Afrique du Sud : L’ANC remporte une large victoire aux législatives, mais les inégalités dominent toujours

Avec près de 70% des voix, l’ANC a remporté une très large majorité, mais ces 10,8 millions de voix ne représentent pas pour autant un soutien à sa politique. Il a surtout bénéficié de l’image de parti de la libération qu’il conserve, malgré la politique fondamentalement pro-capitaliste qu’il mène depuis une décennie.

Article paru dans l’Egalité n°107

Mais son influence s’effrite, en particulier auprès des travailleurs et des jeunes. Ainsi, seulement 48% des électeurs de moins de 25 ans se sont inscrits sur les listes électorales. Sur les 20 millions d’électeurs inscrits, seuls 15 millions ont voté. C’est un net recul par rapport aux précédents scrutins. En fait, le vote pour l’ANC s’est surtout fait par défaut, les autres principaux partis n’ayant aucune autre politique à proposer.

Pourtant, la politique menée par l’ANC, c’est 8 millions de chômeurs, 57% de la population vivant dans la pauvreté, 650 morts du SIDA chaque jour. L’ANC a surtout su gagner la confiance des capitalistes, qui l’ont récompensé par leurs subventions : 13 millions de rands pour sa campagne électorale. Plus, il pousse depuis des années à la création d’une classe capitaliste noire, tout en continuant à maintenir l’immense majorité de la classe ouvrière dans la misère.

Quelles perspectives alors pour la classe ouvrière sud-africaine ? Nos camarades du DSM (Democratic Socialist Movement) mènent campagne pour la création d’un parti de masse des travailleurs basé sur un programme socialiste. Et ils rencontrent de plus en plus d’écho. L’an passé, une étude du COSATU (Congress of South-African Trade Unions) a montré qu’un tiers des travailleurs seraient favorables à la formation d’un parti des travailleurs pour se présenter aux élections. Mais les dirigeants du COSATU ont mené campagne pour l’ANC, malgré la répression du gouvernement de Thabo Mbeki lors de la grève générale de 2002. Les travailleurs ne peuvent pas compter sur eux, mais doivent s’organiser eux-mêmes dans un parti indépendant.

Par Pascal Grimbert