La France Insoumise doit saisir l’occasion

La crise autour du Covid 19 est un miroir grossissant de la société dans tous ses aspects. Depuis mars, la FI a démontré que les choix du gouvernement sont des choix politiques pour sauver le système capitaliste « quoi qu’il en coûte ». Le retard accumulé et le confine-ment faute d’autre choix sanitaire par manque de places d’hôpital, de masques et de tests n’est pas un accident ou un mauvais choix politique, c’est une politique pour sauvegarder les capitalistes. D’ailleurs, ce sont les propositions du MEDEF qui sont mises en place (allongement du temps de travail, baisse des salaires et flexibilité…). Les attaques programmées sont coordonnées entre le Medef et le gouvernement qui renforce le caractère autoritaire du pouvoir et cherche à diviser avec le racisme et les discriminations sexistes.

Cependant, Macron et son gouvernement ne sont pas renforcés par la crise. Leur cynisme a été davantage ex-posé au grand jour et créé une colère grandissante. Par-tout, mais de manière isolée, des mobilisations de travailleurs existent pour résister à la pression du patronat et dans les services publics face aux budgets d’austérité et au management agressif. Sur les réseaux sociaux, la colère s’exprime aussi, et l’idée qu’il faudra s’organiser pour dire « Plus jamais ça » et « on n’oubliera pas » gagne du terrain.

La France Insoumise porte à une échelle large la seule voix clairement indépendante du gouvernement et du patronat. Les manifestations virtuelles du samedi, dès le 3 avril, la participation des député-es et élu-es aux mobilisations sociales, aux manifestations contre le racisme et les violences policières, les propositions pour les mouvements sociaux ou encore le travail des députés à l’assemblée sont des points d’appui pour toutes celles et ceux qui veulent résister. D’autant que, sans surprise, le PS et EELV ont répondu à l’unité nationale et ne pro-posent qu’une version édulcorée du capitalisme dont on voit pourtant encore plus clairement les limites.

La crise sanitaire accentue brutalement les inégalités et la crise économique et sociale. Cette société de plus en plus inégalitaire, voit s’opposer plus durement les intérêts des travailleur-ses et de la majorité de la population à ceux des ultra riches et des capitalistes.

Un nouveau défi se pose à nous, insoumis-es : comment permettre aux travailleurs-ses et aux jeunes de s’organiser pour résister aux choix politiques criminels de ce gouvernement ?

La France insoumise remplit une partie de l’espace politique à gauche, mais de manière incomplète. Notre mouvement manque de force, de cohésion et de vitalité. L’absence d’une force politique de masse, d’un parti qui nous représente et nous permette de s’organiser politiquement se fait cruellement sentir. Il est crucial que la France insoumise passe un cap à la hauteur de ces en-jeux et commence à organiser celles et ceux qui veulent résister, s’organiser et lutter.

C’est le sens de certaines propositions issues de l’assemblée représentative de juillet : intensifier les discussions de fond, coordonner le travail des élu-es, mener campagne dès la rentrée…

Pour mener à bien ces objectifs, nous avons besoin d’un outil politique plus efficace avec des groupes d’actions actifs, en dehors des échéances électorales. Le cadre de la FI doit être plus cohésif pour que tous-tes les insoumis-es et celles et ceux qui s’intéressent à ce que nous disons et faisons, puissent se l’approprier comme un outil (actions en soutien aux luttes, collectes solidaires, prépa-ration des réunions syndicales, élections, …).

A quoi nous servirait une force politique plus structurée et militante aujourd’hui ? Cela nous permettrait de coordonner nos actions et nos revendications dans les lieux de travail et de vie et commencer à opposer une résistance unifiée, aux côtés de ceux qui luttent et de leurs organisations syndicales et associatives, face aux attaques coordonnées du gouvernement et du patronat.

Le programme comme réponse à leur poli-tique et à la faiblesse de la gauche et du mouvement ouvrier

Avec le programme de la France insoumise « L’avenir en commun » élaboré pour la campagne présidentielle de 2017, au sortir du confinement, la France insoumise propose une autre perspective comme base politique face à Macron et au patronat.

