Texte du congrès mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière (3/4) : L’Europe en crise, perspectives pour la lutte des classes

Le Congrès mondial de l’Internationale à laquelle est affiliée la Gauche Révolutionnaire, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO/CWI), a eu lieu du 22 au 27 janvier 2022. À cause de la pandémie et des restrictions de voyage, nous avons dû nous réunir par Zoom pour ces six jours de discussion de très haute qualité. Il y avait des camarades de toutes les sections du CIO, en Europe, Asie, Afrique et Amériques. Le Congrès mondial permet de discuter en profondeur de l’analyse de la situation, des perspectives, et des tâches de notre parti mondial et de la classe ouvrière. C’est également là que les délégués élisent la direction internationale sur la base de ces discussions.

Les délégués ont discuté et voté cinq textes (Situation mondiale, perspectives et relations mondiales ; Afrique et Amérique Latine ; Europe ; Les syndicats et notre approche ; Construction du CIO). Voici le troisième. Ici c’est le premier, et là le deuxième.

L’Europe est en proie à une nouvelle vague de Covid, l’Organisation mondiale de la santé prévoyant que, d’ici le printemps prochain, deux millions de personnes seront mortes de la maladie à l’échelle du continent. Alors que, lors de la première vague de la pandémie, les gouvernements ont généralement été en mesure d’accroître temporairement leur soutien sous la bannière de « l’unité nationale » contre le virus, c’est désormais le contraire qui se produit.

En 2020, la zone euro a enregistré une contraction massive de 6,3 %. Cette contraction n’a pas été répartie uniformément. L’économie espagnole s’est contractée de 10,8 %, contre 4,6 % pour l’Allemagne. En dehors de la zone euro et de l’UE, la Grande-Bretagne a été parmi les pays économiquement développés les plus touchés, avec une contraction de 9,8 %. En 2021, la reprise a été plus lente dans la zone euro que la croissance instable aux États-Unis ou en Chine, ce qui reflète les faiblesses particulières du capitalisme européen. Aujourd’hui, la dernière vague de la pandémie, ainsi que certains autres facteurs, menacent même cette reprise limitée. On ne sait pas encore quelle sera la durée de cette dernière vague, ni si elle sera suivie d’un autre pic sévère du virus dû à l’Omicron ou à un autre variant. Si cela se produit, les effets économiques et politiques seront importants. Mais même sans cela, il est clair que le continent est confronté à une phase de crises économiques, sanitaires et environnementales accrues. Cela conduira à de l’instabilité et à des luttes de masse, alimentées d’une part par ce que la classe ouvrière a vécu au cours des dix-huit derniers mois, et d’autre part par ce qui est à venir.

Dans toute l’Europe, le tableau général est celui de gouvernements impopulaires et de plus en plus instables. La nouvelle coalition « feu tricolore » en Allemagne, la plus forte puissance européenne, est fragile par sa nature même. Les deux principaux partis – l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le SPD social-démocrate – ont remporté moins de 50 % des voix ensemble (contre plus de 90 % dans les années 1970), ce qui est une indication claire de l’affaiblissement de la base sociale du capitalisme allemand. Il n’est pas possible d’énumérer tous les gouvernements européens faibles mais, pour donner des exemples, après huit mois de marchandage, un gouvernement de coalition doit encore être formé aux Pays-Bas. Le Portugal est confronté à des élections générales anticipées après l’effondrement de son gouvernement. En Suède, le gouvernement dirigé par la toute première femme Premier ministre, Magdalena Andersson du SPD, n’a duré que sept heures avant de s’effondrer, et d’être réformé de manière chancelante. La chancelière autrichienne a dû démissionner face à des accusations de corruption en octobre 2021, les crises gouvernementales ne sont pas nouvelles là-bas, le pays a connu six administrations depuis mai 2016. L’Irlande, comme l’Allemagne, a un gouvernement de coalition instable. L’issue de l’élection présidentielle française est incertaine. Le premier ministre conservateur britannique, Boris Johnson, est de plus en plus attaqué par la presse capitaliste, et au sein de son propre parti, à la fois en raison des profondes divisions au sein des Tories, et parce que son côté « trumpiste », en fait un représentant peu fiable des intérêts de la classe capitaliste britannique.

À l’échelle du continent, la rage sous-jacente contre tout ce que la classe ouvrière a subi, qui s’est accumulée en particulier depuis la Grande Récession, commence à refaire surface. Cependant, le rôle généralement lamentable de la direction du mouvement syndical et l’absence de partis ouvriers de masse signifient que la colère peut éclater de manière inattendue, confuse et épisodique. L’implication de sections de la classe ouvrière dans le mouvement des gilets jaunes en France est un exemple d’un tel phénomène. Les importantes manifestations contre les restrictions du gouvernement liées au Covid qui ont balayé de grandes parties de l’Europe reflètent partiellement ce phénomène et le manque total de confiance dans toutes les institutions du capitalisme, surtout dans les politiciens capitalistes. Ceci, ainsi que l’échec total des directions syndicales et des partis de gauche à proposer une politique alternative par rapport au Covid et à mobiliser pour la faire appliquer, ont permis à ces manifestations d’apparaître comme la seule option pour exprimer la colère, tout en fournissant un terrain favorable aux forces de droite pour faire des gains. La composition de classe, le degré auquel les forces d’extrême droite dominent ces mouvements et l’ampleur des manifestations varient considérablement d’un pays à l’autre.

