La fin de l’université pour tous ?

Les mois de Novembre et Décembre 2003 auront été marqués par les attaques de Ferry contre l’université. Cette soi-disant réforme vise à privatiser, à plus ou moins long terme, les services les plus rentables de la fac, ce qui entraînera l’augmentation des frais d’inscription, mais aussi des restaurants et des logements universitaires, sans oublier une baisse probable des bourses.

Article paru dans l’Egalité n°106

Ces attaques font partie de l’harmonisation européenne qui vise à rendre les universités responsables de la gestion de leurs locaux, du contenu des diplômes (qui pourraient être différents d’une fac à l’autre) tout cela se faisant sous la direction d’un conseil d’orientation constitué à majorité de patrons et d’hommes politiques locaux. Ce qui se cache derrière tout ça c’est la volonté de rentabiliser un service public (encore accessible à tous) pour se faire un maximum de profit. La vision de l’éducation de Ferry et compagnie avait déjà bien été résumée par un rapport d’une commission de l’Union Européenne :  » une université ouverte est une entreprise industrielle. Cette entreprise doit vendre ses produits sur le marché de l’enseignement que régit la loi de l’offre et de la demande.  » C’est clair, non ?

Ferry nous assure qu’il n’y a aucun danger pour les frais d’inscription ou les aides sociales, mais en Allemagne ou en Grande Bretagne les attaques sont déjà bien avancées et nous montrent ce qui nous attend si on ne réagit pas.

Blair signe l’arrêt de mort de l’université pour tous…

En Grande-Bretagne, Tony Blair et son gouvernement veulent mettre en place un nouveau système de frais d’inscription universitaires appelé « top-up fees ». Avec cette loi, les frais d’inscription ne seront plus payés une fois pour toutes au début de chaque année, mais globalement à la fin de la scolarité et seront prélevés sur le salaire que gagneront les étudiants (s’ils trouvent un emploi) à hauteur de 9% du salaire (ce qui représente plus que l’impôt sur la fortune en Grande Bretagne !) Ceci s’accompagne d’une augmentation importante des frais d’inscriptions qui passent de £1125 maximum par an (environ 1700€) à £3000 (environ 4500 €) alors que le montant maximum des aides ne pourra pas dépasser £3000, donc juste assez pour couvrir les frais d’inscription. Encore plus d’étudiants seront obligés d’avoir un petit boulot ou de contracter un prêt bancaire pour couvrir les dépenses liées au logement, au transport, à la nourriture…Avec en plus la privatisation des services de logement et de restauration universitaire, le coût de ces services est exorbitant pour un l’étudiant moyen. La poursuite d’études devient de luxe.

…mais la lutte s’organise !

Cela fait des années que les étudiants britanniques se battent contre les attaques de Blair sur l’enseignement supérieur. Arrivé au pouvoir, le Labour Party avait supprimé les bourses sur critères sociaux, obligeant des centaines de milliers d’étudiants à s’endetter avant même d’entrer dans la vie active. C’est grâce à des années de lutte acharnée qu’elles ont été réintroduites, bien qu’elles soient plus limitées qu’avant.

Dans ces luttes comme dans celles d’aujourd’hui, les militants du Socialist Party (organisation sœur de la Gauche révolutionnaire en Grande Bretagne) sont très investis. Ils continuent de mettre en avant la nécessité que les étudiants organisent eux-mêmes la lutte (piquets de grève, élaboration des tracts, pétitions, assemblées générales…) Mais ils donnent aussi une explication approfondie des raisons de telles attaques. Car, ces attaques démontrent la nature même du système capitaliste. Le gouvernement Blair, comme d’autres gouvernements en Europe, préfère une éducation aux mains des entreprises privées qui garantissent donc la domination d’une élite, plutôt qu’une éducation ouverte à tous.

Un nouveau pas a été franchi dans la lutte, puisque le syndicat des professeurs d’université (AUT) a rejoint l’appel à la mobilisation et à la grève du syndicat étudiant (NUS).

Cet exemple doit nous inspirer en France pour organiser la riposte dans les universités et dans l’éducation nationale dans son ensemble. Car la politique du gouvernement Raffarin nous mène droit vers ce que vivent nos voisins d’outre Manche et d’outre Rhin. Une journée de grève de l’Education Nationale a été décidée par tous les syndicats pour le 12 Mars. Cette journée doit être un premier pas vers une reprise des actions contre la politique du gouvernement en matière d’éducation tous ensemble : personnels ATOS, enseignants, lycéens et étudiants, parents d’élèves et élèves.

Par Virginie et Fatou