Irlande : vent de révolte

Paul Murphy, député de notre sectionsoeur du Socialist Party, prenant la parole lors d’une manifestation contre la nouvelle taxe sur l’eau potable

L’Irlande est agitée par le vaste mouvement contre la mise en place de taxes sur l’eau qui entraînera la fin de la gratuité de celle-ci. Les comités de non paiement lancé par l’Anti-Austerity Alliance (Alliance Antiaustérité, AAA, campagne politique large initiée en grande partie par les militants du Socialist Party, l’organisation soeur de la Gauche révolutionnaire) ont été le catalyseur d’une révolte populaire quasiment jamais vue.

Des centaines de milliers d’Irlandais et d’Irlandaises participent de près ou de loin à la lutte et à la campagne. Les piquets, les manifestations de masse, se sont succédés.

Les partis de la classe dirigeante Fine Gael, Fianna Fáil et Labour sont au plus bas dans les sondages. Pensant voir une accalmie au mois de janvier du fait de rassemblement plus petits, le gouvernement a sonné la charge contre les activistes. Au motif du blocage pendant quelques heures de la voiture d’un ministre lors d’une manifestation de quartier, 23 militants ont été arrêtés au petit matin avec un déploiement de force digne d’une intervention dans une affaire de grand banditisme.

Parmi les interpellés, Paul Murphy, député pour l’AAA et membre du Socialist party, d’autres élus et des activistes. Le grand tort est donc que les députés, qui sont des « élus du peuple », défendent réellement le peuple.

Radicalisation

Une telle répression est évidemment en écho à la crainte grandissante des classes dirigeantes irlandaises devant le mouvement contre les taxes sur l’eau. Car même si l’Irlande n’a pas subi les mêmes politiques d’austérité qu’en Grèce, les travailleurs ont payé un lourd prix, la pauvreté s’est installée, et le chômage a grimpé.Dans le même temps, plusieurs scandales financiers sont étouffés. Sans avenir, beaucoup de jeunes émigrent à un taux qui n’a été dépassé que pendant la grande famine du 19ème siècle.

Le Socialist Party défend depuis le début la construction d’un mouvement de non-paiement de masse, qui s’organise dans des comités locaux de non paiement. Les derniers sondages indiquent qu’au grand maximum seuls 40 % des foyers seraient prêts à payer la taxe.

La répression impose d’autant plus que le mouvement se structure mais aussi qu’une force politique des travailleurs, de la jeunesse et des couches populaires se construise pour opposer aux mesures d’austérité des partis dirigeants un programme basé sur la satisfaction des besoins et qui revienne sur les terribles dévastations de ces 6 dernières années dans l’Education, la Santé, le logement…

Des élections générales auront lieu en mai prochain, et déjà le Sinn Féin (nationaliste de gauche), qui rêve d’être en tête et de jouer au Syriza irlandais, annonce que s’il gagnait il annulerait la taxe sur l’eau et augmenterait la taxation des hauts revenus.

Le problème c’est qu’une telle politique ne peut être menée que si elle s’appuie sur un mouvement de masse comme celui du non paiement (le Sinn Féin ne s’engage pas officiellement pour le non paiement). Et au contraire, c’est ce que défendent les militants et les députés du Socialist Party, en construisant la lutte de masse et en défendant la nécessité, notamment au travers de l’AAA, d’un authentique parti des travailleurs, de la jeunesse et des couches populaires.

Par Alex