Le gouvernement social-démocrate du SLD (formé par les anciens apparatchiks staliniens) effectue des coupes claires dans le budget social : une réforme des retraites est prévue pour 2005 (après les élections générales) visant à faire l’économie de 6,2 milliard d’euros sur les pensions, par l’allongement de la durée de travail (65 ans pour les femmes), l’exclusion d’un nombre croissant de personnes de la pension minimum ou des pensions d’invalidité.
Article paru dans l’Egalité n°110
Le taux de chômage est actuellement de 19% (il a atteint 21%), et le marché du travail ne peut pas absorber les 500.000 jeunes qui entrent dans la vie active chaque année. Le secteur des mines, qui est le deuxième plus gros en Europe, a perdu 300.000 emplois sur les 450.000 qui existaient au début des années 1990. L’industrie de l’acier subit une vague de privatisation, entraînant la fermeture d’entreprises. Cette situation pourrait encore s’aggraver lorsque la demande en charbon ou d’acier et leurs cours diminueront.
Le secteur agricole est aussi touché. Mise à part les quelques compagnies agricoles qui produisent pour le marché extérieur, les 2,7 millions de paysans polonais, exploitant de petites fermes, reçoivent le quart des subsides européennes qui sont donnés à un paysan français.
Le salaire moyen des Polonais est de 500 euros par mois. Ce coût du travail très bas ne les protège pourtant pas face à la concurrence de travailleurs des pays comme l’Ukraine ou la Slovaquie où les salaires sont encore plus faibles.
Une crise politique
La cote de confiance du gouvernement est au plus bas. Et un sondage montre que seul 10% de la population polonaise pense que l’entrée dans l’UE apportera ce qui avait été promis par les politiciens, comme la possibilité pour les travailleurs polonais d’aller travailler dans les autres pays de l’UE. Il est probable que la coalition sociale-démocrate menée par le SLD perde les prochaines élections. Déjà le premier ministre Miller avait dû démissionné après l’entrée de la Pologne dan l’UE. Les classes dirigeantes d’Europe et de Pologne espèrent que la chute du SLD permettra à la Plateforme Civique (PO – coalition bourgeoise de droite) de reprendre les rênes du pays. Mais les années de politiques libérales menées autant par les partis de droite que sociaux-démocrates et les scandales multiples ont miné la confiance des Polonais dans l’establishment politique. PO ne recueille actuellement que 26% dans les sondages. Il est plutôt probable que la Pologne revive la période d’instabilité qu’elle a connu au début des années 1990 durant laquelle des gouvernements minoritaires se sont succédés.
Quelles perspectives ?
C’est dans ce contexte que les luttes ouvrières connaissent une nouvelle remontée ; à l’automne 2003, par exemple, les mineurs de Silésie ont mené une lutte exemplaire face à la décision du gouvernement de supprimer 14.000 emplois, dans une région où le taux de chômage atteint 36%. Pour la première fois depuis la restauration capitaliste, des mots d’ordre de renationalisation furent mis en avant.
Les prochains gouvernements auront à faire face à une situation économique désastreuse, et appliqueront les mêmes vieilles recettes capitalistes qui accroîtront inévitablement la misère et le mécontentement d’une classe ouvrière aux longues traditions de lutte. Le CIO a une section, Grupa na rzecz Partii Robotniczej, (GPR – Groupe pour une parti ouvrier) en Pologne implanté dans les villes de Varsovie, Katowice et Krakau. Nos camarades sont impliqués dans les différentes luttes ouvrières, comme récemment dans la lutte des traminots de Varsovie.
Le GPR possède son propre journal (Jednosci Pracowniczej) et un site web : http://www.gpr.webpark.pl. Trois de nos camarades sont membres du comité de rédaction du journal (Walka Trwa) de l’OKP : une coalition syndicale formé par des militants syndicaux dont le but est de coordonner les grèves et d’assister les travailleurs en lutte.
Aujourd’hui, le GPR avec d’autres militants sont en train de construire un mouvement de Conférences ouvrières à travers toute la Pologne. Les 6 et 7 novembre prochains, la troisième conférence aura lieu à Lodz sur le thème de « Dans la situation actuelle, la grève est-elle une forme de lutte efficace pour les intérêts de travailleurs? ». Ces conférences peuvent jouer un rôle dans la reconstruction du mouvement ouvrier en Pologne et donner une perspective à tous ceux qui cherche une alternative au manque de partis qui défendent réellement les travailleurs: un parti révolutionnaire se battant pour le socialisme.
Par Yann Venier