Planification socialiste et écologie

L’humanité n’a jamais autant modifié et détruit son environnement qu’au cours des 200 dernières années qui ont vu naître et se développer le capitalisme sur toute la surface du monde. Nous sommes arrivés à un point crucial de notre histoire, car, outre les dégâts sociaux de ce système, les dégâts environnementaux engagent à terme notre survie.

Article paru dans l’Egalité n°114

Les réponses des gouvernements et des « experts » à cet inquiétant problème n’ont montré jusqu’à l’heure aucune efficacité et se sont toujours heurtées aux intérêts nationaux de chaque bourgeoisie, de chaque économie.

Il est clair que la pollution vient de l’activité humaine, mais tous les modes de production ne sont pas équivalents à ce propos. Le capitalisme est le mode de production qui a le plus d’impact sur l’environnement. C’est aussi le mode de production qui a permit la plus grande production de richesses et le plus grand développement. Le capitalisme est, cependant, arrivé au bout de ce qu’il pouvait apporter à l’humanité – ce qui avait été un progrès au début, empêche désormais un développement plus grand à cause des contradictions internes du système.

Et toutes les politiques menées jusqu’à aujourd’hui ne se sont jamais attaquées au fond du problème. La plupart ne cherchent au mieux qu’à adapter le capitalisme, si ce n’est à jouer sur les « règles » du marché capitaliste (propriété privé, « libre » concurrence) alors que c’est ce mode de production et d’échange qui est la cause même de la détérioration de l’environnement. C’est ainsi que sur le ferment de la lutte contre la pollution fleurissent des idées aussi inutiles qu’antisociales : les permis de polluer ou les écotaxes. Le caractère chaotique de la production et de l’échange capitaliste n’ayant pour objectif que l’augmentation des profits d’une minorité est la cause de cet énorme gâchis planétaire. Tout ce qui est un frein à l’augmentation des profits est rejeté systématiquement par les capitalistes dans leur ensemble car il en va de la survie du système. La protection de l’environnement est un de ces freins. Aucune politique écologique n’est réellement possible sous le capitalisme.

Seul un système où la recherche du profit immédiat d’une minorité et l’irrationalité de la production et de l’échange auront disparu permettra une politique écologique. Un tel système est non seulement possible mais nécessaire. C’est le socialisme. Ce système est fondé sur la propriété collective des moyens de production et des richesses naturelles et sur la planification démocratique de l’économie pour répondre aux besoins réels de la population. Il permettra d’utiliser les forces productives et les richesses naturelles au plus près des nécessités tout en prenant en compte les impératifs écologiques, mais également, de mener des politiques de préservation et de régénération de l’environnement. La planification socialiste, c’est-à-dire démocratique, sera possible, car une société débarrassée de la course effrénée aux profits permettra un partage du travail socialement nécessaire entre tous et donc de travailler moins. Le temps dégagé permettra à chacun, outre le développement personnel, de s’impliquer dans la vie de la société en particulier en ce qui concerne la production : que produire, comment le produire, en quelle quantité, etc. Les techniques de l’information actuelles (informatiques, télécommunication, modèles statistiques…) et la grande socialisation du travail au sein même du capitalisme (l’économie capitaliste a atteint un degré d’intégration inégalé dans l’histoire humaine où tous les producteurs sont interdépendants) sont des conditions favorisant le socialisme. Cette planification sera organisée par tous à différents niveaux : local, régional, national et international. Il est clair que seule une politique écologique au niveau international sera efficace. Ainsi, il n’est pas besoin de prôner la décroissance, concept issu de courants écologistes dans les pays capitalistes dominants, qui exige un recul du développement de l’humanité, pour répondre aux exigences écologiques auxquels nous sommes confrontés. De nombreux pays « pauvres » pourront se doter d’industries, de ressources énergétiques… non polluantes et assurer leur développement, la satisfaction des besoins (santé, eau, éducation…) sans reproduire les dégâts qu’a provoqué le capitalisme. Le socialisme permettra à la fois de produire plus pour répondre aux besoins croissants de l’humanité, de préserver l’environnement et de réparer les dégâts qu’a provoqué le capitalisme.

Par Yann Venier