Que nous permettrait un véritable parti de lutte des travailleurs ?

Ni la colère ni l’envie, certes diffuse, ne manquent pour mettre un coup d’arrêt à Macron et aux capitalistes et voir une amélioration de nos conditions de vie. Pourtant, face à Macron et son autoritarisme, on a souvent l’impression d’être face à un rouleau compresseur que rien ne peut arrêter. Les syndicats devraient être les premiers à organiser la lutte mais on ne voit rien venir, et la Nupes a éclaté, faute d’un programme de lutte qui soit à la hauteur de l’offensive capitaliste. Certains blâment les médias. C’est sûr, ils sont la propriété de grands bourgeois. Mais, dans une certaine mesure, ils sont le reflet des débats qui la traversent la société. Et dans le débat, nous, les travailleurs, les jeunes, on n’a pas de voix. Notre gros problème, c’est qu’il n’y a aucun programme sérieux et unifiant pour résister à la politique de Macron porté par les syndicats et les partis.

Rassembler contre le capitalisme

La FI continue d’avoir un rôle essentiel, malgré toute l’eau que sa direction met dans le vin de son programme, surtout depuis la Nupes. Parce que ce sont les travailleurs, les jeunes, les milieux populaires en partie, qui la soutiennent principalement. C’est une base de classe ; la seule en capacité de changer les choses, grâce à son unité la plus large dans la lutte. Mais cette classe, aujourd’hui, n’a pas conscience de son unité et de son pouvoir potentiel. Au contraire, elle est divisée. Et LFI ne cherche pas à se construire sur cette base de classe.

Dans la situation actuelle, c’est le principal point d’appui pour rassembler les gens qui s’opposent au capitalisme. Mélenchon paraît comme le seul qui résiste à la propagande de la classe dirigeante, au moins sur certains éléments : refus du soutien inconditionnel à Israël, critique sur le fond de la politique raciste, dénonciation claire de l’arnaque RN pour les travailleurs… Mais ce n’est pas suffisant.

​Un programme qui devient une force

Pour faire entendre notre voix et peser, il nous faut un programme à la hauteur : qui s’en prenne à la racine des problèmes, c’est-à-dire le capitalisme, dont la base est qu’une toute petite classe sociale possède les principaux moyens de production (et donc décide pour ses propres intérêts). C’est-à-dire pas seulement des revendications sociales (un emploi pour tous, retraite à 60 ans, services publics de qualité, baisse et blocage des prix, etc.) mais aussi qui pose un débat politique. Non, ce n’est pas normal que la société soit aussi injuste ; oui, il y a de quoi satisfaire tous les besoins ; oui, on peut chasser ce gouvernement, sa politique avec, et le remplacer par un gouvernement issu des travailleurs et leurs organisations ; pour cela il faut s’organiser massivement.

Un programme ne pèse pas grand-chose s’il n’est pas défendu. Or, comme disait Karl Marx, « une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses ». C’est cela qu’un véritable parti permettrait de faire. Être des milliers et des milliers à débattre entre nous de ce programme, et à le défendre, convaincre dans nos quartiers, lieux de travail et d’étude, et ainsi modifier la conscience politique !

Cela vaut également pour les débats sur les lieux de travail et dans les syndicats, pour rendre ces derniers plus combatifs et anti-capitalistes. Si la grève est l’instrument le plus puissant des travailleurs dans la lutte de classes, elle n’est pas un instrument magique pour développer la conscience. On ne pourra développer les grèves, même massives comme l’an dernier, au-delà d’un certain stade si une force politique ne pose la question du pouvoir des travailleurs contre celui des capitalistes et n’organise la lutte dans cet objectif.
De même, le combat contre le capitalisme ne se fera pas sans des luttes déterminées contre le racisme, le sexisme, les différentes oppressions.. Et ces luttes spécifiques ne gagneront pas de manière décisive sans s’intégrer à un programme qui veut en finir avec le capitalisme.

​Le rôle de la Gauche Révolutionnaire

Le potentiel et le besoin d’un parti de lutte est énorme. Nous, à la GR, sommes prêts à participer aux initiatives qui permettraient d’avancer vers cela. Mais nous n’attendons pas sans rien faire. Nous participons en ce sens à la FI depuis son lancement en 2017, en défendant la nécessité qu’elle se construise comme une force démocratique et militante, anti-capitaliste.

Surtout, nous disons aux travailleurs et aux jeunes qu’il faut s’organiser contre le capitalisme et pour le socialisme dès maintenant. Des révoltes de masse et des révolutions vont avoir lieu dans cette période de crise mondiale du capitalisme. Nous les préparons dès maintenant : nous construisons les luttes au quotidien, dans les syndicats, nous participons aux batailles politiques pour reconstruire l’unité de la classe ouvrière, tout en défendant notre programme socialiste et révolutionnaire – en France et ailleurs avec notre organisation internationale. Alors rejoignez-nous !

Par Cécile Rimboud, publié dans L’Egalité n°220

Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses (…), à discerner les intérêts de telles ou telles classes. Les partisans des réformes et améliorations seront dupés par les défenseurs du vieil ordre de choses, aussi longtemps qu’ils n’auront pas compris que toute vieille institution, si barbare et pourrie qu’elle paraisse, est soutenue par les forces de telles ou telles classes dominantes. Et pour briser la résistance de ces classes, il n’y a qu’un moyen : trouver dans la société même qui nous entoure, puis éduquer et organiser pour la lutte, les forces qui peuvent – et doivent de par leur situation sociale – devenir la force capable de balayer le vieux et de créer le nouveau.

Lénine, Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme, 1913