Après Florence et Paris ce fut le tour de Londres d’avoir son Forum Social Européen. Il s’est tenu du 14 au 17 octobre et l’on peut dire, de manière générale, que ce fut un peu décevant.
Article paru dans l’Egalité n°110
Tout d’abord, le FSE n’avait pas pour objectif d’être un lieu de décision ou de vote. Les débats avaient pour but d’obtenir un consensus et dans le cas où celui-ci ne pouvait être obtenu, ce qui est arrivé, le président de séance devait s’en remettre aux décisions prises avant le FSE, par un petit groupe composé par des représentants de l’assemblée du grand Londres (GLA) du maire Ken Livingstone du New Labour et du Socialist Worker Party (SWP). La présence de centaines d’organisations militantes et de milliers de visiteurs ne changeait donc rien. Avec cette obligation de fonctionnement, on peut dire que ce 3ème forum n’avait rien de très démocratique. Les organisations politiques ont été quasiment exclues dans la tenue des débats officiels, elles ne pouvaient apparaître que sous la forme d’association ou de représentant de campagnes. On ne savait pas réellement qui organisait les débats.
Donc malgré des centaines de personnes qui avaient fait le voyage, il ne ressort vraiment rien de ce FSE. On peut ajouter de plus le coût prohibitif du « pass » qui s’élevait à 30£ (45euros), empêchant les gens à faible revenu de venir et de participer aux débats, un peu comme à Paris. La faible mobilisation et le peu de publicité faite par les médias britanniques a attiré peu de personnes non organisées. La plupart des débats n’étaient pas traduits ou de façon très partielle.
Le Socialist Party, notre organisation sœur en Angleterre, est apparu avec notre campagne « Résistance Internationale ». Nous avons été les seuls à parler du socialisme dans l’ensemble du forum et ce, malgré la multitude d’organisations politiques. Ce FSE s’est terminé par une manifestation de plus de 20.000 personnes contre l’occupation en Irak et la politique de Blair et nous sommes intervenus au sein d’un cortège de Résistance Internationale.
Nous avons, en dehors du forum, tenu un meeting du Socialist Party avec la participation de Peter Taaffe et de notre député irlandais Joe Higgins. Cet événement a réuni plus de 200 personnes avec les interventions de camarades du Comité pour une internationale ouvrière : belges, allemands, russes, suédois, irlandais, autrichiens et italiens. Cela nous a permis de parler des différentes attaques libérales qui frappent mondialement la classe ouvrière et d’affirmer, face à cette offensive patronale majeure, que le socialisme reste la seule alternative. Le but des capitalistes est de revenir sur les principaux acquis de la classe ouvrière. Il est nécessaire de se battre pour les conserver car ils ne sont jamais gagnés définitivement.
Face aux attaques majeures des capitalistes, des participants au forum venaient sûrement chercher des perspectives politiques, mais peu de débats sur la précarité, la flexibilité, les licenciements, les délocalisations avaient été programmés par la direction du FSE. L’appel de l’A.g. des mouvements sociaux à une date de mobilisation, le 19 mars à Bruxelles, contre la guerre et le racisme, contre l’Europe libérale, est insuffisant ; il n’offre qu’une date dans la rue et aucune réelle perspective pour lutter concrètement contre le capitalisme.
Par Arnaud Benoist et Gigliola Passalacqua