Irak, l’occupation continue

Deux guerres, 12 ans d’embargo économique et l’occupation par les troupes de la coalition auront brisé l’économie irakienne réduisant à néant la plupart de ses infrastructures. Ce pays qui était l’un des plus industrialisés du Moyen-Orient aura été réduit au même niveau qu’un pays pauvre de l’Afrique sub saharienne en l’espace de quelques mois. Bagdad n’est plus qu’à 50% alimenté en électricité et l’eau est de plus en plus polluée.

Article paru dans l’Egalité n°105

Malgré la présence des forces de la coalition, aucune usine de retraitement de l’eau n’a été remise en état. Le chômage a fortement grimpé et la plupart des fonctionnaires ne sont plus rémunérés sauf la police et l’armée qui sont payées par les troupes de la coalition afin de les aider et pour éviter qu’ils ne rejoignent la résistance. On ne sait pas exactement quelles sont les conséquences humaines de cette guerre, mais selon le site indépendant (www.Iraqbodycount.net) 7 898 civils irakiens seraient morts depuis le début de l’occupation et 20 000 auraient été blessés. De son coté, la coalition a perdu plus de soldats que durant la guerre et au moins 6000 soldats auraient été évacués pour des « raisons médicales » dont au moins 1700 pour des blessures graves. Les attaques terroristes seraient de plus en plus nombreuses avec en fin d’année une fréquence de 30 par jour qui frappent l’ensemble des troupes coalisées et les civils irakiens.

Cette « résistance » irakienne s’est radicalisée et semble de plus en plus organisée et de plus en plus hétéroclite, allant des différents peuples qui composent l’Irak aux partisans de Saddam en passant par divers mouvements religieux. La violence de ces attentats a aussi augmenté ainsi que leur nature puisqu’on a vu l’apparition des attentats suicides qui ont durement frappé la coalition et ses symboles. L’un de ces attentats a directement visé le bâtiment des Nations unies, tuant l’un des ses dirigeants. De leur coté, les forces de la coalition multiplient les contrôles et les arrestations arbitraires afin de combattre le « terrorisme ». La plupart des forces politiques de ce nouvel Irak continuent de manifester et ces manifestations sont de plus en plus réprimées.

Les chiites représentent 60% de la population et la vision d’un Islam d’Etat, voulu par certains dirigeants fondamentalistes, commence à s’imposer notamment à Bagdad, dans l’indifférence des troupes de la coalition. C’est un net recul dans la condition de la femme qu’imposent ces religieux réactionnaires. Dans un Irak qui fut laïc sous Saddam, on voit de plus en plus de femmes obligées de nouveau à porter le voile, être accompagnée par un homme dans leurs déplacements, voire interdites de poursuivre des études et même de conduire une voiture !

On est donc bien loin de la « démocratie » en Irak, avec pour conséquence directe le fait que certaines femmes pensent désormais fuir le pays avant que celui-ci ne se transforme en république islamiste. La perspective de l’organisation des élections courant juin 2004 ravive les tensions politiques et ethniques tant et si bien que selon un éditorialiste du New York Times pourtant opposé à la guerre, « si les troupes de la coalition quittaient l’Irak, il ne faudrait pas 10 minutes avant qu’une guerre civile se déclenche ». Les troupes de la coalition semblent s’être elles-même piégées en Irak ne sachant plus comment s’en sortir et quel « espoir » elles sont venues « restaurer ».

Quant à l’arrestation de Saddam, elle ne freine pas la résistance à l’occupation, on l’imagine d’ailleurs bien mal en être le seul leader du fond de sa cache. Tout comme les armes de destruction massive, l’arrestation du dictateur, sert à masquer les objectifs de l’impérialisme des USA de Bush. Une guerre pour chasser un dictateur ? Toujours pas, c’est bien une guerre et une occupation pour contrôler la région et pour le pétrole.

Par Arnaud Benoist