Fort justement, l’assemblée représentative de début juillet a retenu des thèmes de campagne autour de l’écologie, la lutte contre le chômage de masse et l’urgence démocratique. A partir de ces trois points, des éléments reviennent, notamment celui de la planification. Et c’est aussi un point soulevé comme débat stratégique de l’Agora programmé pour l’automne 2020 avec la question de ce que peut l’État.

Pourquoi cette question revient-elle ? Parce que face au chaos de la gestion capitaliste de la société à l’échelle mondiale, planifier le fonctionnement de la société selon les besoins et non plus pour les profits d’une minorité d’ultra-riches capitalistes est devenu vital. Et la discussion sur la nécessaire planification est aussi un moyen pour expliquer comment on peut changer la société en profondeur.

Même si aujourd’hui c’est sûrement un peu prématuré, la société commence à comprendre à nouveau le rôle essentiel qu’ont les travailleur-ses malgré la propagande qui encense les décideurs. Ce sont elles et eux qui ont un rôle vital pour faire tourner l’économie et pour qu’on puisse vivre, et non pas les traders. Et ces mêmes travailleurs ont souvent les salaires les plus bas. Et ce sont aussi ces travailleurs eux-mêmes qui voient leur rôle vital dans la société. Et qui vont tout ou tard réclamer des comptes et vouloir que leur salaire soit augmenté. Et se rendre compte aussi que collectivement on peut faire tourner la société.

Encore plus aujourd’hui la FI doit s’adresser aux travailleur-ses en tant que classe qui a les mêmes intérêts et est capable, par son rôle essentiel dans la société, d’organiser et gérer la société et l’économie, pour mettre fin au capitalisme et transformer la société.

Les salariés de l’usine Luxfer expliquaient très juste-ment qu’ils peuvent reprendre l’usine et produire. Les élus insoumis ont défendu cette usine contre la fermeture en avançant la nationalisation comme seule solution effective. Le gouvernement a rejeté cette possibilité parce que le respect de la propriété privée des moyens de production est sacrée pour les capitalistes. Mais face à la profondeur de la crise, ce ne sera peut-être pas toujours le cas.

Il est important de dire que nous ne voulons pas nationaliser des entreprises pour que le gouvernement les gère comme une entreprise privée ni socialiser les pertes pour qu’ensuite, lorsqu’elle sera renflouée, les capitalistes récupèrent l’usine pour en tirer des profits.

Nous défendons cette idée précisément parce que nous savons que les travailleurs sont essentiels pour produire sous leur gestion et leur contrôle, ce sont les seul-es capables de le faire pour les besoins de toute la société. Les nationalisations et l’appropriation collective des moyens de production ne sont pas non plus une simple perspective pour le long terme.

Comme on ne peut pas demander à un tigre d’être végétarien, on ne peut attendre du capitalisme qu’il assure les bien être des travailleurs. Cette perspective d’une société débarrassée du capitalisme, devra prendre toute sa place dans les débats de la FI. La nécessité et la possibilité d’une société socialiste sont plus que jamais à l’ordre du jour.

Dès septembre, autour des campagnes de la France insoumise, nous devons faire avancer notre mouvement. La Gauche révolutionnaire propose :

Un appel à tous les groupes d’action actifs à organiser des réunions à la rentrée pour organiser la résistance aux attaques de Macron et du patronat autour de la lutte contre le chômage et les licenciements.

• Un appel à rejoindre la France insoumise et ses groupes d’action.

• Une initiative pour appuyer une fédération nationale d’élu-e-s qui refusent l’austérité et les coupes budgétaires.

La France Insoumise pourrait devenir ce nouveau parti, un parti démocratique, un parti qui soit le contraire des partis servant le capitalisme tant dans son fonctionnement que dans son objectif, un parti qui discute de l’alternative au capitalisme : le socialisme.