PS, le risque d’un 21 avril bis

A l’approche des élections du printemps 2004, les sirènes du “vote utile” pour les partis de « gauche » contre la droite se font plus bruyantes.

Article paru dans l’Egalité n°105

Cependant leur intensité est tout de même faible auprès de nombreux salariés et jeunes dans le pays. Les cinq années de gauche plurielle ont été des années non seulement d’abandon total de la défense des acquis des travailleurs mais aussi de flexibilité de l’emploi, de précarité et de démantèlement des services publics. Les cadeaux au patronat ont été nombreux et les choix en faveur d’une politique libérale évidents (ouverture du capital de France Telecom, signature de l’accord européen sur les retraites par Jospin, flexibilisation, annualisation du temps de travail dues aux lois Aubry…). Lors des élections de Mai 2002, le ras-le bol contre cette politique en faveur des patrons s’est exprimé au grand jour.

Au delà de ces cinq années, la gauche plurielle et les forces qui la composait, ont effectué un tournant décisif entamé depuis les années Mitterrand. Pour le PS, ce tournant a été de ne plus chercher à représenter le monde du travail, mais d’être un parti qui aspire à gérer au mieux l’économie capitaliste. Ceci fait de lui un opposant peu crédible et bien timide à Raffarin. Le PS refuse catégoriquement de proposer de revenir sur les mesures de Raffarin sur les retraites, EDF-GDF…

Le PCF, quant à lui, continue sa lente désagrégation en tant que force politique organisant les travailleurs et en tant que force électorale. Il ne peut, sans se saborder définitivement, suivre le même chemin que le PS, mais il ne peut non plus revenir à une orientation anti-capitaliste. Cela voudrait dire rompre les alliances avec le PS, et remettre en cause la politique suivie depuis des dizaines d’années. Des listes autonomes du PCF vont voir le jour dans de nombreuses régions, mais leur score risque de rester faible. La direction trouvera là encore un argument de plus pour resserrer les liens avec le PS en accusant l’extrême gauche de ces échecs.

Les Verts oscillent entre alliance avec le PS et débats internes sans fin. Leur problème de fond reste que mode de production capitaliste (dont le seul moteur est le profit maximum et immédiat) et préservation de l’environnement sont incompatibles. Cela signifierait rompre avec le PS et ne pas avoir participé au gouvernement Jospin. Ça demande de lutter pas de rechercher des carrières politiciennes.

Et les militants de base ?

D’une force qui se présentait comme celle qui pouvait allier capitalisme et social, la gauche traditionnelle s’est réduite au PS qui cherche à être la meilleure force d’alternance pour gérer les intérêts des patrons. Cette transformation a eu des conséquences désastreuses sur l’ensemble des organisations représentant les travailleurs. Les directions des syndicats ont suivi ce glissement à droite les amenant à gérer eux aussi les licenciements et la casse des acquis sociaux. N’ayant plus aucun débouché politique à l’action syndicale, vu la transformation du PC et du PS, ils ont suivi la voie. Ainsi Chérèque, de la CFDT, a signé la réforme Fillon un an après que Jospin ait signé les accords de Barcelone sur les retraites.

Aujourd’hui le vide laissé dans le camp des travailleurs doit être comblé par les travailleurs eux-mêmes, les syndicalistes, les chômeurs, les jeunes, les retraités…Nous ne voterons pas pour des forces qui saccagent toutes possibilité de relever la tête face aux attaques et de lutter. Bien entendu, nous ne tirons pas un trait d’égalité entre les militants du PS et ceux de l’UMP. Nous savons aussi que dans de nombreuses luttes, nous sommes aux cotés de militants de bases, notamment du PCF. Mais c’est en adoptant une orientation claire en rupture avec la politique dévastatrice de leurs directions qu’ils pourront réellement avancer, et gagner sur les revendications qu’ils défendent. C’est pour cela qu’un nouveau parti est nécessaire et les militants sincères des anciens partis ouvriers ont tout leur rôle à jouer dans l’émergence de celui-ci.

Seules des listes indépendantes anti-capitalistes sont des outils pour contrecarrer Chirac, Raffarin, Sarkozy et le MEDEF. Elles sont aussi les seules à pouvoir répondre au FN sur le terrain social de manière concrète et sérieuse.

Par Leila Messaoudi