Palestine : Une situation de plus en plus instable

Depuis 1993 et les prétendus Accords de paix d’Oslo, la situation n’a pas cessé de se dégrader pour les travailleurs et les jeunes. Le chômage massif, et la misère trouvent leurs racines dans l’occupation militaire et l’étranglement économique imposé par l’Etat israélien. Mais l’Autorité palestinienne a aussi échoué à donner des conditions de vie décentes pour la population. Dans le même temps, ses dirigeants se sont corrompus.

Article paru dans l’Egalité n°118

Avec un taux de participation de 78%, les Palestiniens ont voulu infliger une défaite au Fatah (parti au pouvoir depuis 40 ans) : 43 sièges contre 74 pour le Hamas sur 132. D’une manière très déformée, en votant Hamas, les palestiniens ont ainsi court-circuité, pour un moment, les projets des impérialistes d’avoir une Autorité palestinienne encore plus docile.

Les erreurs de la « gauche » et le développement du Hamas

Des organisations de « gauche » existent comme le Parti du peuple (parti communiste) et le FDLP (Front démocratique de libération de la Palestine) et le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), tous deux se décrivant eux-mêmes comme « marxistes » et ayant eu un rôle significatif lors de la première Intifada. Ces partis ont développé l’idée qu’un Etat palestinien laïque et démocratique pouvait être construit sous le capitalisme, reléguant le socialisme à des déclarations stériles. En adoptant cette orientation nationaliste, proche de celle du Fatah, ils ont désarmé les travailleurs palestiniens pour combattre.

Ces erreurs ont permis au Hamas d’occuper tout l’espace de la lutte « radicale » contre l’occupation de l’Etat d’Israël et pour les droits des Palestiniens, mais sur des bases réactionnaires.

Le Hamas : une fausse alternative

Ce parti a trouvé les conditions matérielles pour se développer. Avec le soutien de l’Etat d’Israël qui a autorisé ses organisations musulmanes de charité comme « les Frères musulmans », il s’est développé en construisant des cliniques, des crèches…

Le Hamas a ensuite pris un poids politique en se distinguant d’Arafat et en s’opposant aux Accords d’Oslo. Il a pu construire son succès électoral sur ce rejet de l’Autorité palestinienne d’Arafat et d’Abbas. Faute de luttes collectives, la tactique des attentats-suicide et des démonstrations de masse a renforcé son audience.

Avec le Hamas à sa tête, la lutte du peuple palestinien va droit dans le mur. Dans sa charte de fondation de 1988, le Hamas se bat pour la création d’un Etat islamique régi par la Charia. Ceci signifie une société répressive et réactionnaire qui sera hostile à tout mouvement indépendant de la classe ouvrière en défense de ses droits et des idées socialistes.

D’autre part, le Hamas a, d’ores et déjà, appelé à un gouvernement d’union nationale avec le Fatah. Il apparaît clair que pour le moment, il ne cédera pas à la pression financière mise par les impérialistes (Union européenne-USA…) pour qu’il reconnaisse Israël et qu’il abandonne la lutte armée. Cette situation conflictuelle arrange pour le moment l’Etat d’Israël et le Hamas. Les classes dirigeantes préfèrent voir les prochaines élections israéliennes dominées par les questions sécuritaires plutôt que par des questions sociales.

Dans le même temps, le Hamas prépare le terrain de sa normalisation comme parti de pouvoir en annonçant sa volonté de séparer le parti de sa branche armée et la création d’une armée palestinienne. Il s’est aussi prononcé en faveur d’une paix longue de 10 ou 15 ans avec l’Etat d’Israël. Toutes ces oscillations montrent que le Hamas affine ses tactiques au vu des marchandages en coulisse qui ont commencé. Et ce, loin des aspirations des Palestiniens.

Par Leila Messaoudi