Un eveil ouvrier important en turquie

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A Bursa, piquet de grève des ouvriers de la firme américaine Cargill, licenciés du fait de leur activité syndicale et toujours pas réintégrés malgré la décision du tribunal. Dans leur communiqué de presse au 500ème jour de leur résistance, les travailleurs de Cargill ont déclaré : « Ce n’est pas seulement la lutte de 14 travailleurs de Cargill, c’est la lutte de millions d’ouvriers dont on joue avec le pain et le travail »

Avec ses 82 millions d’habitants et 3 millions de réfugiés syriens qui sont majoritairement des travailleurs, la Turquie constitue une force ouvrière considérable. Il s’agit d’une classe de travailleurs jeune, active et cosmopolite (Turcs/Kurdes/Syriens/etc.) partageant tous les mêmes intérêts. Malgré la répression constante du gouvernement d’Erdoğan, les luttes ouvrières s’amplifient surtout depuis ces derniers jours. La crise économique a touché tous les foyers, jusqu’à la classe moyenne turque.

Or, les médias bourgeois ne médiatisent pas ces luttes, pour plusieurs d’entre elles, la résistance repose sur des centaines de jours, beaucoup militent seuls, tiennent des piquets de grève seuls. Cette couche d’ouvriers résistants est également consciente que le CHP (centre-gauche opposé à l’AKP), bien que promettant des mesures sociales, n’a rien à donner aux travailleurs, ne tient pas compte de cette couche et reste un parti bourgeois, pro-capitaliste.

Article publié dans l’Egalité 197

L’intensité de ces luttes a été démontrée,dans un rapport réalisé par « Emek Calismalari Toplulugu » (la communautéd’études ouvrières) rassemblant  des académiciens, chercheurs et professionnels de syndicats depuis 2014. Ce rapport souligne que l’année 2018 a connu 83 000 ouvriers ayant participé à 642 luttes. Les lieux de travail syndiqués ont connu 273 luttes, et au front de ces luttes, on retrouve les ouvriers de la métallurgie. Les luttes sont donc menées à 48 % par les ouvriers syndiqués, mais ce chiffre démontre que même dans les entreprises moins syndiquées, une conscience ouvrière s’est développée.

De plus en plus, les luttes sont menées contre les licenciements massifs. Parmi ces luttes, on compte au 5 septembre 505 jours de lutte pour les ouvriers de Cargill,(alimentation) licenciés pour activité syndicale ; 103 jours de lutte pour les travailleurs de Saica- Pack (emballage) ; 425 jours pour les chauffeurs de bus « Sari Otobüs » ; 42 jours pour les travailleurs de la verrerie de Düzce ; Real Market ; Uzel Makina ; les 125 000 travailleurs du public destitués de leur fonction par décret (KHK) d’Erdoğan ; ou encore la lutte seule de Mahir Kiliç et des dizaines d’autres comme lui pour regagner leur travail. Ces luttes peuvent créer une étincelle révolutionnaire notamment autour de  la lutte de Cargill. La visibilité de ces luttes tient à des éléments d’accompagnements, comme par exemple le député HDP Musa Piroglu qui a soutenu et visité ces luttes.

Il faut souligner qu’Erdoğan mène cette politique parce qu’il sert les intérêts des capitalistes, et pour en finir avec son régime, il faut lutter contre le système dans son ensemble, il faut lutter pour le socialisme et c’est de cela que le HDP doit discuter. Le HDP devrait accompagner les syndicats et les forces d’extrême gauche turques afin d’aboutir au moins à une manifestation de solidarité avec les travailleurs contreles actions du patronat et la politique d’Erdoğan.

La répression continue contre le HDP

Le 20 août dernier, Erdoğan a suspendu trois maires HDP (parti des peuples) des grandes municipalités kurdes : Van, Diyarbakır et Mardin. Par ailleurs, des centaines de
manifestants ont été arrêtés. Depuis la crise en Syrie et les élections d’Istanbul, le président dictateur qui oscille sur son trône intensifie la répression envers le HDP et ses militants.

Par ailleurs, une propagande anti- HDP est en cours actuellement, puisque,dans les régions kurdes, l’AKP n’hésite pas à payer des familles kurdes pour,qu’ils fassent une propagande anti-HDP via le mot d’ordre « pendant que le HDP,envoie nos enfants à la montagne, ses députés siègent au Parlement ».

Cette répression est due au fait que le HDP est actuellement le seul parti d’opposition assez fort avec des dirigeants emprisonnés depuis plusieurs années, mais qui même enfermés continuent de lutter et d’être l’espoir du peuple.
Vive le socialisme ! Vive la liberté des peuples !

Par Nazim