Contre le sexisme

Le combat contre le sexisme et pour les droits des femmes n’est pas un combat du passé, et on voit tous les jours que c’est une nécessité. La question de l’égalité hommes/femmes est loin d’être réglée : au travail, dans la famille…Le rôle de la femme reste une position précaire et inférieure à celle de l’homme.

Article paru dans l’Egalité n°105

Une femme gagne toujours environ 25% moins qu’un homme au même poste et pour le même travail, les femmes souffrent toujours de la double journée de travail (dans la famille et à l’extérieur), elles sont toujours les premières victimes de la précarité (temps partiels imposés, petits boulots…), et elles sont toujours cantonnées à des rôles et à des modèles dignes du Moyen Age (la mère, l’épouse, l’objet sexuel…)

S’il existe une oppression spécifique des femmes, il n’y a pas de combats « réservés » aux femmes. La lutte, pour l’égalité doit être menée par les hommes et les femmes ensemble. Le monde des femmes est , comme celui des hommes divisé en deux camps. On n’a pas la même vie quand on a les moyens de se payer une crèche privée, ou une baby-sitter quand on veut faire autre chose que de s’occuper de « son foyer », que quand on est obligée d’accepter un temps partiel pour pouvoir concilier travail et tâches ménagères. Les femmes de la classe ouvrière partagent les intérêts communs de la classes ouvrière.

Ce système fait apparaître les femmes comme des objets sexuels dans une société de consommation où la femme n’est femme que sous cellophane, permanentée, rembourrée aux silicones et sur tout complètement écervelée ; et tout ça pour maintenir les divisions sociales. Ceci permet que des femmes soient obligées de lutter pour exister, rouées de coups tant physiques que moraux, destinées à n’être que des objets, soumises muselées, méprisées par la société.

Ainsi divisés entre sexes (entre autres), les travailleurs sont moins unis donc plus vulnérables aux attaques patronales et gouvernementales. Car, oui ce système de profit, de haine, de frustration et de stéréotypes ampute les femmes d’elles mêmes, les aliène. Les hommes, eux, sont censés être toujours à la hauteur et assumer la vie matérielle de la famille. L’épanouissement de la femme n’est pas au foyer, ni dans les magazines de mode, ni dans les rôles de second plan. L’établissement de rapports harmonieux entre hommes et femmes n’est pas possible dans un système fondé sur la concurrence entre individus, l’exploitation et la soumission à la loi du marché.

Les femmes dans le monde du travail

On peut prendre les analyses que l’ont veut, il apparaît que les femmes souffrent de fortes discriminations dans le travail. Elles sont plus nombreuses au chômage (11,2% en 2003 contre 8,8% pour les hommes), plus nombreuses dans les emplois non qualifiés, moins bien payées pour le même travail, plus nombreuses dans les temps partiels ou les intérims et plus souvent victimes de harcèlement sexuel. Ces inégalités se sont aggravées dans les années 90 (selon les sources même de l’INSEE), et on voit que les attaques contre les travailleurs affaiblissent encore plus leur position dans le monde du travail. Réciproquement, c’est aux époques où le rapport de forces était plus en faveurs des travailleurs qu’ont été gagnées les principales avancées des femmes comme le droit de vote, la contraception libre ou le droit à l’avortement.

Et inversement elles sont doublement victimes des attaques des capitalistes, premièrement en tant que travailleuses et deuxièmement en tant que femmes. Elles sont souvent les premières dans les charrettes de licenciements. Comme elles sont moins payées, c’est elles qui s’arrêtent de travailler pour s’occuper des enfants car cela a moins d’impact sur le budget de la famille. De plus en plus de femmes se retrouvent alors cantonnées à leur foyer, sans réellement avoir le choix.

Par exemple en ce qui concerne les retraites, les femmes sont plus touchées que les hommes, car elles ont moins payées (donc leur retraite est calculée sur un montant moins important) et beaucoup d’entre elles ont des périodes non travaillées pour l’éducation des enfants (elles cotisent donc moins longtemps ou sont obligées de travailler plus). Avec la loi Fillon, c’est encore pire ! Les femmes fonctionnaires perdent des bonifications pour les enfants qu’elles ont, et seront donc obligées de travailler beaucoup plus longtemps pour compenser ou alors de partir à 60 ans avec une retraite de misère.

