le conflit a déjà fait 30 000 morts depuis 10 ans.

Article paru dans l’Egalité n°93

Le 13 décembre, un groupe armé a attaqué le parlement indien, faisant 13 victimes. Le gouvernement indien a aussitôt désigné le Pakistan et ses services secrets comme responsables de cette attaque. Les minorités musulmanes en Inde sont encore une fois montrées du doigt.

Le soutien des Etats-Unis au dictateur pakistanais Musharraf (aide financière, allègement de la dette) a encore envenimé la situation, alors que l’Inde et le Pakistan se disputent le soutien diplomatique des Etats-Unis dans le conflit du Cachemire. On se souvient que Musharraf était le principal soutien des talibans et use toujours du prétexte du Jihad pour mener la guerre au Cachemire.

Depuis, des échanges de coups de feu entre les armées indienne et pakistanaise ont eu lieu sur la frontière. La tension arrive à son paroxysme, mais ni les dirigeants des deux états, ni l’impérialisme US ne souhaitent réellement une guerre pour le moment. Mais aucun d’eux ne contrôle totalement la situation, à la merci des  » fondamentalistes  » des deux camps qu’ils soutiennent, et une nouvelle guerre entre ces deux états disposant de l’arme nucléaire est toujours possible. On mesure le danger que cela représente alors que ces pays rassemblent à eux deux plus d’un milliard d’habitants. A l’intérieur même de ces deux pays, c’est la guerre civile qui reste possible.

Cette situation a été pour le gouvernement indien l’occasion de renforcer son arsenal répressif. Une loi spéciale anti-terroriste a été votée (POTO : Prevention Of Terrorism Ordinance). Après le 11 septembre, des organisations islamistes avaient déjà été interdites. Avec le 13 décembre, ce sont maintenant des organisations d’extrême-gauche. Plus largement, c’est toute l’opposition de gauche qui est mise sous pression. Comme dans les états occidentaux, la guerre est aussi un moyen de propagande. Dans le même temps, la campagne de privatisations menée par le gouvernement indien s’intensifie. Après la vente de la première compagnie de production d’aluminium du pays, ce sont 13 des plus grandes entreprises du secteur public qui devraient être privatisées d’ici le mois d’avril. La loi d’exception sera vraisemblablement utilisée par le gouvernement pour réprimer toutes les luttes des travailleurs de ces entreprises.

Que ce soit face aux guerres ou à la politique menées par les gouvernements de ces pays, ce sont encore une fois les peuples et les travailleurs indiens et pakistanais qui paieront la note : rappelons que le PNB par habitant est en Inde de 440 dollars et au Pakistan de 470 dollars, alors que les budgets de la défense respectifs de ces deux états sont de 15 600 millions et 2 600 millions de dollars.

La tâche est énorme pour les travailleurs de ces pays qui seuls, par leurs luttes, peuvent s’opposer à la politique de leur gouvernement et de l’impérialisme dans leur pays. Il nous faut les soutenir en nous opposant à la guerre et à la politique que mènent les états occidentaux dans cette région.

Par Pascal Grimbert