La stagflation nous guette !

Après l’arrêt économique brusque de 2020, la reprise fut importante l’année dernière avec un taux de croissance à plus de 6,25 % en France. Cette reprise a été mondiale, avec un taux de croissance prévu par le FMI de 5,9 %.

Cependant, cette reprise a été accompagnée de pénuries dues à la forte demande de matières premières et à la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, ainsi que par une flambée des prix (énergies, matières premières, produits agricoles et alimentaires).

Article paru dans l’Egalité n°208, par Yann Venier

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Lemaire, clame dans les médias que la reprise économique est forte et qu’elle le restera en 2022 avec une prévision à 4 % (3,6 % selon la Banque de France). Mais de nombreux économistes sont de plus en plus circonspects et parlent d’un risque avéré de stagflation, une situation caractérisée à la fois par la stagnation économique et par une forte inflation, avec pour conséquence une forte augmentation du chômage et de la pauvreté.

Les prix à la consommation ont augmenté, mais ils n’ont pas encore épongé l’augmentation des prix à la production (et au transport des marchandises) : 33,1% en Espagne, 22,1 % en Italie, 19,2 % en Allemagne et 16,3 % en France sur un an. Ces derniers devraient avoir une incidence importante dans les mois à venir sur la hausse des prix pour le consommateur, en particulier au niveau alimentaire. Par exemple, le cours du blé a augmenté de 30 % ; il y a des hausses similaires pour les produits laitiers, les fruits et légumes, etc. Dans la Zone Euro, dans certains pays comme l’Allemagne, le surcoût de production et de transport a déjà été répercuté par les distributeurs avec une hausse de 4,5 % des prix à la consommation. En France, cela n’est pas encore entièrement le cas grâce aux mécanismes de négociations des prix de la distribution. Mais il est à prévoir que les distributeurs refusent de continuer de rogner sur leurs marges dès le début de l’année.

Une telle inflation, s’il n’y a pas de hausses générales des salaires – ce qui entraînerait une baisse des profits capitalistes – cela aura nécessairement un impact sur la consommation et la demande, et donc sur l’activité. Alors, les annonces d’un taux de croissance à 4 % seront peut-être démenties rapidement, le capitalisme étant limité par ses propres contradictions et limites, qui font peser sur la classe ouvrière et la majorité de population, en France comme à travers le monde, les conséquences de ce système qui ne satisfait pas les besoins sociaux de la majorité mais l’appétit de profits d’une infime minorité de parasites.