Irak : L’impasse du capitalisme

L’impérialisme américain devient chaque jour un peu plus faible en Irak. Son échec face à Al Sadr et sa milice le démontre : même s’il est évident que l’armée américaine est supérieure militairement, elle ne peut pas remporter le rapport de forces dans cette guérilla.

Article paru dans l’Egalité n°109

Le siège de Najaf a été un vrai massacre causant la mort de nombreux résistants et civils. Après les multiples exactions subies par la population irakienne, la colère se renforce chaque jour contre l’occupant. On a vu un véritable mouvement de révolte contre l’armée impérialiste se répandre dans sept villes au moins et ne s’éteindre qu’avec le retrait des Américains de Najaf.

L’instauration du gouvernement Allaoui n’a pas calmé la colère montante des jeunes et des travailleurs irakiens.

Après avoir rompu avec Saddam et le parti Baas, Allaoui s’est exilé devenant un riche homme d’affaires et un collaborateur proche de la CIA. A la solde des capitalistes américains et britanniques, il est bien loin des irakiens dans la misère, privés d’eau potable, d’électricité, de ressources !

D’ailleurs la grande mesure de son gouvernement est l’installation d’une loi de sécurité nationale permettant notamment l’interdiction des manifestations et la possibilité de déclarer la loi martiale. A ceci s’ajoute le rétablissement de la peine de mort pour ceux qui attenteraient à l’intégrité…des oléoducs !

La fonction de ce gouvernement de pantins apparaît clairement : assurer le minimum de stabilité nécessaire à l’exploitation du pétrole pour et par les compagnies occidentales. Mais les vieilles recettes de l’impérialisme échouent dans le four irakien.

Construire la résistance

Non seulement Alloui doit se confronter à la résistance de l’imam chiite Al Sadr, mais son gouvernement ne contrôle même plus de nombreuses régions sunnites. Il apparaît clairement aux yeux des Irakiens comme la marionnette des Américains et réussit même à unir, au sein de la résistance, chiites et sunnites : alors qu’il y a un an seulement 1 % de la population supportait Al Sadr, ils étaient 68 % en mai dernier.

Mais même si Al Sadr semble réunir autour de lui ce qui pourrait constituer un noyau de mouvement de masse, peut-il être le centre de construction d’un mouvement de masse durable contre l’occupation irakienne, représente-t-il réellement les jeunes et les travailleurs ? Non.

Son programme est réactionnaire, basé sur la loi religieuse et de fait, son intérêt de classe est en opposition avec celui de la classe ouvrière. Ce n’est pas un hasard s’il n’a jamais appelé à un mouvement de grève des travailleurs contre l’occupation américaine. Il ne veut absolument pas d’un mouvement de masse contrôlé par les travailleurs. Son but est d’abord d’empêcher Allaoui de spolier les chiites de tout contrôle politique malgré leur 60 % comme l’ont fait les « baasistes ». Il s’agit ensuite pour lui de créer un régime théocratique où les ressources du pays et les moyens de production seraient aux mains d’une oligarchie religieuse, capitaliste. C’est dans ce sens qu’il est l’adversaire des impérialistes : il constitue une menace d’éclatement du pays et de perte de contrôle des ressources pétrolières par les entreprises occidentales.

Ainsi, ni Allaoui ni Al Sadr ne constituent une solution pour les Irakiens. La seule issue pour la classe ouvrière Irakienne est de se débarrasser de tous ces sbires du capitalisme. Le seul moyen d’échapper à l’instrumentalisation des religieux réactionnaires se renforçant sur un discours anti-impérialiste, c’est de les démasquer. Pour cela, il faut construire un mouvement de masse indépendant des capitalistes locaux et impérialistes, au travers de comités réunissant jeunes, chômeurs, salariés et paysans de toutes les religions et ethnies. En se battant à la fois contre l’occupation, l’exploitation et la misère la classe ouvrière pourra se réorganiser afin de renverser le capitalisme.

Par Geneviève Favre