À ce stade, cependant, seule une très petite minorité de la classe ouvrière exprime sa colère en participant aux manifestations « anti-vax ». En particulier dans les pays où les nouvelles mesures de confinement contre l’ensemble de la population sont imputées aux non-vaccinés, nous pouvons constater des divisions accrues au sein de la classe ouvrière sur cette question. Comme nous l’avons fait jusqu’à présent, nous devons continuer à proposer un programme habilement expliqué, adapté à la situation spécifique, mais pointant toujours vers la responsabilité du capitalisme dans les crises causées par la pandémie, et définissant des revendications qui pointent vers la nécessité du contrôle ouvrier. 

Nous avons dû développer notre programme en continu en fonction de la situation pandémique et de la conscience des masses. Nous avons proposé un programme pour une lutte efficace contre la pandémie dans l’intérêt de la classe ouvrière, qui comprend des revendications pour la nationalisation de l’industrie pharmaceutique, des brevets libérés pour les vaccins, un système de santé publique, plus de personnel et des salaires plus élevés pour les travailleurs hospitaliers, etc.

Conflit intercapitaliste

Les divisions sur le Covid ne sont qu’un aspect des tensions croissantes à travers l’Europe, entre et au sein des classes et des nations. Toutes ces tensions vont encore s’intensifier dans la période à venir. Dans un monde multipolaire de plus en plus conflictuel, la pression est immense sur les classes capitalistes d’Europe de se rapprocher afin d’agir comme un bloc commun efficace. En même temps, cependant, les intérêts de plus en plus conflictuels des différentes classes capitalistes nationales renforcent également les forces centrifuges. Celles-ci auront tendance à se manifester lorsque l’UE s’efforcera de trouver une réponse commune aux multiples crises auxquelles elle sera confrontée. La fin de « l’ère Merkel », dans une conjoncture économique et politique très incertaine, marque le début de nouvelles relations plus conflictuelles entre les différentes puissances de l’UE, avec de futurs « Brexits », un éclatement de la zone euro, ou même une fracture et une reconfiguration de l’UE sont de réelles possibilités. Le Brexit de Johnson, et les négociations sans fin avec l’UE qui en résultent, affaiblissent encore plus le capitalisme britannique. Cela peut servir d’avertissement, mais en fin de compte, cela n’annulera pas les intérêts contradictoires des différentes classes capitalistes d’Europe, ni la méfiance croissante des populations envers l’UE.

Face aux crises nationales, les politiciens capitalistes s’appuient de plus en plus sur le nationalisme pour tenter de consolider leur base sociale. Cela est clairement démontré de part et d’autre dans la prise de bec répugnante entre Johnson et le président français Emmanuel Macron à propos de la noyade de 27 réfugiés dans la Manche, ainsi que par l’utilisation cynique des réfugiés par le président biélorusse Alexandre Loukachenko pour faire pression sur l’UE. La crise climatique croissante, la guerre et l’appauvrissement créeront inévitablement de nouvelles vagues de migration de masse. L’horreur de voir un nombre croissant de personnes se noyer dans la Manche parce que les clôtures autour du port de Calais ont été construites assez haut pour bloquer d’autres méthodes, légèrement plus sûres, pour se rendre en Grande-Bretagne, est une autre démonstration qu’aucune répression ne pourra empêcher la migration. Les tensions politiques actuelles concernant les réfugiés ne sont toutefois pas déclenchées par une nouvelle vague de migration. Les demandeurs d’asile arrivant en Grande-Bretagne, par exemple, sont actuellement deux fois moins nombreux que dans les années 2000. Le conflit est le reflet des postures nationalistes des gouvernements britannique et français. Comme dans l’affrontement sur les droits de pêche, l’intérêt objectif du capitalisme britannique et français pourrait être de résoudre discrètement les problèmes en coulisses, mais les événements ne sont pas entièrement sous leur contrôle.

