Élections en Turquie : le besoin d’une voix pour les travailleurs

Le 14 mai, 60 millions de Turcs sont appelés à voter pour l’élection présidentielle et celle des 600 députés. Pour la première fois depuis 2003, Erdogan semble fragilisé. L’élection va se jouer entre l’actuel président Erdogan fondateur de l’AKP, à la tête de l’Alliance de la République avec notamment les Loups Gris (MHP) et son principal opposant Kemal Kilicdaroglu. Kurde alévi, issu d’une famille de paysans pauvres, il est président du parti kémaliste le CHP, à la tête d’Alliance de la Nation, dite « Table des six » regroupant des sociaux-démocrates, des nationalistes et des islamistes.

Les conséquences catastrophiques du séisme au sud de la Turquie en février ont démontré l’incapacité du régime capitaliste et autoritaire d’Erdogan à gérer. La situation économique faite de crises monétaires, d’inflation qui bat des records, d’un taux de chômage des jeunes de 20% et d’une précarité grandissante fragilise son pouvoir. Kilicdaroglu a du soutien dans la population. Il incarne l’opportunité d’amener un peu de « paix » dans une Turquie polarisée et sous pression. Mais sa candidature n’est pas une rupture nette avec la politique totalitaire, capitaliste et anti-sociale d’Erdogan.

Le HDP (parti pro-kurde), crédité de 10 à 14 % des intentions de vote, a représenté cela. Mais pour se protéger des menaces d’interdiction, il avait annoncé se présenter aux élections législatives derrière le nom du YESIL SOL PARTI (Parti de la gauche verte). Finalement, le HDP fait le choix de ne pas présenter de candidats et appelle à voter pour Kemal Kilicdaroglu sans intégrer l’alliance électorale car les divergences politiques sont très fortes.

La Gauche révolutionnaire, section française du Comité pour une Internationale Ouvrière, apporte régulièrement son soutien au HDP, comme brèche créée pour unifier les travailleurs et peuples de Turquie autour d’un parti et d’un programme combatif. Sa position tactique de se placer sous la bannière du YSP aux législatives pour éviter l’interdiction est compréhensible tant la répression est forte. Mais l’absence de candidats HDP à la présidentielle, même sous la bannière YSP, signifie que les travailleurs et les peuples de Turquie n’auront pas de voix indépendante et pas de candidat combatif de gauche face à Erdogan et aux partis pro-capitalistes.

Pourtant, la brèche ouverte pour construire un parti, celui des travailleurs des peuples de Turquie et pour lutter contre Erdogan, n’est pas refermée. Il existe à la fois l’espace et la nécessité d’un programme unifiant pour une hausse des salaires, le blocage des prix face à l’inflation, le développement des services publics et la nationalisation des principaux secteurs de l’économie et la défense des droits des peuples opprimés.

Par Nazim, article paru dans l’Égalité n° 216