Turquie : crise et régime à la dérive !

Comme tous les pays, avant même la crise sanitaire Covid-19, la Turquie était déjà en proie à une crise économique massive. D’après un sondage mené par le gouvernement turc, sur les 82 millions d’habitants que compte le pays, 17 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. En 2019, l’écart entre les 20% les plus riches de la société et les plus précaires a augmenté de 8,3%.

Ajoutons à cela que malgré la censure du gouvernement en matière de données économiques, le taux du chômage dépasse les 26%. En effet, avec la crise économique qui sévit dans le pays, le chômage partiel n’existe pas. De plus, dès le début de la crise sanitaire, des milliers d’employeurs ont licencié massivement des millions de travailleurs en usant du « Code 29 », une législation qui permet à l’employeur en visant surtout les travailleurs syndiqués, de les licencier en les accusant à tort sans aucun jugement. Les travailleurs ainsi licenciés ne peuvent bénéficier d’aucune indemnisation et sont inscrits sur liste noire, ce qui les empêche de trouver du travail par la suite.

Des grèves sont en cours partout dans le pays contre cette législation, on peut citer et saluer la lutte des travailleurs syndiqués métallurgistes de Corum, ou encore les postiers syndiqués de PTT-SEN.

Un régime de plus en plus autoritaire

L’actualité politique turque est très mouvementée, chaque jour les luttes sont réprimées de plus en plus sévèrement. La crise économique, la dérive du régime d’Erdoğan et de ses politiques sont liées.

Cette situation se répercute au niveau social. Les chiffres des féminicides sont de plus en plus terrifiants. Beaucoup d’hommes ont affirmé avoir tué leur partenaire pour des raisons économiques. Cela se répercute également sur les chiffres du suicide et de la prise d’anxiolytiques. Récemment, malgré les interdictions de rassemblement dans la rue piétonne la plus célèbre d’Istanbul (et dans le reste du pays) une grande marche pour la journée internationales des droits des femmes du 8 Mars s’est tenue malgré la répression qui s’en est suivie.

En ce qui concerne les étudiants, ils sont visés depuis le début de l’année par les politiques menaçant les libertés universitaires. À cet égard, la lutte des étudiants de l’Université du Bosphore se poursuit contre le recteur réactionnaire nominé à la tête de l’Université.

Cette répression est également et surtout menée contre toute forme d’opposition politique, notamment le HDP (Parti démocratique des peuples). Récemment, le gouvernement a ordonné l’arrestation de plusieurs centaines de membres du HDP après que le PKK a tué 9 soldats turcs, détenus depuis 6 ans, durant une opération menée en Irak. Encore une fois, la note a été payée par le HDP dont les principaux dirigeants comme Selahattin Demirtaş sont emprisonnés depuis 4 ans.

Manifestation à Istanbul le 8 mars, pour la journée internationale des droits des femmes travailleuses(© Mehmet Eser/Anadolu Agency via AFP)

Le besoin absolu d’un parti de masse

Les mesures du régime d’Erdoğan traduisent la crainte d’une chute terrible de ce régime dans le futur proche. A cet égard, nous soutenons la nécessité d’un parti de travailleurs qui s’adressera aussi aux couches les plus précaires pour construire avec eux le socialisme. Le HDP doit faire partie de ce projet voire même le diriger dans un premier temps.

Nous saluons les luttes des travailleurs, des étudiants, de toutes ces femmes et ces hommes qui se battent pour une vie meilleure ! Elles sont issues d’une seule logique : celle du capitalisme. Afin d’en finir avec le capitalisme, étudiants, travailleurs, retraités, femmes et hommes doivent lutter ensemble pour construire le socialisme et vivre dignement.

Par Nazim, article paru dans l’Egalité n°204