Retour de la lutte des classes aux États-Unis

Le hashtag « Striketober » (contraction de « Strike October » pour « grève d’octobre ») se répand sur les réseaux sociaux, car depuis quelques semaines, un nombre croissant de travailleurs et travailleuses des USA entrent en lutte après les vagues de Covid-19. Les patrons se gavent à l’occasion de la reprise d’activité économique, la classe ouvrière américaine réclame aussi son dû : de meilleures conditions travail et de meilleurs contrats de travail.

La classe ouvrière est actuellement en position de force ; d’une part durant les vagues pandémiques, ils et elles ont pris conscience du rôle central qu’ils jouent dans la société. D’autre part, malgré un chômage important, l’offre d’emploi est aussi forte à l’occasion de la reprise économique. À tel point que beaucoup de chômeurs refusent des emplois car les conditions salariales et de travail des emplois que le patronat américain leur propose ne sont pas à la hauteur ! Du jamais vu dans l’antre du capitalisme.

En Septembre, 2 000 charpentiers de Seattle était en grève. Les 10 000 ouvriers de la construction de tracteurs de l’entreprise John Deere sont en grève, tout comme 1 400 salarié-e-s de la firme agro-alimentaire Kellogg’s depuis le 5 octobre. Tous les secteurs sont touchés : 2 000 personnels de l’hôpital Mercy à Buffalo, dans l’Etat de New York en grève, tout comme des dizaines de milliers d’autres personnels de santé de la firme Kaizer Permanente qui s’apprêtent à voter la grève en Oregon ou en Californie ! 2 000 travailleurs du secteur des télécommunications, membres de sept sections locales des Communications Workers of America en Californie, ont débrayé en raison de conditions de travail inacceptables. C’est aussi le cas Les 60 000 techniciens de l’industrie du cinéma menaçaient d’entrer en grève… ils ont fait plier les firmes d’Hollywood ou d’ailleurs.

Il est difficile de dire quel est l’ampleur de la vague de grèves puisque les statistiques américaines ne répertorient que les grèves de plus de 1 000 travailleurs et travailleuses. Mais ce sont des dizaines de milliers de travailleurs et de travailleuses qui entrent en lutte actuellement. Dans la situation, la classe ouvrière américaine peut obtenir des concessions majeures aux capitalistes américains.

Mais la question de construire des syndicats combatifs (ou pour le moins d’imposer une orientation et des directions syndicales « lutte de classes » dans certaines de ceux qui existent déjà – les moins bureaucratisés et compromises avec le capital) ainsi qu’un véritable parti des travailleurs continuent d’être une tâche centrale pour les révolutionnaires des USA afin de faire des pas vers la nécessité du socialisme.

Par Yann Venier, article paru dans l’Egalité n°207