Le 14 janvier a commencé en Israël un mouvement de protestation contre les réformes du gouvernement ultra-réactionnaire, avec une journée de grève générale le 27 mars dernier. Le 1er ministre, Netanyahou, veut réformer la Cour suprême afin de donner au gouvernement un contrôle sur la Justice. Ceci lui permettrait, entre autres, après avoir été écarté suite à des accusations de corruption, d’échapper à la prison.
Ce mouvement social a vu les libéraux de Yaïr Lapid s’autoproclamer dirigeants alors qu’ils sont représentants des capitalistes. Ils veulent en fait garder un contrôle sur le gouvernement grâce à la Cour suprême et défendre leurs intérêts. Aujourd’hui, le mouvement se développe autour de revendications contre le gouvernement, mais sans réelles perspectives. Les revendications se cristallisent autour du rejet de la réforme de la Cour suprême et du nouveau gouvernement Netanyahou qui a vu une arrivée massive de l’extrême droite ultranationaliste à la Knesset (le parlement israélien).
Le gouvernement précédent du même Yaïr Lapid, dit « gouvernement du changement », avait continué la casse sociale, mené la même politique d’expansion des colonies, d’expropriation des Palestiniens, et lancé des bombes sur Gaza.
Grande instabilité
Pourtant, Netanyahou est dans une impasse. Son gouvernement est fragile et coincé, contraint d’osciller entre la défense directe des intérêts des capitalistes, qui verraient leur stabilité menacée si un conflit ouvert éclatait dans la région, et la conciliation avec l’extrême droite ultranationaliste de sa coalition, qui menace de « prendre le pouvoir par la force » s’il recule sur les contre-réformes.
Aucune perspective n’est aujourd’hui proposée pour les travailleurs d’Israël comme de Palestine : aucune force politique n’est capable de créer l’unité et de proposer un programme qui les défend réellement. En Israël, le secrétaire général d’Histadrout, le principal syndicat, n’exige qu’un simple gel des réformes et le Parti travailliste israélien s’est effondré par le rejet de ses politiques de casse sociale menées lors des trente années qu’il a passées au pouvoir.
L’escalade du conflit national
L’attaque brutale par la police israélienne dans la mosquée d’al-Aqsa début avril, 13 semaines après le début de la mobilisation et en plein ramadan, témoigne de l’incapacité du gouvernement Netanyahou à trouver une solution au conflit social actuel. Le but est clair : alimenter la haine des Palestiniens contre les Israéliens, pour pousser les forces armées du Hamas à lancer des offensives aux frontières et prétexter le « besoin d’une unité des Israéliens contre les terroristes palestiniens ».
La classe dirigeante capitaliste n’a pas de solution au conflit national, ni d’alternative à la répression brutale des Palestiniens. Le gouvernement Netanyahou ne peut pas être vaincu par des missiles du Hamas tirés sur les communautés ouvrières, ce qui ne pourrait que renforcer le soutien à Netanyahou. Par contre, une nouvelle révolte de masse pourrait voir le jour dans les territoires palestiniens.
Quelles perspectives ?
La journée de grève générale du 27 mars 2023 ainsi que les manifestations de masse qui ont amené des centaines de milliers de personnes dans les rues, ont montré le potentiel de la classe ouvrière. Il devrait maintenant y avoir un appel à une nouvelle escalade des grèves accompagnée d’une mobilisation de masse.
Et surtout, les militants et les organisations impliquées dans le mouvement devraient former un parti ouvrier de masse indépendant et, à travers eux, prendre le contrôle de leur propre mouvement et lancer un défi décisif au gouvernement. Ils doivent s’associer aux Palestiniens qui protestent et affrontent les forces répressives de l’État, dans les villes palestiniennes d’Israël, ainsi que dans les territoires. La classe ouvrière, unie, a le pouvoir de vaincre le gouvernement ultra-nationaliste de Netanyahou et de Ben-Gvir, et de sortir le Moyen-Orient du carnage du conflit régional.
Par Skáld, article paru dans l’Égalité n° 216