Le conflit actuel sur le protocole nord-irlandais reste potentiellement la conséquence la plus dangereuse du Brexit. Tant pour l’UE que pour le gouvernement britannique, le risque d’une escalade du conflit sectaire est passé après la défense de leurs intérêts étroits. Cependant, le gouvernement Johnson craint les conséquences économiques et politiques néfastes du déclenchement de l’article 16 et subit une pression considérable de la part de Biden pour ne pas s’engager dans cette voie. Cela pourrait également être le point de bascule vers la destitution de Johnson en tant que Premier ministre, et il semble envisager de tenter de parvenir à un accord de « compromis ». Cela reste toutefois extrêmement difficile étant donné la nécessité pour l’UE de défendre le marché unique, les objections des protestants d’Irlande du Nord à toute frontière en mer d’Irlande et la crainte de Johnson de subir des attaques de la part de la droite de son parti s’il est perçu comme faisant des concessions à l’UE.

Il est clair que les relations sont particulièrement conflictuelles avec la Grande-Bretagne, mais des conflits similaires se développeront de plus en plus au sein de l’UE. Les tensions centrifuges croissantes sont aussi bien Est/Ouest que Nord/Sud. Par exemple, le paiement de la première tranche de la part de la Pologne du plan de relance Covid, qui s’élève à 36 milliards d’euros, a été retardé, par le conflit actuel concernant les incursions bonapartistes du gouvernement polonais dans l' »indépendance » du système judiciaire polonais. Cette situation ne semble pas, à court terme, susceptible de conduire au « Polexit », bien que cela puisse changer à l’avenir. Actuellement, plus de 80 % des Polonais souhaitent rester dans l’UE, qu’ils considèrent toujours comme une voie vers une plus grande prospérité, et la Pologne est bénéficie nettement des fonds de l’UE, ce qui incite fortement le gouvernement à y rester. Dans le même temps, pour l’UE, la Pologne est importante dans le cadre des conflits croissants avec la Russie et les États d’Europe orientale qui s’orientent vers Moscou. Toutefois, cela n’empêchera pas les tensions croissantes entre la Pologne et les puissances dominantes de l’UE.

Des conflits peuvent également apparaître sur la manière de traiter certains aspects de la politique étrangère. Les différentes puissances de l’UE continuent d’adopter des approches différentes à l’égard de l’entreprise technologique chinoise Huawei, reflétant les divisions sur la question de savoir jusqu’où aller pour se joindre à la tentative de blocage de Biden contre la Chine. La Chine est le premier marché d’exportation de l’Allemagne, ce qui rend Berlin particulièrement hésitant. Il est également peu probable que la Commission européenne parvienne à concrétiser sa proposition de mobiliser 300 milliards d’euros pour une tentative européenne de rivaliser avec l’initiative chinoise Belt & Road. Plus près de nous, le renforcement des troupes russes à la frontière de l’Ukraine, ainsi que l’augmentation des livraisons d’armes de l’OTAN à l’Ukraine, font planer la menace d’une nouvelle guerre. Dans le même temps, les divisions au sein de l’UE au sujet du nouveau gazoduc russe Nord Stream 2 reflètent les divergences sur la manière de traiter le régime russe en général.

En Bosnie-Herzégovine, la menace de sécession de la zone serbe fait se rapprocher la possibilité d’un nouveau conflit militaire comme jamais depuis 1995. Milorad Dodik, le membre serbe de la « direction tripartite », refuse de reconnaître le « haut représentant » européen qui, en vertu des accords de Dayton, dispose de pouvoirs dictatoriaux pour gouverner. Dodik a déclaré que si l’UE retirait ses fonds, ils obtiendraient des ressources de la Russie ou de la Chine à la place. La restauration du capitalisme dans la région a conduit, dans les années 1990, à des guerres civiles sanglantes, puis à un quart de siècle de division ethnique sous la supervision des puissances impérialistes. Aujourd’hui, alors que la tension entre ces grandes puissances s’accroît au niveau mondial, une nouvelle guerre des Balkans ne peut être exclue. Sur toutes ces questions, des divisions existent au sein de l’UE sur la meilleure façon de réagir.

La crise du capitalisme européen se traduit également par la résurgence des questions nationales à l’intérieur des États-nations existants. En mai 2021, en Écosse, une majorité des députés élus se sont engagés à soutenir un second référendum sur l’indépendance. À ce stade, la direction du Scottish National Party (SNP) ne veut pas porter la question à bout de bras, elle ne sera donc peut-être pas posée de manière tranchée avant un an ou deux, mais quelles que soient les intentions du SNP, ce sera un terrain de lutte central pour la classe ouvrière écossaise au cours de la prochaine période. Il en va de même en Catalogne, où les partis pro-indépendance ont remporté la majorité absolue des voix (52%) lors des élections au parlement catalan de 2021. Dans le même temps, l’opposition nationaliste espagnole à l’indépendance de la Catalogne a été utilisée comme une force de mobilisation par la droite. La question nationale peut également être mise en avant dans d’autres endroits, et constituera un test important pour les forces de gauche. Un élément de l’échec des « nouvelles formations de gauche » post-2007 a été leur approche erronée de la question nationale, en particulier le corbynisme et Podemos.

Intégration économique ?

