France/USA: Irak ou Irak pas ?

Depuis quelques semaines, nous assistons à un déferlement médiatique au sujet de l’Irak. Cela fait maintenant quelques années que les inspecteurs étaient partis et cela à l’époque sans un tollé médiatique. On s’accorde au moins aujourd’hui à reconnaître que Saddam Hussein est un dictateur et que le peuple irakien déjà victime d’un embargo meurtrier doit arrêter de souffrir.

Article paru dans l’Egalité n°100

On nous ressort l’argument « démocratie pour tous » mais surtout quand cet argument convient à tout le monde. On encense l’ONU comme seul lieu de résolution des conflits et surtout le conseil de sécurité apte seul à définir le droit. On maintien l’attention sur le Veto, et les partisans de Bush répondent que ce serait « un facteur de déstabilisation mondial « , et c’est « la sanction absolue  » selon les partisans du non. On oublie que ce droit a déjà été utilisé de nombreuses fois et par la plupart des pays du Conseil de sécurité, notamment 105 fois par les Etats Unis et que depuis 2000 seulement 4 résolutions ont porté sur l’Irak, et encore, sur l’embargo.
Le monde qui se définit aujourd’hui est unipolaire et est l’une des suites de la chute du bloc soviétique dans les années 90.

La position dominante unilatérale des Etats-Unis et le rôle « gendarme unique du monde » pose de nombreuses questions. Pour les gouvernements, il n’y a pas d’autre alternative que le système capitaliste et nous n’assistons aujourd’hui qu’à la lutte entre deux visions de ce même système celle d’un capitalisme  » sauvage  » à l’américaine et celui dont on nous vend les  » mérites  » depuis plusieurs années :  » le capitalisme à visage humain  » à l’européenne. Toute cette médiatisation n’ayant qu’un but celui de justifier qu’il n’y a pas d’alternative et que les peuples devront se satisfaire de la loi du marché !

On surestime et on berne les gens sur la fameuse position « franco-allemande » et son aval russe. Ce n’est pas en suivant Chirac, mais en arrêtant physiquement la machine de guerre américaine comme en Italie, où des pacifistes bloquent les trains de l’armée qui partent pour le golfe, que nous imposeront réellement la paix. Car il ne faut pas se leurrer, les gouvernements français et allemands participeront sans doute même de manière indirecte à la guerre. Déjà le Charles de Gaulle, le porte-avion et son escadre d’escorte sont partis pour le Golfe. Le gouvernement allemand a de son côté déjà envoyé deux batteries de missiles antimissiles en Turquie. Bien sûr afin de favoriser « la paix », deux avions mirages français et un awak (avion de surveillance de haute altitude) aux équipages composés de plus de 60 % d’allemands sont partis à la demande des inspecteurs.

Chirac, champion de la paix ?

Dans une interview à Time magazine, donnée après les manifestations du 15/02 Chirac rassure ses alliés outre atlantique, et indique que “la France n’est pas un pays pacifiste et reste l’allié des américains face au terrorisme ». Ce qui ennuie vraiment le couple franco-allemand c’est la faible opinion que Bush à de l’Union européenne et de son avis. Car l’une des premières constatations que l’on peut faire, c’est que l’UE ne semble être intéressante que lorsque c’est l’Europe des marchés pour les américains.

Ce qui a par contre marché c’est une Europe revendicative qui a agi de concert avec l’ensemble du monde pour dire non à la guerre dans les énormes mobilisations du 15 février. C’est cela qui a effrayé nos dirigeants que ce soit Bush, Blair et même Chirac. Car l’ensemble des manifestants étaient d’accord pour un non global refusant cette mainmise sur nos vies par l’ONU et le gouvernement US. Car on ne peut pas laisser le principe de guerre préventive devenir une loi. Effectuer des manœuvre militaire, ou attaquer un pays parce qu’il ne correspond pas aux intérêts des bourgeoisies est scandaleux : en Irak, en Côte d’Ivoire ou en Tchétchènie.

Malgré l’effort de la propagande américaine il reste difficile de croire que Ben Laden soit à Bagdad et que, même s’il y était, ce soit une raison suffisante pour massacrer un peuple. Dans cette histoire où l’on achète ces voix au conseil de sécurité à coup de milliards (41 pour la Turquie), il est difficile de croire que c’est uniquement afin de répandre la démocratie au Moyen-Orient.
La guerre à déjà un coût important, générera une crise pétrolière (vraie ou fausse) qui reposera sur l’ensemble des travailleurs. Elle masquera comme c’est le cas en France des problèmes importants comme celui des retraites, de la casse des services publics et de la décentralisation, obligeant les syndicats à faire bloc derrière le gouvernement. Elle sera en plus un facteur de radicalisation dans le Moyen-Orient et ne stoppera en aucun cas le terrorisme. La seule victoire sera celle des capitalistes et celle-ci s’écrira dans le sang du peuple irakien !

Par Arnaud Benoist