Tours : il y 100 ans, la fondation du Parti Communiste (2/3)

Ces articles sont parus dans le dossier « Tours : il y 100 ans, la fondation du Parti Communiste » de l’Egalité n°203. Ils sont accompagnés d’autres articles qui seront publiés prochainement sur le site.

Si vous n’avez pas lu les premiers articles, voici le lien qui permet de le faire.

Le combat pour un parti révolutionnaire

La majorité de la SFIO qui a validé l’adhésion à l’Internationale Communiste soutenait la résolution de Loriot – Monatte – Souvarine – Cachin – Frossard, conforme aux 21 conditions. Mais si la minorité des réformistes (motion Longuet – Faure) se sont séparés pour rester en tant que SFIO, la majorité PC-SFIC ne s’était pas débarrassé pour autant du réformisme de la 2ème internationale. Les authentiques militants révolutionnaires dans la SFIC et l’Internationale Communiste (IC) vont tout faire pour que ça devienne un vrai parti communiste, un parti pour la révolution socialiste.

En 1921, le comité exécutif de l’IC dirigé par Zinoviev et dont fait partie aussi Trotsky discute beaucoup du PC. Ils produisent des lettres dans une collaboration fraternelle pour montrer les faiblesses politiques et les corriger. L’IC ne se contente plus d’envoyer des félicitations comme la Deuxième Internationale, mais l’objectif est bien de construire un parti mondial et d’avoir le même programme. D’ailleurs l’IC pointe le manque d’investissement du PC dans l’Internationale et souhaite qu’il comprenne que les affaires du prolétariat des autres pays sont aussi celles du prolétariat français.

Le parti a plus de 100 000 membres mais n’a pas de réelle direction politique qui soit capable d’impulser les choses au niveau national entre chaque congrès. L’IC préconise une réelle direction politique, réellement décidée dans le cadre des congrès qui ne doivent pas se limiter à des tâches administratives.

Le parti n’a pas encore corrigé sa politique erronée du « socialisme parlementaire » avec des élus détachés du parti et des travailleurs. L’IC préconise que les élus soient contrôlés par les sections militantes et qu’ils soient attachés aux luttes des travailleurs en dehors du parlement. Le PC a également une mauvaise politique détachant les questions économiques et les luttes, réservés aux syndicats, et la politique, aux partis. On retrouve cela aujourd’hui d’ailleurs dans la majorité des organisations. L’IC recommande que les militants soient communistes dans le parti et dans les syndicats. Le but n’est pas de subordonner les syndicats au parti mais que tous les membres du parti s’y impliquent pour contrer la politique bureaucratique des directions syndicales. En 1922, Trotsky, au nom de l’IC, préconise d’organiser le prolétariat contre l’offensive du capital, défendre la journée de 8h, l’augmentation des salaires, avoir une politique de front unique avec les organisations réformistes tout en restant indépendant politiquement. Le parti doit attirer les meilleurs éléments de la classe ouvrière pour mieux la défendre.

Toutes les questions ne se règlent pas dans le PC. S’il y a une minorité qui est d’accord avec le programme de l’IC, il y a trois tendances qui s’affrontent en 1922. L’IC ne veut pas de scission car elle est convaincue que la base du PC est communiste mais que certains dirigeants de ces tendances posent problème. Certains courants sont soit sectaires vis-à-vis des réformistes rejetant le front unique, soit trop réformistes. Cela ne va pas rendre la politique du PC assez claire pour les travailleurs. En l’absence d’une direction ferme, le parti ne résistera pas à la stalinisation de l’Internationale.

Par Matthias Louis

L’Humanité, avant que les staliniens ne falsifient l’histoire

Fernand Loriot (1870-1932) : un des véritables fondateurs du PC

En pleine guerre mondiale, Loriot milita pour continuer de montrer aux masses laborieuses que l’ennemi reste la bourgeoisie. Il comprit dès 1915 que la 2ème internationale ne jouerait plus son rôle historique d’emmener les travailleurs vers le socialisme, car elle avait capitulé devant la bourgeoisie. Il luttait contre l’aile droite constituée de carriéristes et d’opportunistes, et pour l’adhésion à l’IC.

Loriot comprenait aussi l’hostilité de certains syndicalistes vis-à-vis des partis politiques en raison de leur expérience décevante de la SFIO. Il cherchait a trouver une solution en poussant les militants du parti à participer et lutter dans les CSR, constitués dans la CGT en 1919, pour gagner la grande masse des syndiqués au communisme.

Il lutta contre la bureaucratisation du parti. Il démontrait que la démocratie est une nécessité vitale pour construire une organisation ouvrière de masse et que la stalinisation du parti empêchait son développement.

Fernand Loriot fait partie de ces révolutionnaires dont les traces, dans ces grandes périodes de l’Histoire, doivent nous servir à construire l’outil de masse combatif dont nous avons besoin pour lutter.

Par Mathieu Jardin