Sur le plan économique, cependant, dès 2020, en réponse à la première phase de la pandémie, l’UE a pris ce qui semblait à première vue être des mesures d’intégration. Le plan de relance de 750 milliards d’euros a été pour la première fois emprunté collectivement par la vente d’obligations de la Commission européenne, la majorité de cette somme devant être distribuée sous forme de subventions plutôt que de prêts. Cet accord est toutefois le fruit de sa faiblesse et non de sa force. Le sommet a été le plus long jamais organisé et a duré trois jours de plus que prévu. L’accord a finalement été conclu car, à défaut, l’UE aurait été confrontée à une catastrophe. Cependant, il n’a pas marqué une étape qualitative vers l’intégration de l’UE. La totalité de la dette existante demeure la responsabilité des États nations individuels, et la dette n’est pas entièrement commune car elle n’est pas garantie « conjointement et solidairement ». En réalité, la question de savoir comment la rembourser et qui en serait responsable a été mise de côté.

La première tranche de cet argent, qui ne représente que 13 %, n’a été versée aux gouvernements nationaux (mais pas à la Pologne !) qu’à l’été 2021. Cette lenteur par rapport aux plans de relance des États-nations a inévitablement intensifié les souffrances des économies les plus faibles de l’UE. L’économie de l’Espagne est toujours 6,6 % plus petite qu’avant la pandémie, alors que l’inflation, à 5,5 %, est supérieure à la moyenne de la zone euro. En outre, même maintenant que les mesures de relance commencent à être mises en œuvre, elles ne ressemblent pas le moins du monde au plan Marshall auquel elles ont été comparées. C’est l’Espagne qui recevra le plus en 2021-22, soit l’équivalent d’environ 3 % du PIB. Bien que cela puisse avoir un effet limité, ces paiements sont liés au fait que le gouvernement social-démocrate dirigé par le PSOE laisse en vigueur les principaux éléments des lois antisyndicales vicieuses du gouvernement de droite capitaliste du PP, ainsi qu’aux privatisations et aux « mesures d’efficacité ». Les paiements futurs dépendront de la mise en œuvre des « réformes » nécessaires, avec le droit, non seulement pour la Commission européenne, mais aussi pour n’importe quel État membre, de mettre fin aux paiements si un gouvernement ne met pas en œuvre les privatisations ou les attaques requises contre la classe ouvrière. En fait, la seule certitude concernant les politiques de l’UE pour la prochaine période est la poursuite des tentatives de faire payer la crise à la classe ouvrière, les ficelles des plans de relance étant utilisées comme un bélier contre les droits de la classe ouvrière, en particulier dans les pays « périphériques ». La Commission européenne a déjà adressé des avertissements à l’Italie pour ne pas avoir « suffisamment limité » la croissance de ses « dépenses courantes à financement national » et l’a exhortée à prendre des mesures immédiates pour réduire le niveau de sa dette.

Pas de solution claire pour l’avenir

Après avoir été obligées de mettre en œuvre des plans de relance massifs au plus fort de la pandémie, les grandes puissances capitalistes du monde entier hésitent maintenant sur l’approche à adopter pour la période à venir. Au sein de l’UE, les « faucons » n’ont accepté le plan de relance qu’à contrecœur, en partant du principe qu’il s’agirait d’une mesure ponctuelle. Bien entendu, une nouvelle phase de crise catastrophique peut les faire revenir sur leur position. Mais indépendamment de cela, il est clair qu’il sera extrêmement difficile pour les différentes classes capitalistes de l’UE de négocier une voie à suivre alors qu’aucune d’entre elles n’a la moindre idée de ce à quoi elles sont confrontées ou des meilleures politiques à adopter pour combattre la crise.

Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et actuel premier ministre italien, a fait savoir publiquement qu’il pense que les règles néolibérales vicieuses du Pacte de stabilité et de croissance (PSC) qu’il a présidé (suspendues jusqu’en 2023 pendant la pandémie) sont dépassées et doivent être réécrites. Étant donné que les dettes nationales de treize États dépassent la limite de 60 % prescrite par le PSC, il énonce une évidence. Cependant, la nomination au poste de ministre allemand des Finances de Christian Lindner, leader des Libéraux-démocrates néolibéraux et opposant au plan de relance Covid, indique que le gouvernement allemand voudra limiter l’assouplissement des règles.

Dans le même temps, l’inflation dans l’UE a atteint 4,1 %, et les avis sont clairement partagés sur le moment de relever les taux d’intérêt. Une telle mesure augmenterait le coût de la dette pour les entreprises et la population, et aggraverait la crise économique, notamment dans les pays les plus faibles de la zone euro. L’inflation a toutefois atteint près de 6 % en Allemagne, ce qui accroît la pression pour agir.

