Irlande du Sud : Tirer les leçons de la campagne anti-bin tax

L’année 2003 s’est terminée à Dublin dans un climat tendu, après plus de deux mois de campagne des habitants, dans plusieurs quartiers, contre la double taxe facturée aux travailleurs avec le paiement exorbitant du ramassage des ordures en plus des impôts locaux.

Article paru dans l’Egalité n°105

Refus d’habitants de Dublin de payer la nouvelle taxe sur les ordures ménagères, refus de collecter leurs ordures de la part de la mairie de Dublin, blocages des camions par les habitants, emprisonnement de 22 militants anti-bin tax, manifestations…

Pour de nombreux travailleurs, ce refus de payer la « bin tax » a traduit le rejet plus général des attaques contre le niveau de vie des travailleurs en Irlande du Sud. Cependant, la campagne n’a pas été sans difficultés. L’enfermement de 22 personnes actives dans la campagne a popularisé la campagne mais a aussi montré la violence sans limite de la mairie de Dublin contre les manifestations pacifiques des habitants.

Les difficultés d’extension ont été nombreuses dans les quartiers où la taxe avait déjà commencé à être payée par les habitants. Le refus des dirigeants syndicaux de soutenir les anti-bin tax et, d’autant plus, de mobiliser les salariés du service de ramassage a provoqué la colère des habitants de South Dublin county mais aussi la résignation dans les autres quartiers moins investis par les militants de la campagne. Ces dirigeants syndicaux ont préféré négocier avec la mairie plutôt que de participer à la campagne qu’ils ont donc freinée.

Politiquement cependant, la majorité des travailleurs, jeunes, chômeurs et retraités investis dans cette campagne ont relié cette attaque à celle contre le système de santé, la hausse du coût de la vie… Ils commencent aussi à tirer les bilans de l’attitude dramatique des directions syndicales.

Pour le Socialist party, organisation sœur de la Gauche révolutionnaire et seul parti investi dans la campagne anti-bin tax, dont le député a fait un mois de prison, le sentiment général après ces deux mois et demi de lutte est qu’il est temps de s’organiser, de mener bataille contre les dirigeants qui préfèrent négocier plutôt que soutenir les travailleurs(ses) et leurs familles.

Même si cette bataille a été difficile et bloquée par toutes les forces possibles, elle a renforcé la conscience de classe de nombreux travailleurs. Elle continue d’ailleurs par le non paiement de la taxe. La campagne va aussi peser à l’approche des élections locales et européennes des mois prochains.

Par Leïla Messaoudi