Une belle victoire pour l’Hôpital du Rouvray !

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Manifestation des grévistes du Centre Hospitalier du Rouvray

En grève depuis le 22 mars, les soignants (infirmier-e-s, aide-soigant-e-s, ambulanciers) et de nombreux autres personnels du Centre Hospitalier du Rouvray (CHR, l’hôpital psychiatrique), près de Rouen, viennent de remporter une belle victoire. Plus de 30 postes, la création de nouvelles unités, maintien de celles existantes… Ce n’est pas encore tout ce qu’il faudrait, loin de là, les grévistes et l’intersyndicale demandaient 52 postes, mais c’est une énorme avancée, et surtout gagnée par la lutte, fièrement grâce à la mobilisation de centaines de salariés.

La situation n’était plus tenable : des adolescents mis, sous médicament, avec les adultes, du harcèlement managérial, des patients mis sur des lits de camp… La dégradation du service public et des conditions de travail devenait absolument insupportable.

C’est un ras le bol général de toute l’équipe de santé qui s’est exprimé. Certains, par exemple un médecin psychiatre a dit combien il en avait marre, qu’il n’en pouvait plus de cette «ambiance de merde» qui règne. Harcelé, il a quitté l’hôpital. Les témoignages de soignants se succédaient dans les très nombreuses interviews qui, grâce à la lutte, ont commencé à circuler partout. La ténacité des personnels, la tenue d’assemblée générale chaque jour au plus fort de la lutte et certaines particulièrement massive, ont permis de mettre sur la place publique le véritable scandale : une gestion inhumaine d’un service public fondamental.

Direction sous pression

La direction a mis la pression, en multipliant les provocations envers tout le personnel qui veut participer à ce mouvement et en voulant interdire aux médias de venir. Des manœuvres aussi comme l’annonce par l’Agence régionale de santé, la veille au soir de la réunion (mercredi 6 juin), qu’elle ne procéderait pas à une audition de l’intersyndicale. Mal joué, par une action commune, cheminots (qui étaient en grève ce jour-là) et hospitaliers ont occupé les accès de Rouen et ralentit un long temps la circulation en distribuant des tracts. Face à une telle mobilisation, l’ARS a finalement dû accepter de discuter, et de revoir sa proposition de postes à la hausse.

Sa proposition d’un «audit», alors qu’il y en a eu deux depuis 2016 pour un coût de 330 000 euros (9 postes d’infirmier-e-s) montrait toute la compréhension que cette agence du gouvernement a des besoins du service public de santé !

Depuis plus de deux semaines, voulant faire encore plus pression, des travailleurs ont décidé de commencer une grève de la faim, en restant dans l’hôpital, dans la lutte. Elle va durer 18 jours pour certains. Même si ce mode d’action comporte beaucoup de dangers, il a créé aussi un choc. D’autant plus que, prenant confiance, jeudi 31 mai, les salariés ont décidé d’occuper, pendant plusieurs jours, le bâtiment administratif. Une centaine a investi les locaux désertés par le directeur et le personnel administratif le matin.52 ont passé une première nuit auprès des grévistes de la faim. Avec 300 soutiens les applaudissant sur le parvis.

Victoire !

Un comité de soutien avait été mis en place, particulièrement actif, faisant de nombreuses propositions, impliquant les syndicalistes du public et du privé, mouvements, associations, partis (NPA, Gauche révolutionnaire, FI…). Lors des AG ouvertes en fin d’après-midi, lors des «cafés de solidarité» du dimanche. Députés et dirigeants politiques sont venus aider à la médiatisation. Cela a permis que la lutte soit connue nationalement. Ce qui peut en plus permettre à d’autres centres hospitaliers d’entrer en lutte aussi.

Et il y a eu cette manifestation en soutien au CHR et à sa lutte, près de 1000 personnes, lundi 4 juin, qui a donné une véritable énergie pour toute la semaine.

C’est bien la combinaison entre une lutte massive et des actions déterminées, une unité forte du personnel qui a pris ses décisions en assemblée générale, la mise en place d’une intersyndicale et d’un comité de grève, et le soutien au sein de la population et du mouvement ouvrier qui ont permis cette victoire. C’est certainement un exemple à reprendre.

Lutter, c’est déjà gagner

Il faudra encore des luttes et des actions pour un service public de psychiatrie réellement au niveau des besoins du personnel et des patients, mais la liste des avancées obtenues ne peut que rendre les travailleuses et travailleurs du CHR fiers de ce qu’ils ont fait: 30 postes pour les activités et structures de soin actuelles, selon un calendrier précis, Arrêt des fermetures de structures extra-hospitalières, type CMP, maintien du service d’Addictologie au Rouvray, attribution quasi assurée d’une structure d’hospitalisation pour les adolescents au Rouvray. Et d’autres avancées encore.

La lutte et son unité forte a aussi redonné une véritable fierté à des personnels trop souvent méprisés par la hiérarchie, et d’autres batailles pour améliorer les conditions de travail vont ainsi en être facilitées