Stoppons les licenciements !

Les chiffres du chômage sont en constante augmentation depuis plusieurs mois (0,7% en janvier, 0,8% en décembre et 0,7% en novembre)alors que le nombre de radiation ANPE-ASSEDIC ont atteint des sommets vertigineux.

Article paru dans l’Egalité n°100

Sur une année le chômage « officiel » a augmenté de 5,3% en ce quo concerne la catégorie 1 (disponible immédiatement pour une contrat à durée indéterminé à temps plein). Malheureusement cela ne risque pas de s’améliorer : les plans de licenciement se multiplient (Métaleurop, Daewoo, Air-Lib, Matra, Pechiney… qui ne sont pas encore comptabilisés) et le gouvernement a enfin reconnu que le taux de croissance serait inférieur au 2,5% annoncé pour l’année 2003.
Chirac, lors du Conseil des Ministres du 12 février dernier en a appelé à une « mobilisation nationale » en faveur de l’emploi. Le pacifiste Chirac a eu des élans guerriers sur le thème du chômage. Et quelle mobilisation ! Son plan d’attaque est en quatre points : « garder nos emplois et attirer ceux qui, trop souvent, se créent ailleurs » en améliorant les conditions du développement des investissements et l´attractivité de la France. Gageons qu’afin d’attirer les investisseurs les cadeaux sous formes de subsides d’Etat vont être multipliés pour les patrons et que la productivité des travailleurs sera augmenté par de nouvelles dérégulation du travail. Il est même possible que la direction de Daewoo, qui avait empoché 33 millions d’euros de subvention diverses avant de fermer son site lorrain, soit tentée de revenir.

Que nous promet d’autre, le soldat Chirac sur le front des licenciements ?

« Donner aux Français de meilleurs atouts » via l´ouverture pour chaque salarié d´un « compte personnel de formation » et la mise en place de mesures en faveur des plus de cinquante ans. La formation est une chose importante, effectivement. D’ailleurs le nombre de personne sortie de la liste des demandeurs d’emploi à cause d’une entrée en formation professionnelle a augmenté de 19%. Ce n’est pas pour cela que le nombre de chômeurs diminue. Vouloir faire croire que c’est parce que les travailleurs français ne sont pas assez formés, performant dirait-on au MEDEF, qu’ils n’arrivent pas à trouver des emplois est un mensonge visant à reporter la faute du chômage sur les chômeurs et les travailleurs. Nous sommes pourtant mieux formé que dans la très grande majorité du monde, cela n’empêche pas les patrons d’aller chercher de la main-d’œuvre sous-qualifiée dans les pays dominés. En ce qui concerne le chômage des plus de 50 ans, malgré la baisse de 1,3% le mois dernier, il est en augmentation de 2,9% sur un an : il faudra les aider puisque dans le même temps le gouvernement prévoit d’augmenter l’âge de la retraite et que les critères pour obtenir une dispense de recherche d’emploi ont été durcis en décembre dernier par un accord UNEDIC entre le patronat, la CFDT, la CGC et la CFTC.

Le troisième point de Chirac le « va-t-en-guerre » contre les licenciement est de « faire progresser l´égalité » grâce à des mesures de reconversion, d’accompagnement et de reclassement pour les salariés victimes de licenciements massifs. Les mesures de reconversion, d’accompagnement et de reclassement existent déjà ! Et pour quel résultat ? Demandez aux cellules de reclassement des Moulinex, de Danone, d’Aspocomp le nombre de personnes qui réussi à retrouver un emploi, et parmi cela le nombre qui ne travaille pas en contrat précaire alors qu’ils avaient auparavant un CDI ; seul 30% des Moulinex des sites de Basse-Normandie ont retrouvé un emploi stable deux ans après la fermeture.

Enfin le dernier point de son plan d’attaque, qui ne tolérera sûrement pas un manque de résolution de la part de ses ministres, est de donner aux territoires touchés par des plans sociaux « la chance d´un nouveau départ » par la mise en œuvre rapide des « contrats de sites » annoncés par le gouvernement en janvier, après l´affaire Metaleurop.
On le voit, tout cela est bien flou. D’une part de vagues promesses, dont certaines sont d’ores et déjà de mauvaise augure, et d’autre part le gouvernement fait des cadeaux immédiat au patronat : diminution de l’impôt sur les grandes fortunes, mauvais coups contre les retraites en préparation… D’ailleurs Fillon n’a-t-il pas affirmé que le gouvernement n’avait pas l’intention de s’immiscer dans les plan de licenciements ? Décidément nous n’avons rien à attendre de ces gens là.

Contre les licenciements, ne comptons que sur nous.

Le 25 février s’est tenu à la Bourse du Travail de Paris une réunion de syndicats d’entreprises subissant des plans de licenciements ainsi que de collectifs de travailleurs précaires, comme les emplois jeunes. Outre le fait de mettre en commun leurs expériences de luttes sur le plan juridique en créant un « collectif anti-plan sociaux », les syndicalistes ont prévu d’appeler à une journée de mobilisation contre les licenciements le 21 mars prochain sur les mots d’ordre « d’interdiction des licenciements et du travail précaire ». Cette journée a été choisie, car se dérouleront dans toute l’Europe de manifestation à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (à laquelle ont adhéré la CGT et la CFDT) en marge d’un Conseil européen sur les droits sociaux. C’est sous la forme de manifestations régionales que la journée se déroulera. Cela ne peut-être qu’une étape vers une manifestation nationale à Paris, comme celle de juin 2001, lors des plans de licenciements de Lu-Danone de Calais et des Moulinex.

Par Yann Venier