Séisme au Pakistan : le capitalisme amplifie l’horreur

Des familles entières, des villages et des villes ont été rayés de la carte par le tremblement de terre du 8 octobre dernier, dont l’épicentre se trouvait au Cachemire. Plus de 50 000 morts ont déjà été recensés et le décompte funèbre ne va pas s’arrêter là. Quatre millions de personnes ont été touchées par le séisme.

Le capitalisme responsable de l’augmentation du nombre de victimes

Après le séisme, le nombre de victimes n’a cessé de croître. Cela est du aux terribles conditions de vie de la population sur place, touchée par la faim, le froid et à l’impossibilité de soigner les blessés rapidement.

La politique menée par le Général Musharraf depuis plusieurs années est à l’origine de cette situation.

Après la catastrophe, les services d’urgence ont été quasi inexistants. Les gouvernements successifs au Pakistan ont multiplié les coupes budgétaires notamment pour les pompiers et les secours. L’an dernier Musharraf a dépensé 45% du budget pour l’armée et seulement 1.3% pour la santé. Le choix du gouvernement est donc de dépenser plus pour les armes que pour la santé et l’éducation. En effet, de nombreux établissements scolaires étaient depuis longtemps laissés à l’abandon. Dans la ville de Bagh, au Cachemire, 1400 lycéens ont péri lors de l’effondrement de leur lycée et 1000 travailleurs d’une entreprise d’installation électrique sont morts lors de l’écroulement du bâtiment où ils travaillaient.

Dans les heures qui ont suivi le séisme, les travailleurs et les jeunes ont essayé de s’organiser pour envoyer de la nourriture et des vêtements aux victimes des régions les plus touchées. Mais aucune aide véritable n’a été mise en place par le gouvernement. Musharraf a même été obligé d’admettre lors d’une intervention, le 12 octobre, que l’armée et l’administration avaient perdu 72 heures cruciales pour répondre au désastre. Bien évidemment, aucune réserve financière n’avait été prévue pour faire face à une telle situation.

Le manque d’aide internationale

Les pays occidentaux ont donné de bien maigres aides. Par exemple, les gouvernements américain et britannique ont versé respectivement 50 millions de dollars et 1.4 million de livres d’aides. Et ensuite, Bush a versé 66 milliards de dollars pour les opérations militaires en Afghanistan, alors que le séisme avait aussi touché la région. Répondant à une demande du gouvernement pakistanais, l’administration américaine a envoyé huit misérables hélicoptères pour les régions sinistrées. Mais ils ont bien plus d’hélicoptères impliqués dans leur dispositif militaire contre les Talibans à la frontière en Afghanistan.

Depuis de nombreuses années, l’Etat pakistanais est en guerre contre l’Inde, chacune des deux nations revendiquant l’ensemble des territoires du Cachemire. Faisant passer les conflits entre impérialistes avant la possibilité de sauver des vies humaines, le gouvernement Musharraf a refusé l’aide de l’Inde.

Les élections ont lieu l’année prochaine au Cachemire et en 2007 au Pakistan. Donc le pouvoir de tous les grands partis politiques et leur prestige sont en jeu. Les dirigeants veulent obtenir le maximum de soutien électoral pour leurs efforts dans la mise en place des secours.

Certains groupes islamistes réactionnaires (Jamat-e-Islami) sont impliqués dans ces manœuvres au Cachemire et au nord ouest du Pakistan. Ils ont déjà fait des réserves énormes sur les aides afin de les utiliser dans les mois à venir et d’obtenir un soutien électoral. Les dirigeants du Pakistan People’s Party au Cachemire ont aussi utilisé l’aide envoyée par la classe ouvrière du Pakistan pour obtenir des votes. Ils ont fait des réserves qui seront utilisées plus tard afin de relancer leur popularité politique.

Toujours plus de profit sur le dos des victimes

Alors que le nombre de victimes augmente de jour en jour au Cachemire et au nord ouest du Pakistan, la course au profit des capitalistes régit le travail et l’organisation des secours. Nos camarades du Socialist Movement et du TURC (Trade Union Rights Campaign) condamnent fortement cette attitude et ces pratiques cruelles et inhumaines. Le secteur privé a commencé à faire d’importants profits. Le gouvernement Musharraf a montré son incapacité et son incompétence à organiser les opérations de secours. Les compagnies de transports ont augmenté de 100% les prix des locations de camions utilisés pour acheminer l’aide dans les régions les plus dévastées. Les prix des tentes et des couvertures ont triplé en deux jours. Ceux des denrées alimentaires ont doublé. Ceci nous montre la réelle nature du capitalisme. Alors que des millions de victimes souffrent chaque jour de la situation, les patrons utilisent cette misère pour augmenter leurs bénéfices.

Les militants socialistes s’opposent au système capitaliste parce que celui-ci est basé sur la loi du profit et non sur les besoins des masses. La situation exige clairement un changement de système. Seul un système socialiste, basé sur les besoins de tous, fonctionnera dans l’intérêt des travailleurs et des jeunes.

Par Lise de Luca, article paru dans l’Egalité n°116