Tchad : instabilité après la mort d’Idriss Déby

Le Tchad, depuis son indépendance en 1960, n’a connu que des dictateurs. Cela a été un enchaînement de coups d’État et de guerres civiles, avec des groupes armés soutenus par d’autres pays voisins ou voulant leur place au pouvoir. À chaque fois, l’État français est intervenu pour défendre ses intérêts. Encore récemment, il a soutenu le régime face aux islamistes de Boko Haram – comme il le fait au Nord Mali avec l’opération Barkhane (qui a son QG dans la capitale tchadienne N’Djaména).

Évidemment, il s’agit de défendre les multinationales françaises qui avaient le contrôle de l’économie tchadienne il y a encore quelques années: Vinci et Bouygues pour la construction, Total pour les hydrocarbures, la CFAO Motors pour les voitures françaises, etc. Mais aujourd’hui les Tchadiens roulent en voitures japonaises, dans la construction et le pétrole des entreprises chinoises ont raflé les marchés, le coton a été racheté par une entreprise singapourienne et l’élevage par l’État tchadien et d’autres États africains. L’impérialisme français continue pourtant à dépenser dans l’armée sur place pour maintenir une place.

L’ancien président Idriss Déby est mort le 20 avril dans des circonstances floues. Son bilan reste 31 ans au service de l’impérialisme français, pendant que la population tchadienne fait partie des plus pauvres du globe. Il aurait été victime des combats avec le Fact (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad) qui a sa base en Libye et mène sess attaques au nord du pays. Les travailleurs et la population n’ont rien à espérer de ce genre de groupes armés qui n’apporteront pas de changement, pas plus évidemment que le conseil militaire de transition (CMT) qui a été mis en place avec les fils de Déby et ses soutiens.

Volonté de changement

Des manifestations ont commencé pour refuser ce CMT qui entend continuer la politique de Déby car les travailleurs et les jeunes veulent de meilleures conditions de vie et de travail et la démocratie. Les capitalistes eux entendent bien continuer à faire leurs profits et le font sentir au CMT en ayant bloqué les opérations de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement. Le 27 avril, une dizaine de personnes ont été tuées par l’armée lors des manifestations et plus de 600 arrêtées, mais cela n’empêche pas la colère ni les manifestations de continuer.

Un front pacifique d’organisations d’opposition, le Wakit Tama, a été créé. Mais une partie d’entre elles est déjà passée au gouvernement. Si les travailleurs et les jeunes veulent un véritable changement, alors il faut qu’ils s’organisent dans un parti qui défende leurs intérêts de classe contre les exploiteurs tchadiens comme impérialistes (français, chinois ou autre). Il n’y aura pas de développement du pays sans sortie du capitalisme, en se débarrassant des vautours qui le pillent. Les travailleurs doivent prendre le pouvoir et contrôler les principaux secteurs de l’économie par l’expropriation des capitalistes et des multinationales pour satisfaire les besoins de la population de façon démocratique.

Par Matthias, article paru dans l’Egalité n°205

Manifestation à N’Djaména le 27 avril 2021