Camdessus et Sarkozy : casser le droit du travail !

Depuis quelques semaines, le gouvernement et l’un des principaux zélateurs du système capitaliste, Michel Camdessus, ancien directeur de la Banque de France et du FMI, lancent des appâts ultra-libéraux afin de voir comment réagissent les travailleurs français. Comme nous le disions dans le précédent numéro de l’Egalité, le pire est encore à venir.

Article paru dans l’Egalité n°110

Le jeu de rôle entre gouvernement, organisations syndicales et patronales est véritablement rôdé. Le gouvernement annonce une mesure ouvertement libérale, les directions syndicales émettent des protestations de forme, le gouvernement retire cette mesure mais fait passer le reste, et le MEDEF clame que le gouvernement est vendu aux syndicats. Dans cette histoire, seuls les travailleurs perdent des droits. Il en a été ainsi avec le plan gouvernemental sur les licenciements et sur la question du droit à licencier pour sauvegarder la compétitivité des entreprises.

Mais lorsque l’on regarde bien cette question, on s’aperçoit que ce droit existe déjà. Les milliers de licenciements collectifs pour fermeture de site et délocalisation et plus encore, les licenciements économiques individuels, encore plus nombreux, ne sont rien d’autres que des licenciements pour la sauvegarde de la compétitivité (cf. les articles sur la question des licenciements ou d’économie fondamentale dans les précédents numéros). Ce texte de loi ne visait en réalité que deux choses : institutionnaliser cet état de fait et de voir comment allaient réagir les travailleurs.

Et un rapport par-dessus

Il en va de même du rapport Camdessus que l’ensemble de la Gauche officielle a dénoncé comme un affront libéral. Quand Chirac prend lui aussi ces distances alors qu’il mène déjà cette politique, personne n’est dupe. Le contrôle sur les chômeurs, par exemple, s’est renforcé. Ce n’est pas nouveau, ça date du début des années 1990 et c’est… Martine Aubry qui avait lancé le mouvement, mais cela s’est renforcé avec la mise en place du PARE. Le non remplacement des fonctionnaires ? Les fonctionnaires partant à la retraite ne sont déjà pas remplacés en totalité, le service public se servant de plus en plus de contrats précaires afin de faire face aux surcharges ponctuelles de travail. L’idée est à terme de faire disparaître ce statut. Quant à la disparition des CDI, cela fait longtemps que ça démange le gouvernement. Rappelons-nous les CDD de 5 ans prévus dans un premier temps pour les cadres.

Un gouvernement à l’offensive

Les mesures que le gouvernement avance avant de les retirer nous permettent néanmoins de voir ce qui nous attend : plus de précarité, de flexibilité, toujours moins de droits collectifs au profit de l’individualisation des contrats. Ayant largement avancé dans la casse de la sécurité sociale (casse des retraites, première réforme sur la Sécu, attaques contre les chômeurs), le prochain terrain de combat du patronat et du gouvernement aura toutes les chances d’être le code du travail, les quelques outils de défenses des salariés. Mais le fait qu’il se sente obliger de lancer des fusées lumineuses pour voir comment réagissent les travailleurs montre qu’il a peur de notre réaction. Montrons-leur notre détermination en mobilisant contre chaque attaque.

Par Yann Venier