Irak : Bref rappel historique

Sous le régime Hachémite, dans les années 40 et 50, le pays connaît une forte croissance urbaine. En 1948, 52 et 54 de violentes émeutes contre le régime pro-britannique de Nouri-al-Saïd ont lieu.

Article paru dans l’Egalité n°99

La population est sensible aux arguments du Parti communiste, et une révolution renverse la monarchie en 1958, ce qui porte au pouvoir le général Kassem. Un état républicain est proclamé. Kassem, soutenu par les communistes, entame une politique plus sociale, avec une réforme agraire (loi agraire révolutionnaire), et il réduit la puissance de l’Iraq Petroleum Company (IPC). Dans le même temps, il commence une politique de répression (notamment contre les communistes). Un coup d’état, à l’initiative d’une aile du parti Baas, accompagné d’une violente répression anti-communiste, le renverse en 1963, mais permet au Maréchal Aref de prendre le pouvoir. Celui-ci reste à la tête du pays jusqu’à sa mort. Un autre coup d’état a lieu en 68 qui porte au pouvoir le parti Baas et à sa tête Hassan al Bakr, qui devient président de la république. Celui-ci développe l’enseignement mais surtout renforce l’appareil d’état. En 1972, après la nationalisation de l’IPC, la hausse des prix du pétrole procure d’immenses ressources qui permettent d’investir dans l’armement.

Membre du Baas depuis 1955, Saddam Hussein, prend la tête du pouvoir en 1979 et devient président de la république. Le régime s’appuie sur la Garde républicaine, dotée d’armes perfectionnées, dont la majeure partie des officiers est des « takritis » nom donné aux gens de la ville de Takrit d’où S. Hussein est originaire. S. Hussein exerçait un pouvoir d’un style très particulier, mettant en œuvre les technologies les plus modernes, et son autoritarisme a fait de lui un personnage important. Militairement, il avait énormément équipé les différentes armées irakiennes et il voulait s’imposer comme l’homme fort de la région.

Il engage alors l’Irak dans deux guerres successives. La première contre la république islamique d’Iran en 1980, pour laquelle il recevra le soutien de la France, de l’URSS, et des Etats Unis. Cette guerre, qu’il imaginait courte, durera jusqu’en 1988 et n’aboutira à aucun des objectifs fixés et fera des centaines de milliers de morts.

Dans cette guerre, l’Irak recevra le soutien financier de l’Arabie Saoudite et du Koweït. Le potentiel irakien, cependant, reste important mais la dette accumulée envers les deux pays devient considérable en 1988. Quant aux puissances extérieures, France, URSS, Etats Unis, elles lui laissent le champ libre et optent pour Bagdad dans leurs  » intérêts « .

En 1990, le refus du Koweït de limiter sa production de pétrole, ce qui poussait les prix à la baisse, entraîne la décision par Saddam Hussein d’envahir ce pays. S. Hussein sûr de sa puissance, confiant qu’aucun pays arabe ne s’y opposerait, était loin de penser que les USA seraient contre et pourraient le menacer. Les USA, très liés avec l’Arabie Saoudite, lui lancent un ultimatum et préparent la guerre. A l’expiration de l’ultimatum fixé par l’ONU, en 1991, une force multinationale attaque l’Irak. C’est la guerre du Golfe, qui fera des centaines de milliers de morts parmi les civils irakiens.

Dans la suite de la guerre, des révoltes éclatent, au nord les kurdes, au sud les chiites, que la force multinationale laisse réprimer par S. Hussein.

Une zone protégée est ensuite mise en place au nord, et une zone d’exclusion aérienne est instaurée au sud en 1992. Ainsi le pouvoir central se trouve privé de son autorité sur la moitié du territoire. Un embargo est mis en place qui a tué un million d’irakiens.

En 1995, un référendum approuve le maintien de Saddam au pouvoir, et en 96 une partie de l’embargo est levée : c’est l’accord pétrole contre nourriture, qui autorise l’Irak a reprendre les exportations de pétrole mais à un rythme et à un prix fixé par l’ONU. Le pays reste soumis à des crises.

Depuis 1998, invoquant un non respect des engagements de l’Irak vis-à-vis des inspecteurs de l’ONU chargés du désarmement du pays, les Etats Unis alliés à la Grande Bretagne reprennent les bombardements.

Le 11 septembre 2001, les Etats Unis sont frappés par les attentats. Ce qui va secouer le monde entier. Le président G. Bush profite de cette situation pour établir une liste des pays constituant « l’axe du mal » dont l’Irak fait partie. Le gouvernement américain justifie cela pour des raisons qui sont pourtant peu probables : la complicité de Saddam avec le régime des Talibans en Afghanistan, pour régler de vieux comptes et terminer ce que Bush père a commencé, pour le prestige interne et externe des USA… C’est en fait surtout une épine gênante pour les intérêts des USA dans le moyen Orient et la deuxième réserve mondiale de pétrole.

Actuellement dans une crise économique assez alarmante, et craignant une situation interne difficile elle aussi, le gouvernement des USA ne veut plus avoir qu’à décider du moment où il attaquera. « Les problèmes liés à certaines difficultés survenues au plan international, font que l’Irak est un gros fruit mûr qui attend d’être cueilli » comme dit le journaliste anglo-saxon, Joseph Samaha.

La chute de l’Irak ouvrirait de riches opportunités pour le gouvernement des USA et les multinationales du pétrole et renforcerait leur présence dans la région, aux cotés du gouvernement d’Israël notamment, mais de graves conséquences suivront également, avec une déstabilisation de tout le Proche Orient.

Par Waheba Anes