Quand l’ex-gauche plurielle n’a plus qu’un programme : à bas l’extrême gauche !

C’est la panique à bord ! l’extrême gauche menace directement l’ex-gauche plurielle pour les prochaines élections. Entre mauvaise fois permanente, et tentative de faire oublier un passé pourtant très récent, le PS et ses alliés montrent peut être à la fois leur vrai visage et un manque flagrant de sérénité.

Article paru dans l’Egalité n°105

Si la Gauche Plurielle avait présenté moins de candidats concurrents aux Présidentielles de 2002 ou si elle avait modifié la constitution pour que le 2ème tour ne soit pas forcément un duel, l’effondrement de son score électoral n « aurait pas paru beaucoup plus grave que celui de la Droite, la légère progression de l’Extrême-Droite n’aurait pas été qualifiée de séisme et tout le monde aurait considéré le succès de l’Extrême-Gauche comme une donnée majeure du scrutin.

Mais puisque  » séisme  » il y a eu , le PS et ses alliés que les électeurs ont sanctionnés se croient tout permis vis à vis de ceux qui représentent infiniment mieux qu’eux les aspirations des masses populaires. La chasse aux gauchistes est ouverte et tous les coups sont permis…

Il y avait déjà eu une première offensive au lendemain même du 21 avril O2 quand ceux qui accusaient jusque là LO, le PT et nous par la même occasion de  » faire le jeu de Chirac  » (parce que nous n’avions pas plus l’intention de voter Jospin au deuxième tour qu’au Premier) se sont mis à nous reprocher de ne pas avoir plébiscité comme eux ce même Chirac, candidat préféré du MEDEF.

Relents de stalinisme

Le PCF a une longue habitude de dénonciation de l’Extrême-Gauche comme agent de la bourgeoisie voire du fascisme. Depuis que le PCF a perdu une grande partie de ses forces et son monolithisme, seuls quelques nostalgiques de l’ère thorézienne entretiennent cette funeste tradition tout en se trouvant plus souvent aux côtés de ces affreux gauchistes qu’avec leurs camarades dirigeants du parti englués dans leurs alliances avec le PS.

Mais les vieux réflexes ont repris le dessus. Il y a d’abord eu les dénonciations de Jacques Nikonoff, le nouveau président, pourtant réputé  » mutant « , d’ATTAC contre les gauchistes qu’ils soient membres de son organisation ou qu’ils luttent contre la mondialisation capitaliste sur des bases révolutionnaires.

Mais depuis que la Ligue a entériné son alliance électorale avec LO, la LCR se fait couramment accuser de n’avoir pas voté contre le traité de Maastricht. C’est le cas de Robert Hue qui avait pourtant choisi comme N°2 de sa liste  » Bouge l’Europe  » l’universitaire féministe Geneviève Fraysse qui ne cachait pas sa fierté d’avoir voté oui au référendum. Hue qui préconise aujourd’hui l’alliance dès le premier tour avec le PS qui était au pouvoir en 92 quand a été signé le fameux traité. C’est le cas aussi de Marie-George Buffet qui, avec Gayssot, a appliqué la politique maastrichtienne du gouvernement Jospin.

Opposants stériles

Du côté du PS et des Verts, on a moins l’habitude de polémiquer avec l’Extrême-Gauche. Il faut dire qu’on ne vit et qu’on ne milite pas tout à fait dans le même monde.

François Hollande se scandalise de l’ambition des listes LO-LCR d’atteindre voire dépasser les 10%. Et ces derniers temps, des dirigeants des Verts ou du PS ont multiplié les déclarations du type « voter pour LO/LCR, c’est faire le jeu de Le Pen ». Yves Contassot, adjoint Vert au maire de Paris, vient même de déclarer que « voter LO/LCR c’est voter Le Pen » ! Faire peur avec l’épouvantail Le Pen reste la dernière arme d’une gauche qui sait bien au fond que si les travailleurs votent pou l’extrême gauche c’est parce qu’ils veulent sanctionner ceux qui les ont trahis.

Paroles d’ex(trotskistes)

De Fabius à Attali en passant par les ex- Julien Dray, Henri Weber et Cambadélis, y vont de leur tirade contre l’Extrême-Gauche, qui avec ses gros sabots de politicien bourgeois sans complexe, qui avec le clin d’œil qui se veut complice « moi aussi, j’ai été révolutionnaire à votre âge, et je ne le regrette pas, mais… »

Leurs tracts répétant « Non, la Gauche et la Droite, ce n’est pas la même chose » ne suffiront pas à nous convaincre que, s’ils revenaient au pouvoir, ces prétendus socialistes abrogeraient les mauvais coups de Raffarin, Fillon, Sarko et Cie qu’ils critiquent avec si peu de virulence.

Les Verts, c’est différent : ils font de la politique « autrement ». En congrès, ils ont voté pour des listes autonomes aux Régionales comme aux Européennes. Mais partout où le PS leur a proposé sur ses listes autant voire plus de places éligibles qu’ils ne peuvent en espérer en se battant sous leur couleur, ils ont accepté. Gilles Lemaire lui-même, le champion de l’autonomie, négocie régulièrement avec Hollande « une alternative politique pour 2007 ». Et ne parlons pas des passerelles vert pâle et rose encore plus pale tendues par Dominique Voynet et les amis de Fabius ! Autrement dit, voilà un autre parti plein d’avenir pour la politique politicienne.

Par Jacques Capet