Europe, les déséquilibres du Pacte de stabilité

C’est sans grand enthousiasme que les ministres des finances européens se sont réunis fin novembre. Le ministre des finances français et le premier ministre Jean Pierre Raffarin rapportant une très mauvaise nouvelle : la France ne pourrait plus maintenir le pacte de stabilité. Mis en place à la création de la zone Euro, il oblige les gouvernements des pays membres à maintenir un déficit maximum de 3%.

Article paru dans l’Egalité n°105

Les « mauvais » élèves devant encourir les foudres de cette commission avec des sanctions économiques à la clé. Ce pacte de stabilité devenant une table de la loi de cette économie libérale. Certains pays, comme par exemple la Turquie, se voyant interdit d’entrée dans l’Europe uniquement pour cette raison avant un éventuel non respect des droits de l’homme. Cette mesure extrême au niveau de l’économie oblige les gouvernements européens à jongler avec leurs balances des paiements (import-export), leur produit national brut (recettes-dépenses) afin de maintenir ce taux.

Comme nous l’avons vu tout au long de l’année, le gouvernement Raffarin a cherché de l’argent, raclant les fonds de tiroir, s’occupant plus par ailleurs de réprimer les travailleurs que les patrons. Comme la baisse des impôts plus importante pour les forts revenus et la multiplication des augmentations des impôts indirects (tabac, essence) qui pénalisent surtout les faibles revenus. La plus grande attaque reste celle sur les retraites qui s’est généralisée à toute l’Europe avec pour les travailleurs une augmentation de la durée de cotisation. Bilan de cette réunion, ce n’est pas une nouvelle amende pour la France, juste une recommandation d’éviter que cela ce reproduise ! Donc pas de nouveau scandale à la Executive Life où les travailleurs payent les erreurs du Crédit Lyonnais. Pourquoi ?

La réponse se trouve peut être dans le fait que le ministre des finances allemand a lui aussi annoncé que son pays ne pourrait pas tenir le pacte. L’axe franco-allemand sera donc capable de mettre en place une règle et quand ça l’arrange de la modifier. Le pacte de stabilité ne regardant pas avec la même équité tous les pays membres. l’Angleterre et la Suède ne veulent pas de cette zone Euro. Une des raisons invoquées de ce ralentissement de la croissance n’est pas la crise qui n’existe pas selon eux, mais la force de l’euro face au dollar qui s’échangeant pour 1.26$ freine les exportations réglées en dollar. Cette faiblesse du dollar reste une décision consciente du gouvernement Bush qui laisse les autres pays s’en occuper. Le gouvernement japonais par exemple, a aussi tenté de stopper cette dévaluation en achetant des dollars, remontant à court terme cette monnaie.

Cette faiblesse du dollar par rapport à l’euro continue de freiner l’économie et la reprise des échanges. Pour les ministres européens, soutenir les Etats-Unis, c’est leur laisser la position dominante dans l’économie mondiale et laisser tomber le vieux rêve de la domination européenne. On rentre alors dans les spéculations les plus fortes de ses euro-optimistes qui voient dans l’euro une monnaie assez stable afin de remplacer le dollar. L’ouverture vers les pays de l’Est, une constitution commune et c’est une Europe unifiée qui se reprend à rêver à une hégémonie européenne. Cela explique aussi cette véhémence toute relative des ministres des finances qui ne désirent pas stopper ses deux moteurs de l’économie qui forment l’axe franco-allemand. Il est certain que dans ce contexte les premières personnes qui souffriront de ces mesures dans cette future guerre économique seront les travailleurs européens eux-mêmes.

Par Arnaud Benoist