L’UE est également confrontée à un dilemme quant à la date d’arrêt du programme actuel d’achat d’obligations d’État de la BCE. Il est prévu qu’il prenne fin au printemps 2022, mais cela pourrait déclencher l’ouverture d’un fossé entre les obligations allemandes et les obligations italiennes et espagnoles, plus risquées. C’est l’un des nombreux événements futurs qui pourraient déclencher une nouvelle crise de la dette souveraine, impliquant éventuellement l’Italie et/ou l’Espagne. En tant que troisième et cinquième économies de l’UE, cette crise éclipserait celle de la dette souveraine grecque. Les sommes convenues dans le cadre du plan de relance de l’UE seraient totalement inadéquates pour faire face à un tel scénario. Alors qu’il serait clairement dans l’intérêt de l’impérialisme allemand de maintenir la zone euro, dans le contexte d’une nouvelle étape de la crise économique à l’échelle du continent, cela ne serait pas nécessairement possible. Un gouvernement allemand qui défendrait l’idée de dépenser des sommes énormes pour renflouer la zone euro, alors que les travailleurs allemands sont confrontés à un chômage de masse, par exemple, serait confronté à une révolte massive et à une éviction du pouvoir. Il en irait de même en France.

Soulignant les dangers auxquels la zone euro est confrontée, la BCE a repris le fameux commentaire de l’économiste Alan Greenspan sur « l’exubérance irrationnelle », pointant du doigt les dangers de l’énorme niveau de la dette des entreprises et des États, mais aussi les bulles dans de larges pans des marchés de l’immobilier, de la dette et des crypto-monnaies qui les rendent « de plus en plus sensibles aux corrections », qui pourraient être déclenchées par une « reprise du marché plus faible que prévu » ou une « réintensification des tensions dans le secteur des entreprises non financières ». Tous ces dangers sont accrus par la poussée actuelle du virus, mais ne disparaîtront pas lorsque la pandémie aura reculé.

Reprise de la lutte des classes

Cependant, même avant une nouvelle phase de crise économique, la reprise est atone pour la majorité de la classe ouvrière. La colère s’est accumulée pendant la pandémie, tout comme une certaine conscience accrue du pouvoir collectif de la classe ouvrière, en tant que personnes « essentielles » au fonctionnement de la société. Ce sentiment sous-jacent est maintenant alimenté par l’inflation qui dépasse les salaires, et conduit à une augmentation des luttes syndicales militantes dans un certain nombre de pays. Dans certains pays, les programmes de soutien en cas de pandémie sont encore partiellement en place, et leur retrait pourrait également alimenter la lutte. Les gouvernements capitalistes peuvent, au moins partiellement, sentir les tempêtes de la lutte des classes qui s’annoncent à l’échelle du continent. Beaucoup d’entre eux tentent de s’y préparer avec de nouvelles législations répressives, par exemple en essayant de limiter le droit de manifester.

En Italie, en octobre, une grève générale de 24 heures a eu lieu contre les politiques salariales et de retraite du gouvernement, et la levée de l’interdiction des licenciements qui existait pendant la pandémie. L’occupation de l’usine GKN de Florence en réponse à la menace de fermeture, avec des dizaines de milliers de manifestants en soutien aux occupants, est une autre indication d’une nouvelle phase de lutte en Italie. À ce stade, dans les autres pays, les grèves ont généralement un caractère local et/ou sectoriel, principalement en raison de l’absence totale d’impulsion de la part des dirigeants syndicaux de droite, mais elles n’en sont pas moins significatives. En Espagne, la grève de neuf jours des métallurgistes de Cadix a été confrontée à une brutalité policière féroce, le gouvernement autorisant notamment l’utilisation de chars d’assaut déclassés contre les grévistes. Dans presque tous les pays, des sections de travailleurs, souvent dirigées par les travailleurs des transports, agissent pour réclamer des augmentations de salaire. Parmi eux, les enseignants en Hongrie, le personnel des crèches en Autriche, les cheminots en France et bien d’autres encore. En Belgique, même les forces de police ont organisé des manifestations de masse pour les salaires et les pensions. En Grande-Bretagne, l’élection de Sharon Graham au poste de secrétaire générale de Unite est le reflet d’une augmentation du militantisme sur le lieu de travail, que son élection a encore alimentée. Le syndicat est actuellement impliqué dans plus de 50 conflits réels. Cet état d’esprit est également à l’origine de l’élection de Carmel Gates, membre du CIO, au poste de secrétaire général du plus grand syndicat du secteur public en Irlande du Nord, le NIPSA.

Échec des « nouvelles » formations

Ces étapes vers une riposte plus généralisée sur les lieux de travail se déroulent toutefois dans un contexte d’extrême faiblesse, voire d’absence totale, de formations de masse de gauche. Les « nouvelles formations » de l’ère post-2007 se sont révélées tout à fait insuffisantes. D’une manière générale, leurs programmes très limités et le manque d’implication active de la classe ouvrière les ont amenées à reculer rapidement ou à trahir face aux attaques des capitalistes. Dans certains pays, cela peut conduire à un détournement temporaire de l’arène politique, jugée « trop difficile », par d’importantes sections combatives de la classe ouvrière.

