Depuis la mort de Hugo Chavez en 2013, la révolution vénézuélienne vit ses pires moments de recul social : une inflation autour de 700 % (voire 3000 % pour les produits alimentaires), une claire érosion de nombreuses réformes et conquêtes sociales gagnées dans les années précédentes, ainsi que le licenciement de milliers de travailleurs. Depuis 2012, la valeur des exportations s’est réduite de façon spectaculaire, en raison de la chute des prix du pétrole. La pauvreté, qui s’était fortement réduite sous Chavez, est en train de croître de manière exponentielle, menant à un accroissement de violences urbaines, à l’insécurité…
La droite vénézuélienne (unie au sein de la MUD – Mesa de la Unidad « Democratica »), utilise cette situation de manière opportuniste et hypocrite. Les parasites bourgeois de la MUD ne peuvent offrir aucune alternative aux travailleurs et à la population, leur programme représente le même cauchemar que Temer au Brésil et Macri en Argentine.
Politique antisociale du régime
Pourtant, la victoire de la droite contre-révolutionnaire au Venezuela est aujourd’hui une réelle possibilité. La raison fondamentale est que le gouvernement Maduro n’applique pas de mesures socialistes, mais fait plutôt tout le contraire. Une partie de la politique du PSUV (parti au pouvoir) consiste à chercher des accords avec des secteurs de la bourgeoisie et les convaincre de sa capacité à bien gérer le capitalisme. Il fait
une concession après l’autre aux capitalistes nationaux comme internationaux et met en place une austérité dure contre la base sociale qui a soutenu le processus révolutionnaire pendant des années. Le gouvernement de Maduro a donc priorisé le paiement de la dette publique, même si cela signifiait la réduction des importations de nourriture. Elles ont diminué de 76 %. Le revenu par habitant a baissé de 34 %.
Les entreprises mixtes public-privé existent, les privatisations s’accélèrent, et les bureaucrates des ministères agissent selon les désirs du patronat, provoquant une sérieuse vulnérabilité dans la classe ouvrière. Encore début septembre, l’Assemblée Nationale Constituante (ANC)
a annoncé des mesures d’approfondissement de l’économie mixte, en espérant attirer des capitalistes mais sous tutelle de la bureaucratie d’État. En même temps, en espérant garder un soutien social et maintenir la paix, l’ANC a aussi annoncé des augmentations de salaire et la constitution de conseils locaux pour le contrôle de la production et de la distribution.
Un programme pour dégager la bureaucratie
Pour empêcher l’étranglement de l’économie, il faut prendre des mesures socialistes comme la nationalisation de la banque et des grandes entreprises – qui continuent de faire des bénéfices spectaculaires dus à la spéculation – et décréter un monopole d’État sur les exportations et importations. Mais pour que cela marche, il faut le contrôle et la gestion directe et démocratique des travailleurs, pas de bureaucrates et d’entrepreneurs comme aujourd’hui.
Aux élections du 30 juillet pour l’ANC, des centaines de milliers de militants de gauche (principalement chavistes) se sont mobilisés contre la droite mais en exprimant en même temps des critiques envers gouvernement et la bureaucratie. Pendant la campagne, 54 000 pré-candidats se sont présentés comme alternative à ceux proposés par la direction du PSUV. Même si quelques uns ont réussi à se présenter, la plupart ont été exclus par des magouilles.
Les méthodes inacceptables de la bureaucratie, comme les menaces contre les travailleurs pour s’assurer leur vote, favorisent la droite. La seule façon d’éviter que celle-ci reprenne l’offensive c’est l’unité des courants de gauche, y compris chavistes, autour d’un programme socialiste anti-bureaucratique, pour mobiliser massivement les travailleurs et le peuple, pour en finir avec les capitalistes et la bureaucratie, mais aussi avec la pauvreté, les inégalités et la corruption. Cela renouvellerait la confiance des opprimés au Venezuela tout comme la solidarité internationale avec leur révolution face à l’impérialisme et la droite.
Par Diana et Pedro