Depuis 7 ans, de journées de grève en procédures judiciaires, les ouvriers de l’usine de pneus Goodyear d’Amiens n’ont cessé de lutter pour défendre leurs emplois et ont réussi à stopper les différents plans sociaux de la direction.
Depuis 7 ans, ils tiennent tête à toutes les provocations et manœuvres de la direction.
Ces dernières semaines sont particulièrement difficiles pour eux: après l’annonce de la fermeture de l’usine en janvier, le tribunal de commerce a validé pour la première fois le dernier plan social qui prévoit 1173 licenciements. Et ces jours ci, la direction a décidé que la procédure d’information- concertation sur le plan était terminée, bafouant ouvertement le code du travail, puisque 3 CHSCT sur 4 n’ont pas été consultés. Il faut dire que l’accord ANI voulu par le MEDEF, soutenu par le gouvernement, approuvé par quelques syndicats ouvre la porte pour passer au dessus de ces instances et facilite grandement les licenciements. Les patrons de Goodyear ne s’en sont pas privés. La CGT (et la CFDT) ne baissent pas les bras et les poursuit en justice dans les semaines qui viennent pour procédure illicite. Le PSE n’est pas finalisé comme veut le faire croire la direction et une décision de justice peut encore l’annuler fin décembre..
Ils ne sont pas licenciés et pourtant on les convoque à une cellule de reclassement !
C’est la dernière provocation des patrons après les insultes de Titan qui traitent les ouvriers de fainéants et veut bien reprendre la boite mais avec zéro employés!Lundi 18 novembre, le PIC (point d’information conseil, de fait la cellule de reclassement) a ouvert à Boves près d’Amiens dans 700 m2 de locaux flambants neufs. Elle organise la venue des salariés dans des cars avec des rotations toutes les 2 heures et même le soir! La CGT n’a pas laissé passer.200 salariés se sont mobilisés lundi 18 pour l’ouverture du PIC et seulement une petite dizaine de salariés se sont rendus aux entretiens. Les paroles des ouvriers qui étaient devant résument bien leur colère «si on va au PIC, ça veut dire qu’on accepte le PSE et s’adressant à la directrice de SODIE (boite de reclassement) «on se bat depuis 7 ans pas pour un chèque mais pour nos emplois. Vous vous faites du fric sur notre malheur!»
La fatigue, la colère sont grandes. Mais la lutte continue. Le site est bloqué depuis lundi 18 novembre sans grève, les salariés venant sur le piquet après leurs heures de travail. Le 21 novembre un nouveau CCE a lieu avec un point Titan demandé à l’ordre du jour par la CGT. Des combats en justice vont aussi continuer. Et face aux offensives patronales, les Goodyear comme souvent ont pris à nouveau contact avec des salariés d’autres boîtes victimes de licenciements pour des actions communes.