Et pour permettre aux femmes de concilier travail et éducation des enfants le gouvernement a proposé une allocation de cessation d’activité de 340 € par mois pendant 3 ans, en plus des allocations de base de 160€, pour les femmes ayant déjà travaillé au moins 2 ans Les enquêtes montrent qu’à l’issue de ce congé les femmes non qualifiées et de milieux modestes ont plus de difficultés à trouver un emploi. Il est certain qu’elles préféreront accepter cette allocation plutôt que de travailler à temps partiel pour une moitié de SMIC ! (voir L’Egalité n°101-Mai Juin 2003)

Ces attaques sont des reculs importants pour les femmes car elles ont pour conséquence (et pour objectif) de maintenir les femmes au foyer, et d’en faire des citoyennes de seconde zone. Pour lutter contre cette dégradation des conditions de vie et de travail des femmes pour permettre aux femmes de réellement choisir de travailler à l’extérieur ou à la maison, et prendre en compte le travail ménager et d’éducation, il faut des luttes d’ensemble contre la politique du gouvernement.

Les femmes dans le cadre familial

L’inégalité entre hommes et femmes est très présente dans le cadre familial. Au sein du couple et de la famille, les femmes sont encore aujourd’hui celles sur qui retombe le poids des tâches ménagères. 80% des tâches ménagères sont effectuées par les femmes, voyant ainsi leur temps de travail doublé sans aucune prise en compte de ce supplément.

Cette soumission des femmes à un rôle de mère n’a rien de naturel et n’a pas toujours existé. C’est la propriété privée et la division de la société en classes qui ont renvoyé la femmes du rôle de productrice à celui de procréatrice dont la valeur du travail a été moins valorisée que celui des hommes. Et le capitalisme s’est développé en s’appuyant sur une cellule familiale dominée par l’homme, chef de famille.

Rare sont les femmes qui ont le libre choix de leur vie sociale car celle-ci est déterminée par l’organisation capitaliste de la société et des rapports sociaux. On considère normal que ce soit la femme qui s’arrête de travailler pour élever les enfants, que ce soit elle qui aménage ses horaires…Le cadre familial est pour beaucoup un carcan, qui peut parfois devenir source de fortes violences, la majorité des agressions contre des femmes l’est au sein de la famille. Forts de la « supériorité » que la société leur accorde, qui est le seul pouvoir qu’ils aient réellement, encore aujourd’hui beaucoup d’hommes considèrent leur femme comme leur propriété ce qui justifierait qu’ils en disposent comme ils l’entendent.

Enfin les différentes politiques gouvernementales qui réduisent les budgets des services publics touchent directement les femmes (et encore plus les travailleuses) et ont souvent pour conséquence de leur rendre la tâche encore plus dure. Des études statistiques montrent que les femmes qui ont recours à des gardes payantes pour leurs enfants sont en majorité des femmes diplômées et de niveau social élevé. Celles qui sont au SMIC ont vite fait le calcul : elles n’ont d’autre choix que d’arrêter de travailler (si leur conjoint a un emploi et qu’elles n’élèvent pas seule leur enfant !). Ce que veut un gouvernement comme celui de Raffarin c’est renvoyer la femme au foyer. Le salaire maternel qu’il veut instaurer n’a rien à envier aux propositions du Front National. Ce qu’ils disent en fait c’est « Pour lutter contre le chômage , mettons les femmes à la maison et les hommes au travail ! » Jusqu’à la prochaine crise, comme pendant les guerres où ils n’ont jamais hésité à appeler les femmes dans les usines !

L’évolution de ces stéréotypes n’est pas que l’affaire des femmes. Au contraire, car toute attaque contre les femmes est une attaque contre la classe ouvrière, les travailleurs n’ont rien à gagner à l’oppression des femmes. Et inversement, les luttes pour les droits des femmes doivent être des luttes de la classe ouvrière dans son ensemble. La parité ou des lois de ce type ne favorisent que les femmes de milieux aisés, ce type de loi leur donne un outil de plus pour s’attaquer aux travailleurs et n’améliore en rien la position des femmes travailleuses de milieux modestes. Ce n’est qu’en unissant hommes et femmes dans les luttes, dans le contrôle et l’organisation de celles-ci à tous les niveaux que l’on pourra établir les bases de nouveaux rapports, égalitaires, entre hommes et femmes que ce soit dans le cadre du travail ou du foyer.

L’égalité homme-femme n’existera réellement que dans un système socialiste.

Les femmes ne pourront s’émanciper que quand elles pourront participer à part égale à la vie sociale, économique et politique de la société, ainsi elles ne seront plus cantonnées au cadre du foyer. Cette société leur donnera les moyens matériels de participer à cette vie sociale, en créant suffisamment de crèches, de services collectifs qui prennent en charge les tâches ménagères, en ayant une prise en charge plus collective des charges qui sous le capitalisme sont « réservées » aux femmes. Seule une société socialiste le permettra.

Par Virginie Prégny