Hidalgo et Jadot, deux candidats pour le même « social-libéralisme »

En 2017, le Parti Socialiste, représenté par Benoît Hamon, s’était vu rejeté par les électeurs pour l’ensemble de son œuvre, en particulier durant le quinquennat de Hollande. Cette année, la social-démocratie reconvertie au social-libéralisme (qui n’a de social que de nom) a 3 candidats qui se tiennent au coude-à-coude et qui plafonnent entre 3 et 5 % d’électeurs potentiels dans les sondages – signe que le rejet perdure.

Article par Yann Venier, paru dans l’Egalité n°209 sous le titre Hidalgo, Jadot et Taubira, Trois candidats pour le même « social-libéralisme », entre-temps Taubira s’est retirée par manque de parrainages.

Yannick Jadot

La soudaine découverte qu’il faut augmenter les salaires ! Mais…

Comme le sujet n°1 dans la tête des travailleuses et des travailleurs, c’est la question des salaires et des fins de mois difficiles, en particulier à cause de l’inflation, ils découvrent que les travailleurs et les travailleuses se sont appauvris, dans le secteur public comme dans le privé. Ils tentent de nous bercer de belles paroles qu’ils sèment au vent, comme dans la célèbre chanson de Dalida. Ils rivalisent sur le sujet de propositions. Mais eux-mêmes ou leur parti ont fait partie de gouvernements par le passé – dans celui de la Gauche plurielle à la fin des années 90 ou sous Hollande qui s’est montré particulièrement antisocial. Pourquoi n’ont-ils pas augmenté les salaires à ce moment-là ?

les 3 faces de la même médaille

Alors, ils essayent de se redorer le blason à peu de frais comme Jadot qui annonce un SMIC à 1 500 euros net… à l’horizon 2027 ! Il nous demande de signer un chèque en blanc sur une banque du futur ! Il propose aussi de dégeler la valeur du point d’indice qui permet de calculer la rémunération des fonctionnaires et des agents publics. Il n’annonce rien de précis et aucun rattrapage pour les années de gel qui ont entraîné une perte de pouvoir d’achat de plus de 10 %.

Hidalgo prévoit une augmentation de 15 % du SMIC, soit 200 euros net par mois. Bel effort ! Mais ça se fera branche par branche, entreprise par entreprise. Dans certains secteurs d’activité, le manque de main d’œuvre permet un rapport de force conjoncturel (qui ne durera pas forcément) dont la conséquence est une négociation favorable aux organisations syndicales pour des augmentations de salaire. Mais cette situation n’est pas généralisée. Autrement dit, beaucoup de travailleurs et travailleuses risquent de ne pas voir d’augmentation de salaire (et de se retrouver au niveau du SMIC)… ce qui ne fait pas vraiment avancer les choses. Elle veut obtenir l’égalité salariale femme-homme, en publiant la liste des entreprises qui ne jouent pas le jeu (ce qui est déjà le cas, le sait-elle ?) et en pénalisant les entreprises… ça fera une belle jambe aux travailleuses qui n’auront rien de plus chaque mois sur leur fiche de paie ! Paroles et paroles et paroles !

Quant à Taubira, le pouvoir d’achat, les bas salaires, la hausse des prix – ça ne la concerne pas puisqu’elle n’en dit rien, hormis proposer le RSA dès 18 ans et augmenter le personnel hospitalier.

Quoi qu’il en soit, sans s’attaquer frontalement aux intérêts des capitalistes, aux fondements même du système, ces belles paroles ne resteront que des vœux pieux qui sortent à chaque nouvelle élection, et sont très vite oubliés par la suite.