Scission du NPA : une séparation inévitable, le besoin d’un parti des travailleurs reste entier

Une scission a pour but de clarifier le programme politique de l’organisation et acte qu’il n’est plus possible de travailler au quotidien à cause de visions, programme et méthodes trop différentes voire contradictoires. Les militants du NPA étaient déjà bien conscients de ces divergences. Si les débats de fond avaient été plus nombreux, ils auraient permis de clarifier le programme.

Du champ de bataille permanent au champ de ruines

Le NPA a scissionné lors de son dernier congrès le 12 décembre 2022.

Les uns accusent les autres de ne pas être assez « révolutionnaires », et les autres disent des premiers qu’ils ne sont pas assez « unitaires ». Et ce, depuis 13 ans. L’un des problèmes majeurs du NPA est qu’aucune des questions n’a été débattue de manière fraternelle et approfondie. Du coup, rien de tout cela n’a été relié à ce qui devait faire le cœur d’un Nouveau Parti Anticapitaliste : ce qui renforce le camp des travailleurs. Le contenu politique des campagnes décidées par la direction du NPA a donc logiquement été minimal et faible. Les formules ont varié d’un matériel public à l’autre, selon les villes souvent limitées à une série de revendications sociales (augmentation des salaires, arrêt des licenciements etc.), justes mais bien en-dessous de ce qu’il faut en cette période de crise profonde du capitalisme depuis 2008.

Les seuls moments de débats au NPA, et du coup, d’affrontements virulents, étaient électoraux. Très limités, ils n’ont rien clarifié. Et surtout jamais aucun débat central n’a porté sur l’analyse des niveaux de conscience ou sur ce que chacun mettait derrière certains slogans. Comment développer notre programme dans les luttes ? Comment les construire de manière à ce qu’elles soient des pas, même minimes, pour développer le combat pour le renversement du capitalisme et la conscience socialiste ?

Ce fonctionnement n’a permis qu’à des convaincus de militer à leurs côtés, alors que le but initial du NPA était d’amener de nouvelles couches à militer. Le camp des travailleurs a besoin d’une direction solide et d’un parti au programme clair pour qu’il adopte les bonnes méthodes et tactiques pour les intérêts des travailleurs et de la majorité de la population. Et, ainsi, ne pas craindre de le mettre en discussion partout.

Avancer vers un parti des travailleurs : une question sans réponse au sein du NPA

Dès 2010, émerge le Front de gauche puis le principal candidat à gauche du PS, Mélenchon. Alors qu’il utilisait un slogan comme « Prenez le pouvoir ! », et parlait, alors, du socialisme comme alternative au capitalisme, le NPA restait cantonné à ses revendications et à « nous ne paierons pas leur crise »… Le NPA était à l’écart, sans pour autant avoir des axes plus avancés, au lieu d’interpeller Mélenchon en disant : « chiche ! discutons ensemble, comment faire ? » Il fallait proposer une orientation au débat sur comment faire pour ne pas payer la crise. « Prenons le vrai pouvoir, l’économie et la finance, nationalisons les banques et les multinationales, annulons la dette, luttons ensemble pour cela ! ». Ni les « Unitaires », ni les « Révolutionnaires » n’ont cherché à faire cela. C’est, pour nous, le rôle de militant-es marxistes révolutionnaires.

La nécessité d’un parti des travailleurs pour le socialisme est toujours là. Nous sommes pour l’unité, et pour cela, il faut toujours s’assurer des bases sur lesquelles on discute. Certains points ne peuvent pas ne pas être discutés, car ils marquent le caractère de classe de ce qu’on construit : la nationalisation sous contrôle de la population, la planification de la production, le fonctionnement démocratique et inclusif du parti, etc. La Gauche révolutionnaire met ces points en discussion partout, y compris en participant à LFI, tout en construisant une organisation révolutionnaire.

Par Elemiah & Leïla, article paru dans l’Egalité n°214