8 Mars 2013 : les femmes en marche !

La journée internationale de la Femme est célébrée le 8 mars partout dans le monde. Elle offre l’occasion de mettre en avant la situation pour les femmes à travers le monde et de réaffirmer la manière dont nous pourrons en sortir, tout en célébrant la contribution héroïque des femmes à la lutte des travailleurs contre les divers maux engendrés par le capitalisme. Cette journée tire sa source des luttes des femmes américaines du 19ème siècle pour de meilleures conditions de travail et un salaire égal, elle est par la suite devenue une journée internationale de la Femme sur base d’une résolution des femmes socialistes de la Seconde Internationale lors d’une conférence en 1910. Les Nations-Unies célèbrent depuis 1975 cette journée chaque année en tant que journée des Nations-Unies pour les droits de la Femme et pour la paix dans le monde, dans un effort évident de détourner l’attention des véritables problèmes auxquels sont confrontées les femmes.

Les conditions de vie des femmes

Les femmes représentent 70 % des pauvres dans le monde (chiffre des Nations unies). Alors qu’elles constituent la moitié de la population mondiale, les femmes ne détiennent que 1 % des richesses mondiales. Ce triste constat nous montre bien que la lutte pour le droit des femmes est bien d’actualité. Même si les chiffres mondiaux sont évidemment fortement baissés par le nombre de pays où la pauvreté atteint toute la population et a fortiori les femmes, il n’est pas si glorieux chez nous. Les femmes représentent 53 % des pauvres en France (cf. http://www.observatoire-parite.gouv.fr). Le taux de pauvreté dans les familles monoparentales est de 32.4% alors que dans les couples il est de 10.8%. 85% des familles monoparentales sont féminines, cela montre bien à quel point la question de la pauvreté touche les femmes et combien la famille repose sur elles.

Si les conditions de vie des femmes sont davantage misérables que celle des hommes c’est bien qu’il existe une double oppression des femmes. La première en tant que travailleuse et la seconde en tant que femme, seule garante de la famille. Dans le système capitaliste, pour les travailleurs qui n’ont que leur force de travail pour vivre, il est de plus en plus difficile de vivre. Cette crise affame les pays les plus pauvres et déshabillent les travailleurs des pays où le capitalisme est avancé. Les femmes sont à double titre touchées par cette crise, car en période de crise la famille, est le premier rempart.

Les violences faites aux femmes

A travers le monde, 1 femme sur 3 est victime de violence, abus, viol au cours de sa vie. La moitié des meurtres commis sur une femme est imputable à son (ex)-partenaire. Pour les femmes âgées entre 15 et 44 ans, le risque de viol est plus grand que celui du cancer, de guerre ou d’accident de voiture. Le sexisme, maintenant la femme à un statut inférieur permet que ces violences puissent encore et toujours se perpétuer. Là encore, même si ces statistiques mondiales sont fortement influencées par les pays où les femmes et les travailleurs en général n’ont aucun droit, nos pays n’ont en rien éradiqué ce phénomène. En France, il y a évidemment des lois qui protègent mieux les femmes en cas de violence, davantage de personnes s’indignent mais en réalité il y a selon la ministre aux droits des femmes, 250 viols par jour en France.

C’est un crime très minimisé et caché, souvenons-nous de ce que nous avons entendu lors de l’affaire de DSK et du Sofitel «il n’y a rien de mal au retroussage d’une femme de chambre» ou ce qu’on peut entendre «pas étonnant vu comment elle est habillée», ce genre de remarques montrent qu’il existerait des viols «mérités».

Le sexisme, outil des capitalistes

Il est essentiel de s’attaquer aux problèmes croissants que rencontrent les femmes dans tous les aspects de leur vie. Le viol, comme les violences domestiques et le harcèlement sexuel, sont les symptômes d’une société de classe profondément inégalitaire qui conduit certains hommes à penser qu’ils peuvent contrôler les femmes, y compris sexuellement. Cela est renforcé par l’inégalité matérielle entre hommes et femmes. Outre ces violences et les inégalités subies par les femmes, il existe une instrumentalisation du corps de la femme, l’industrie du sexe et celui du corps des femmes fait rage et relègue au rang de «prude» toutes celles qui voudraient s’insurger de cela. Retournant contre les femmes elles-mêmes les acquis de la libération sexuelle, les capitalistes ont réussi à s’approprier le corps de femmes et tantôt les dénuder pour faire fructifier un marché et tantôt les «rhabiller» pour les maintenir à la maison afin de garantir la famille comme ciment du système capitaliste.