En Grande-Bretagne, le corbynisme a été défait de manière décisive au sein du parti travailliste, et le leadership de la droite blairiste s’est consolidé sous la direction de Keir Starmer. Les militants de gauche sont expulsés du Labour par milliers, et Jeremy Corbyn lui-même n’est pas autorisé à siéger en tant que député travailliste. Sous l’impact de ces événements, un petit syndicat, le Bakers’ Union, s’est désaffilié du Labour. Unite, le plus grand syndicat affilié au parti travailliste, a adopté une motion exigeant que les conseillers municipaux soutiennent des « budgets sans coupes et axés sur les besoins », et Sharon Graham évoque la nécessité d’une « politique des travailleurs ». Potentiellement, cela ouvre la voie à Unite, et à d’autres militants syndicaux, pour se présenter aux élections sur la base d’un programme anti-coupes, pour lequel nous faisons campagne. Cependant, à l’heure actuelle, à part nous-mêmes et d’autres membres du TUSC, aucune force sérieuse du mouvement ouvrier ne se lance dans les élections.

En Espagne, l’entrée de Podemos au gouvernement en tant que partenaire junior du PSOE, plutôt que de leur permettre d’accéder au pouvoir en tant que gouvernement minoritaire, a marqué le franchissement du Rubicon. Cela a entraîné d’énormes revers électoraux pour Podemos, qui n’est plus considéré par les masses comme étant en opposition à  » l’establishment « , mais plutôt comme en faisant partie. Au Portugal, le Bloc de gauche (BE) et le Parti communiste (PCP) ont commis des erreurs similaires, encore une fois, non pas parce qu’ils ont permis au PSP social-démocrate d’arriver au pouvoir, mais parce que – tout en ne rejoignant pas formellement le gouvernement – ils ont formé un pacte qui a donné de la stabilité au gouvernement, sans obtenir d’engagements pour arrêter les attaques contre le niveau de vie de la classe ouvrière. Ils ont ensuite continué à soutenir le gouvernement pendant qu’il utilisait des lois anti-syndicales contre une série de grèves. En conséquence, les deux partis ont été punis par ceux qui avaient voté pour eux. En réponse à la pression de la base et à la vague de grèves qui a balayé le Portugal, le BE et le PCP n’ont pas voté pour le budget du PSP, ce qui a entraîné la chute du gouvernement. Si le Bloc de gauche et le Parti communiste formaient maintenant S’ils avaient formé un front uni, avec un programme socialiste, lié à la nécessité d’une action syndicale de masse contre l’austérité, ils auraient pu franchir des étapes importantes. Cela n’est toutefois pas l’approche qu’ils ont choisie, et ils ont subi de nouvelles pertes électorales lors des élections générales.

En France, Mélenchon n’a pas développé La France Insoumise en un parti structuré démocratiquement, lié aux luttes de masse et basé sur la classe ouvrière. Au lieu de cela, elle reste une organisation déclinante, essentiellement axée sur son rôle en tant qu’individu. Il se présente aux élections présidentielles sous le nom d’un nouveau véhicule, l’Union Populaire. Néanmoins, Mélenchon se situe actuellement autour de 10 % dans les sondages d’opinion pour l’élection présidentielle et, s’il mène une campagne combative à destination de la classe ouvrière, il est possible que son vote dépasse les sept millions qu’il a obtenus en 2017, principalement auprès des milieux populaires. Cela pourrait même réussir à couper l’herbe sous le pied des candidats de droite actuellement dominants, et permettre à Mélenchon d’accéder au second tour. Ceci, à son tour, poserait la nécessité d’un parti ouvrier parmi une couche importante de la classe ouvrière. Le potentiel de la gauche à faire des percées électorales est également démontré par le succès en Croatie d’une formation « de type Podemos », Mozemo, qui a été fondée en 2019. Leur candidat a remporté la mairie de Zagreb en mai 2021, mais le caractère de leur base sociale n’est pas clair, pas plus que la question de savoir s’ils ont tiré des leçons des erreurs fondamentales de la direction de Podemos.
Die Linke n’a absolument pas réussi à tirer parti de la colère croissante à l’égard de l’establishment capitaliste en Allemagne ; il a perdu près de la moitié de ses voix lors des élections générales et a tout juste réussi à entrer au Parlement, bien qu’il soit passé sous la barre des 5%. Des scissions au sein de Die Linke pourraient se produire au cours de la prochaine période. En général, il est peu probable que ces formations servent de précurseurs directs au développement de nouveaux partis ouvriers de masse. Des forces nouvelles, issues des batailles de classe massives à venir, seront la principale force motrice de ces formations. Bien que nous ne puissions pas prédire à quelle vitesse les nouvelles formations se développeront, nous devons nous préparer à ce que le processus soit très rapide une fois que la classe ouvrière verra un moyen viable de lutter pour ses intérêts sur le plan politique. Tout comme Syriza en Grèce, qui est passé de 4,6 % des voix à la victoire aux élections générales en six ans, les nouveaux partis peuvent faire des percées très rapides. Tirant les leçons de la dernière décennie, certains auront tendance à avoir un point de départ plus élevé que la première vague de « nouvelles formations ». Il est bien sûr possible que certains de ceux qui ont participé à la première vague jouent un rôle dans le développement des nouvelles formations. Il n’est pas non plus anormal que nous intervenions dans des formations existantes dans certains cas, tout en maintenant notre propre programme et profil indépendants. Même si une formation existante était clairement en phase terminale de déclin, cela pourrait être tactiquement correct dans certains cas, si ça permettait d’améliorer notre profil et d’atteindre une section plus large de travailleurs et de jeunes.

