Que fait la police ?

La réponse aux problèmes dits d’insécurité passerait, selon tous les dirigeants politiques de la droite à l’ex-gauche plurielle, par un renforcement des effectifs et des moyens de la police, présentant celle-ci comme un corps social au service de tous, faisant respecter des lois qui défendraient impartialement les intérêts de chacun.

Article paru dans l’Egalité n°96

Mais la police, au même titre que la gendarmerie ou plus largement l’armée, n’est qu’un outil au service de l’Etat. Celui-ci défend les intérêts de la classe dominante et préserve à tout prix les rapports d’oppression inhérents à la société capitaliste, en particulier par la défense de la propriété privée (entendre du capital et des biens accumulés) et de la  » liberté  » d’entreprise (comprendre liberté d’exploiter et de licencier).
Depuis les débuts des conflits de classes entre les ouvriers et le patronat, la police a rempli ce rôle, réprimant férocement les premières luttes des ouvriers en grève, les tuant sur ordre des préfets ou autres représentants de l’Etat directement sollicités par les patrons.

C’est le rôle premier de la police, qui se manifestera encore pendant tout le XXè siècle : maintenir l’ordre social en empêchant le développement de toute contestation qui aboutirait à la remise en cause des rapports de classe existants. A de nombreuses reprises tout au long de ce siècle, la police tire sur des manifestants ou des grévistes et les tue : 1905, sur des viticulteurs à Narbonne, 1934 sur des ouvriers parisiens manifestant contre le coup de force du 6 février, 1948 sur les mineurs, 1962 à Charonne, 1986 avec la mort de Malik Oussekine. Ce ne sont que quelques exemples montrant cette continuité.

Mais le rôle de la police est plus large, organisant en particulier la répression contre les travailleurs et les jeunes immigrés ou d’origine immigrée. Pendant toute la guerre d’Algérie, la police tabasse, torture et tue les Algériens en France, jusqu’à cette journée du 17 octobre 1961 où la police rafle et jette à la Seine des centaines de manifestants.
Depuis, les ratonnades ont continué ainsi que les « bavures » qui touchent surtout les jeunes immigrés, descendus dans la rue ou les commissariats, bastonnés dans les centres de rétention ou lors d’expulsions du territoire.
Le prétexte du plan Vigipirate, testé lors de la guerre du Golfe en 1991, réactivé pour la guerre en Afghanistan l’année dernière, ne fait que renforcer la répression particulière à l’égard des immigrés et des sans-papiers en premier lieu.

Pas de loi pour les « forces de l’ordre »

Face aux bavures, grâce à l’extension de la législation sécuritaire, c’est l’impunité totale pour les flics. La BAC en patrouille dans les cités a tous les droits : ses cow-boys insultent, arrêtent et tabassent les jeunes à leur guise.
Quand un flic assassine, il est assuré de ne pas subir de condamnation à la prison, le dernier en date ayant pris 3 ans avec sursis pour avoir tué d’une balle dans la nuque un jeune qui ne le menaçait pas.

Que ce soit l’année dernière sous la gauche, ou maintenant avec la droite, ces bavures policières se poursuivent et semblent même augmenter avec la propagande actuelle des Sarkozy-Raffarin qui lâchent la bride sur le cou de leurs meutes.

En 2001 par exemple, des policiers rackettent après les avoir arrêtés des réfugiés de Sangatte. Un flic de la PAF viole une jeune africaine. Quatre flics toulousains violent une jeune femme fragile. Des profs arrêtés à Marseille par des flics auxquels ils ont osé répondre sont frappés et s’entendent dire qu’ils « sont des profs de merde pour vouloir enseigner dans des quartiers de merde (les quartiers nord de Marseille) où il n’y a que des élèves de merde ».

Si les flics se comportent ainsi, c’est parce qu’ils sont couverts, voire incités par leur hiérarchie, et plus largement par l’Etat, à le faire. Bien sûr, vouloir entrer dans la police témoigne déjà d’un certain état d’esprit . Mais il y a certainement des fonctionnaires de police honnêtes que la propagande et les préjugés amènent à des comportements violents ou racistes.

Il ne saurait en être autrement quand ils font partie d’un appareil qui est l’outil d’un pouvoir d’oppression et d’exploitation. La modification des lois, des effectifs ou des moyens qui concernent la police ne fait qu’influencer l’intensité de la répression qu’elle met en œuvre et non la nature de ce rôle répressif.

Par Pascal Grimbert