Aujourd’hui des voix s’élèvent !

Dans les années 90 on nous a dit que le féminisme était mort que les femmes étaient l’égale des hommes, et même que les femmes avaient pris le pouvoir. Dans le même temps, avec la casse des services publics, les bas salaires, la précarité : les femmes sont dans le peloton de tête des travailleurs qui subissent ces attaques. Avec l’approfondissement de la crise, l’oppression des femmes se fait sentir plus fortement. C’est l’ensemble des relations humaines qui devient plus rude et violent.

Dernièrement, dans le monde, des femmes et des hommes se sont élevés contre l’oppression des femmes. Le soulèvement populaire en Inde contre les viols et notamment celui collectif de cette étudiante montre le ras-le-bol de la population. En Tunisie, les voix se sont aussi élevées quand un jeune couple ayant porté plainte pour le viol de la jeune fille par des policiers se sont vu accusé d’attentat à la pudeur. En Egypte, des femmes et des hommes ont protesté contre les viols punitifs. Les femmes se sont organisées encadrées par un service d’ordre masculin.

La place des femmes dans le capitalisme est loin d’être satisfaisante. Et un nombre grandissant de femmes prend conscience de cela. De nouveaux mouvements féministes apparaissent depuis un certain temps comme celui des FEMEN ou les Pussy riot en réaction aux rôles qu’on assigne aux femmes et à la moquerie que subissent celles et ceux qui dénoncent la nudité dans les publicités, l’industrie du sexe. Leurs actions «seins nus» médiatisées cherchent à dénoncer l’appropriation du corps des femmes pour des raisons marchandes. D’une autre manière, face aux agressions sexuelles, les «marches des salopes» dénoncent aussi cette fausse liberté qui existerait pour les femmes, «responsables» si elles portent une minijupe et se font agresser mais exposées nues pour vendre une voiture.

Ce féminisme est l’expression d’une colère grandissante contre une société qui brime de plus en plus les populations, qui restreint les libertés par une idéologie dominante finalement très violente et omniprésente dans les médias. Mais nous pensons que le type d’actions visant à provoquer pour alerter n’est pas le meilleur. Inenvisageable pour de nombreuses femmes pour des choix personnels, des raisons culturelles ou sociales de faire une action seins nus. Ses limites sont aussi qu’il n’offre pas de moyens concrets à la majorité des femmes de lutter contre le sexisme.

Pour en finir avec le sexisme il faut en découdre avec le capitalisme !

Par contre nous voulons des réponses : pourquoi cette société ne permet même pas de protéger les femmes contre la précarité, le harcèlement, le viol alors qu’on n’hésite pas à utiliser du fric pour qu’une armée de policiers délogent des travailleurs qui bloquent leur usine contre les licenciements ? Le système capitaliste et les classes dirigeantes sont clairement responsables. Ils ont complètement échoué à développer la société et à faire reculer les valeurs et les pratiques barbares et violentes.

Nous devons lutter contre le sexisme et, à travers le processus de la lutte, remettre en cause la société brutale, sexiste et oppressive qu’est le capitalisme. Pour nous, la lutte pour la défense des droits des femmes est intrinsèquement liée à la construction d’une autre société : une société où la collectivité mettrait tout en œuvre pour donner dans la réalité l’égalité face aux tâches domestiques et familiales et une égalité salariale dans les faits et pas seulement dans les textes de loi,…Une société où la liberté sexuelle ne serait pas instrumentalisée à des fins commerciales. Pour éradiquer le sexisme il faut éradiquer les bases matérielles qui le rendent possible pour construire une autre société et en finir avec les comportements dégradants par une réelle éducation sexuelle et affective. Cette société qui émergera des luttes, hommes et femmes ensemble, est une société socialiste.

Pas de socialisme sans les femmes, pas de vraie égalité des hommes et des femmes sans socialisme !