Reprendre les vieilles armes

L’une des caractéristiques de cette période est que, cherchant des moyens d’exprimer sa colère contre l’ordre existant, la classe ouvrière peut temporairement utiliser toutes sortes d’armes électorales. Cela signifie que, si elles parviennent à s’accrocher à l’existence malgré leurs racines peu profondes, il n’est pas exclu que différentes nouvelles formations de « gauche » aient une nouvelle vie électorale à l’avenir, même si elles ont trahi la classe ouvrière au gouvernement. Ce n’est cependant pas la même chose que de se développer en tant que partis de lutte de masse de la classe ouvrière.

Il est à noter que, dans quelques pays, les partis communistes, qui ont généralement une base ouvrière plus solide que les « nouvelles formations de gauche », ont connu une certaine croissance électorale. Ils sont arrivés en tête, avec 29% des voix, lors des élections locales de 2021 dans la deuxième ville d’Autriche, Graz. En Grèce, le KKE, qui a conservé une certaine base dans la classe ouvrière, mais qui a eu une attitude très sectaire, semble maintenant être en train de s’adapter à l’évolution de la situation. Devenir plus ouvert à la coopération avec d’autres dans le mouvement des travailleurs.

En Belgique, le Parti du travail (PTB), d’origine maoïste, a remporté en 2019 8,6 % des voix au niveau national, et 13,8 % en Wallonie. Il compte désormais plus de 150 élus, dont 12 au parlement fédéral. Malgré ses limites politiques, notamment une structure non démocratique et descendante, le PTB pourrait faire de nouvelles avancées, du fait de sa rhétorique pro-ouvrière, du fait qu’il est le seul parti bilingue au parlement, et aussi, avec l’extrême droite, du fait qu’il est l’un des rares partis à ne pas faire partie de l’actuelle coalition gouvernementale. The Economist a commenté que « les électeurs mécontents des régions déprimées ont servi de fourrage à la droite radicale dans toute l’Europe », mais que la « politique astucieuse » du PTB a « inversé cette tendance, entraînant les électeurs de l’autre côté ». Pour toute force trotskyste sérieuse essayant de se construire en Belgique, il serait nécessaire de poser des exigences au PTB. Ceux qui se sont séparés de nous lors de la scission de 2019, cependant, semblent avoir adopté une  » stratégie  » consistant à essayer de prétendre que le PTB n’existe pas, sans approche systématique de ceux qui sont attirés par lui. De plus, le Parti communiste autrichien est arrivé en tête des élections locales de 2021 dans la deuxième ville d’Autriche, Graz, avec 29% des voix. Il semble avoir obtenu un soutien par le biais d’une campagne dans les quartiers et par le fait que ses conseillers ne touchent qu’un salaire de travailleur. Le fait que près d’un tiers des électeurs étaient prêts à voter pour des candidats se présentant comme communistes constitue également un changement pour cette époque.

Compte tenu de la base peu profonde de tous les partis de l’establishment, nous devons nous préparer à toutes sortes d’oscillations électorales soudaines. Actuellement, on assiste à une certaine résurgence électorale des partis sociaux-démocrates dans un certain nombre de pays. Le plus souvent, comme en Allemagne, où le SPD a obtenu le troisième plus mauvais résultat de son histoire, bien qu’il ait « gagné » les élections, cela résulte d’une baisse du vote des partis traditionnels du capitalisme plutôt que d’une augmentation spectaculaire des partis sociaux-démocrates. Néanmoins, dans la première phase des nouveaux gouvernements dirigés par les sociaux-démocrates, il y a forcément des espoirs parmi les sections de la classe ouvrière que les choses « s’améliorent ». Ces espoirs seront toutefois superficiels et se briseront relativement vite. Dans certains cas, les partis sociaux-démocrates seront des représentants plus fiables des intérêts de la classe capitaliste que les forces de plus en plus affaiblies et divisées des partis capitalistes traditionnels. On remarque également que les Verts, encore une fois souvent en dépit du fait qu’ils ont déjà joué un rôle pourri dans les gouvernements au cours des dernières décennies, connaissent un nouveau souffle électoral dans un certain nombre de pays, alimenté par le désir d’action sur le changement climatique. Ils font désormais partie de coalitions des gouvernements en Allemagne, en Irlande, en Autriche, en Belgique, en Finlande et au Luxembourg, parfois avec des partis ouvertement de droite. Le résultat inévitable sera de briser toute illusion qu’ils offrent une alternative de gauche aux partis de l’establishment, ou qu’ils sont capables de prendre des mesures efficaces pour faire face à la crise climatique.

