L’Irak après le 30 juin : Nouveau gouvernement, même occupation

Avant le  » transfert de souveraineté  » au gouvernement provisoire sous le Premier ministre Iyad Allaoui le 30 juin, l’impérialisme américain faisait face à une résistance de plus en plus massive. Suite aux attaques américaines contre la ville de Fallouja, bastion des milices sunnites, qui ont coûté la vie de plus de 1000 civils et contre les milices chiites d’al-Sadr dans le sud du pays, la résistance auparavant organisée par des forces sunnites s’est élargie.

Article paru dans l’Egalité n°108

La brutalité des attaques contre Fallouja a crée une solidarité entre sunnites et chiites et des milliers de chiites ont rejoint la lutte contre l’occupation. L’armée du Mehdi du dirigeant radical chiite al-Sadr est aujourd’hui  » probablement la plus grande armée de l’Irak « (The Guardian). Les révélations des pratiques de torture dans la prison Abou Ghraib à Bagdad en mai ont encore renforcé la colère contre l’impérialisme américain. Celui-ci veut s’appuyer sur le gouvernement provisoire pour maintenir l’occupation et l’exploitation des ressources pétrolières. Mais ce gouvernement provisoire n’a aucune base sociale et il est presque tous les jours cible des attentats. Quelques jours avant le 30 juin ces attaques contre les forces de sécurité et les institutions du gouvernement intérimaire se sont multipliées. Rien qu’au 24 juin des attentats dans cinq grandes villes ont fait près de 100 morts et plus de 300 blessés.

Un gouvernement souverain ?

A aucun moment l’impérialisme américain n’avait l’intention de donner des droits démocratiques aux Irakiens. Dès le début l’objectif était la création d’un régime de marionnettes qui permettent aux multinationales américaines l’exploitation totale du pays et qui accepte l’occupation durable de l’armée américaine. La récente résolution de l’ONU de mi-juin souligne et légitime cet objectif : l’armée américaine sous le nouveau nom  » forces multinationales  » peut continuer à opérer comme avant sans consulter le gouvernement provisoire. Colin Powell, ministre des affaires étrangères « attend que le ministre de la défense irakien et ses généraux soumettent leurs troupes à la direction du commandant des forces multinationales, qui sera Américain » (The Independent). Il a clairement déclaré que le gouvernement provisoire a pour but de cacher qu’il s’agit encore de l’occupation. Il est évident que le nouveau pouvoir irakien d’Iyad Allaoui n’est qu’un semblant de pouvoir, entièrement dépendant des troupes et des autorités américaines. Les USA vont installer en Irak la plus grande ambassade du monde avec 2000 employés qui va dicter la politique du gouvernement provisoire. Le nouveau gouvernement peut contrôler quelques fonds monétaire, mais avec une « supervision internationale », c’est à dire que les USA ont le droit de veto.

Pour un gouvernement ouvrier

La plupart des Irakiens n’ont aucune illusion dans le nouveau gouvernement. Ils pensent tout juste qu’il s’agit de la même occupation avec une nouvelle face et que les membres actuels du gouvernement sont des agents de l’impérialisme américain. Le fait que le gouvernement sera incapable de stabiliser la situation, d’améliorer les conditions de vie qui empirent chaque jour ne va pas mener à plus de soutien parmi la population. La tentative du gouvernement de reconstruire une armée irakienne en intégrant principalement des milices kurdes et quelques milices chiites modérées est aussi une source de conflit, car une telle armée ne représentera guère les chiites qui constituent 2/3 de la population. La méthode de diviser les différents groupes va être utilisée par le gouvernement pour éviter un mouvement fort et unifié contre l’occupation et la misère sociale. Même si une certaine unité entre chiites et sunnites dans le combat contre l’occupation existe aujourd’hui, le danger d’une partition du pays à la suite des affrontements entre des milices sunnites, chiites et kurdes reste d’actualité. C’est d’autant plus important que la classe ouvrière et les paysans pauvres commencent à s’organiser, à créer leur propre parti indépendant. Seulement une parti des travailleurs qui inclue les couches les plus pauvres de tous les ethnies et religions peut réellement mettre fin à l’occupation, à l’exploitation et à la misère. Sur la base d’un programme socialiste un gouvernement ouvrier pourrait utiliser toutes les richesses du pays pour reconstruire l’infrastructure, pour améliorer rapidement les conditions de vie.

Par Olaf van Aken