Crise Israël-Palestine

Malgré les gesticulations des gouvernement américain pour tenter de désamorcer la situation en Israël, y compris la déclaration de Bush de soutien aux Palestiniens, les conditions requises pour le moindre apaisement n’étaient tout simplement pas réunies. De part et d’autre, les positions nationalistes renforcées, l’aggravation des difficultés socio-économiques et les désillusions quant au processus de paix ont laissé peu de place pour de nouveaux plans de paix et des négociations.

Article paru dans l’Egalité n°93

Le déclin continuel du niveau de vie des masses palestiniennes, la présence accrue de points de contrôle israéliens, la multiplication des colonies pendant le processus d’Oslo sont la cause des frustrations et de la colère des masses palestiniennes qui ont conduit à la deuxième Intifada. Après l’échec des accords d’Oslo la population palestinienne ne pouvait plus rien espérer des négociations entre la clique d’Arafat et le gouvernement réactionnaire Sharon, les Palestiniens se tournent vers « ceux qui font quelque chose », c’est à dire les groupes islamistes, le FPLP ou le Hamas. D’où le soutien passif aux attentats même lorsqu’ils sont dirigés vers des civils. Même en Israël, l’espoir de voir renaître des négociations de paix est quasi mort, malgré la peur d’une guerre à plus grande échelle. La solution de Sharon, on l’a vue le 29 novembre lors de l’assassinat d’un militant du Hamas, alors même que le général américain Zinni commençait juste sa visite.

Une défaite embarrassante pour la diplomatie américaine

Le gouvernement américain ne s’attendait certainement pas à une telle multiplication des attentats lors de la visite du Général Zinni, cela lié à leur « croisade » contre le terrorisme explique certainement le feu vert accordé à Sharon pour une réponse musclée. Cela ne veut pas dire que Bush laissera Sharon démanteler l’Autorité Palestinienne et renverser Arafat. Car, un tel acte causerait une explosion dans les masses arabes, et pas seulement en Palestine, ce qui compliquerait grandement la tâche des USA dans leur « guerre contre le terrorisme ».

La population israélienne entre colère et désespoir

Il y a le sentiment dans toute la population qu’une guerre plus importante se prépare. Ceux qui en ont les moyens pensent à quitter le pays, et beaucoup d’autres qui ne les ont pas avouent que seul le manque de moyens les retient. La situation sociale se dégrade à une vitesse phénoménale. Le tourisme a diminué de 70%, la construction de 50% et environ 155.000 emplois ont été supprimé en 2001. Le chômage touche dorénavant 10% de la population active. La Banque d’Israël prévoit que au cours de l’année 2002 10% des entreprises israéliennes auront fait faillite. Les prix baissent à cause de la baisse de la demande et dans le secteur public une grève contre les privatisations et sur les salaires a récemment obtenu quelques avancées malgréle rôle négatif des bureaucraties syndicales.

D’ores et déjà le ministre des finances a profité de la situation pour annoncer une baisse du taux de croissance prévu ainsi que des  » économies  » dans les services publics, tels que l’éducation, la santé, les retraites ou les allocations chômage. Une semaine après ces annonces des chiffres alarmant sur la pauvreté en Israël tombaient. 1,16 millions d’Israéliens, sur 6 millions en tout, vivent sous le seuil de pauvreté et les chiffres sont en nette augmentation. Poussés par les déclarations des politiciens et des médias sur l’insécurité beaucoup d’Israéliens pensent que la seule solution est une réponse armée plus forte.

Quelle place pour un programme socialiste ?

Notre programme n’offre aucune illusion : ne faire confiance ni à la classe dirigeante israélienne ni aux dirigeants Palestiniens, et de se battre pour que les jeunes et les travailleurs ne paient pas le prix de la guerre. Cependant il montre la seule voie viable pour sortir de la terreur et de la pauvreté. Nous ne faisons non plus aucune concession au nationalisme israélien, en appelant au retrait des troupes israéliennes de tous les territoires occupés en parallèle avec une lutte du peuple palestinien dirigé par les jeunes et les travailleurs pour se débarrasser de leur classe dirigeante corrompue et de l’oppression des capitalistes israéliens.

Les palestiniens doivent former des comités de lutte démocratiques ancrés dans les quartiers pour contrôler leur lutte à tous les niveaux pour une libération nationale et sociale.

Les deux luttes pourraient ainsi se rejoindre pour la création d’une fédération socialiste du Moyen Orient, en y incluant les états voisins qui souffrent de régimes semi féodaux. Une telle fédération serait seule à même de résoudre les problèmes sociaux ainsi qu’instaurer une paix durable dans la région dans l’intérêt des peuples qui y vivent.

Par Virginie Prégny
d’après la dernière déclaration de Maavak Socialisti, section israélienne du CIO