Non aux restructurations à Rouen CDIS !

Il y a encore deux mois, rien de ce qui attendait les facteurs du centre de distribution de Rouen ne leur était connu. Maintenant ça y est, ils savent !

Article paru dans l’Egalité n°110

La direction leur demande même de choisir entre différentes propositions. Evidemment aucun des scénarios ne représente un mieux pour le service public ou de meilleures conditions de travail. Regardons-y d’un peu plus près.

Le nouveau centre de traitement du courrier (CTC) de Saint-Etienne du Rouvray fonctionne (voir Egalité n° 109). Les nouvelles trieuses montent en puissance, ce qui diminue d’autant la quantité de courrier à trier par les équipes de nuit ou les facteurs le matin.

Les objectifs de la direction de La Poste sont clairs : dégager des gains de productivité grâce à la mécanisation d’un côté, ce qui lui permet de se soulager d’une partie de sa masse salariale de l’autre. C’est exactement ce qui se passe actuellement à Rouen CDIS. La direction propose trois scénarios ; les trois reposent sur la suppression de positions de travail ou sur la réduction des embauches de remplaçants durant l’été. Tous rognent allègrement sur les RTT d’une bonne dizaine de jours par an en moyenne.

Evidemment, la direction s’est arrangée pour que deux des scénarios soient rejetés d’emblée par les facteurs. Elle pariait sur le fait qu’ils accepteraient alors la solution du moindre mal : le troisième scénario aux allures tellement plus sociales et tellement plus  »humaines »…

C’était sans compter sur le ras le bol des facteurs qui supportent de moins en moins les atteintes faites à leurs conditions de travail. Sous l’impulsion de la CGT locale, les facteurs se réunissaient et décidaient à une large majorité de rejeter chacun des trois scénarios.

La direction compte toujours organiser le vote des facteurs pour le 4 novembre. C’est un bon moyen pour elle de jouer la division. Néanmoins, la position de la CGT, largement majoritaire à Rouen CDIS avec 51% aux dernières élections professionnelles du 19 octobre, est ferme. Quels que soient les résultats du vote, elle ne signera pas un accord où il y a des reprises d’emploi.

C’est là que la stratégie de la direction est bien huilée. Au cas ou aucun accord ne pourrait être possible,  »les vérif vont descendre ! ». En d’autres termes, les tournées seront mesurées, minutées, contrôlées. Bref, la direction, toujours dans l’optique de voir un scénario gagner l’engouement des facteurs, brandit la menace d’une vingtaine de tournées supprimées… L’argument tombera alors comme une massue :  »à cause de la CGT qui n’a pas voulu signer, ce n’est pas six positions de travail, mais vingt qui vont être supprimées ! ».

Il sera alors grand temps pour la CGT de refuser la suppression de vingt positions de travail et de continuer à organiser la mobilisation contre la restructuration de Rouen CDIS. D’ici là, il faudra poursuivre les discussions et montrer qu’un autre mode de gestion d’un centre de distribution est possible.

Les gains de productivité dégagés par les machines doivent profiter aux facteurs et aux autres travailleurs postiers. Cela pourrait être sous la forme d’une baisse du temps de travail ou de jours de congés supplémentaires ou encore en améliorant leurs conditions de travail ou de quelques manières qu’ils l’aient décidé. C’est leur travail et les richesses qu’ils ont produites qui ont permis à la direction d’acheter des trieuses plus performantes. C’est à eux que doit revenir le fruit de leur travail !

Par Sylvain Bled