Le populisme de droite

L’autre canal électoral que des sections de la classe ouvrière et de la classe moyenne empruntent pour exprimer leur colère est, bien sûr, les forces populistes de droite et d’extrême droite. En Italie, les Frères d’extrême droite, qui célèbrent ouvertement le règne de Mussolini, ont maintenant dépassé la Ligue dans les sondages d’opinion, en partie à cause du soutien de la Ligue au gouvernement Draghi. En France, l’animateur de talk-show néolibéral ultra-raciste, Zemmour, est proche de Le Pen dans certains sondages pour l’élection présidentielle, avec les deux entre 15 et 20% des voix. Bien que ce ne soit pas le plus probable, il n’est pas exclu que l’un ou l’autre d’entre eux puisse remporter l’élection présidentielle. Sur tout le continent, étant donné le vide à gauche et la faillite des principaux partis capitalistes, il existe un espace pour le développement de forces populistes de droite. En Grande-Bretagne, par exemple, l’un des rares pays où il n’existe actuellement aucune formation significative de ce type, c’est uniquement parce qu’elle a été temporairement subsumée dans le soutien à l’aile Johnson du parti Tory. Au fur et à mesure que la colère grandira face à l’incapacité de Johnson à « niveler par le haut » les communautés de la classe ouvrière, de nouvelles formations de droite émergeront.

D’une manière générale, les formations d’extrême-droite restent essentiellement électorales. Néanmoins, leur croissance et celle du populisme de droite a donné confiance dans certains pays à des bandes fascistes, et à une certaine augmentation des activistes d’extrême droite au sein des forces de police et de l’armée. Nous avons également assisté à une augmentation des attaques racistes et des attentats terroristes d’extrême droite, ces derniers étant généralement le fait de « loups solitaires ». Dans le même temps, l’humeur antiraciste de la majorité, en particulier des jeunes, a augmenté, comme l’a démontré le soutien massif au mouvement BLM en 2020. À mesure que les mouvements de masse de la classe ouvrière se développent, les populistes de droite auront tendance à être repoussés. Néanmoins, étant donné l’absence de partis ouvriers de masse avec des programmes de combat à ce stade, ils peuvent et vont resurgir.

En Europe de l’Est, les forces nationalistes de droite sont au pouvoir en Pologne et en Hongrie, et gagnent du soutien dans certains autres pays. En Estonie, par exemple, les populistes de la droite nationaliste sont en tête des sondages d’opinion pour la première fois. En Pologne, le parti Droit et Justice (PiS) a pu remporter les élections générales de 2020 en partie parce qu’il avait donné quelques miettes à la classe ouvrière lors de son premier gouvernement, notamment en abaissant l’âge de la retraite, en augmentant le salaire minimum et en introduisant une allocation pour enfants. Cela a été combiné avec le fait de fouetter le nationalisme, d’augmenter la répression et d’attaquer les droits des femmes et des personnes LGBTQ+. Lorsque, en 2016, le gouvernement PiS en Pologne a tenté pour la première fois de s’attaquer au droit à l’avortement, qui était déjà extrêmement limité, il a été contraint de reculer par un mouvement de masse. Maintenant, il a mis en œuvre une interdiction quasi totale du droit à l’avortement.

Conclusion

Nous entrons dans une période qui présente un certain nombre d’éléments de complication, en particulier l’absence de partis ouvriers de masse et l’espace continu pour le populisme de droite. Cependant, ce serait une grave erreur de considérer ces complications comme les caractéristiques les plus importantes de l’ère dans laquelle nous entrons. Ce qui sera central, ce sont les crises du capitalisme et les luttes de masse qui se développeront en réponse à celles-ci. Sous les coups de marteau de l’expérience depuis 2007/8, la compréhension de larges sections de la classe ouvrière avait déjà fait d’énormes progrès par rapport à la période qui a suivi l’effondrement du stalinisme. Sous le couvert de la pandémie, une nouvelle radicalisation a eu lieu, même si elle n’a pas encore été pleinement révélée. Les événements à venir verront de bien plus grands bonds en avant, et des opportunités de construire des sections puissantes du CIO à travers le continent où nous avons commencé.