France/USA : un tournant ?

L’attaque contre l’Irak a confirmé la puissance de l’impérialisme américain face aux autres pays capitalistes dominants. Ceux-ci ont pu, au mieux, s’opposer en parole tout en passant leur temps à négocier le maintien des bonnes relations.

Article paru dans l’Egalité n°101

Pour les impérialistes, le discrédit de l’ONU est la principale source d’inquiétude : pour les puissances moyennes (France ou Grande Bretagne) le problème est à la fois de ne pas perdre un certain contrôle sur l’ONU (et l’utiliser ainsi quand leurs intérêts directs le demandent), pour les USA il s’agit d’assurer que l’ONU joue bien son rôle dans les endroits où ils ne peuvent pas intervenir.

Temporairement, aucun n’a donc intérêt à ce que l’ONU devienne complètement inutilisable. Blair s’est empressé de demander que “ l’ONU assume un rôle central ” en Irak.

Une volonté qui résiste mal aux contradictions

Dans le même temps, la compétition fait rage et la guerre en Irak a révélé d’intenses contradictions entre les pays capitalistes dominants. Les deux camps qui se sont révélés, USA et leurs alliés d’un coté, France-Allemagne-Russie de l’autre, sont en compétition, non seulement pour le Moyen Orient et le pétrole irakien, mais plus généralement pour toute une série d’autres marchés. L’Afrique est le sujet d’une compétition acharnée entre la France et les Etats Unis.

Un peu comme au 19ème siècle, nous allons certainement assister à une alternance continuelle des déclarations fracassantes suivies d’apaisements aussi soudains que temporaires.

Le gouvernement américain, depuis la 2ème guerre mondiale n’a pas pour habitude de conditionner sa politique à la recherche de l’unanimité sur la scène internationale. N’ayant plus l’ennemi de taille, tant politique que social, qu’était l’URSS, la 1ère puissance financière mondiale, a cependant une tentation sans cesse grandissante à un unilatéralisme de plus en plus dominant, les “ alliés ” doivent être de plus en plus soumis.

Une telle tendance se manifeste avec les appels aux boycott des relations commerciales avec la France font l’objet de motion dans les parlements d’état (comme en Pennsylvanie par exemple, où la chambre des représentants de cet état à demandé l’interdiction de l’achat et de la vente de vins français). Dans la réalité, les économies sont bien trop intégrées les unes aux autres pour que cela mène loin. La multinationale française Sodexho fournit en repas l’armée américaine et emploie 110 000 personnes aux Etats Unis. Le véritable enjeu est bien plus le partage des “ gâteaux ” comme l’Irak post Saddam, ou le pétrole africain. Et fort cyniquement, politiciens et médias français rassurent tout le monde en expliquant… que vu l’implantation de Total-Fina-Elf en Irak, les représailles économiques ne dureraient pas longtemps, car les “ américains ” auront besoin de Total. Là encore, le sort du peuple irakien disparaît devant les considérations économiques des impérialistes.

Pour les travailleurs, les chômeurs, les jeunes etc. des pays impérialistes ou pour les peuples opprimés, être exploité chez Ford plutôt que chez Renault, recevoir des bombes américano-britanniques ou russes (en Tchétchénie), françaises (en Afrique) revient au même. La compétition que se livrent les grandes puissances, c’est aux travailleurs qu’ils la font payer ! Même s’il faut comprendre l’état réel des forces, comprendre les différents degrés d’agressivité des impérialismes, renvoyons Chirac et Bush dos à dos et construisons la solidarité entre les travailleurs de tous les pays !

Par Alexandre Rouillard