La seconde étape de l’opération nouvel ordre mondial II commencée après les attentats du 11 septembre 2001, la guerre contre le terrorisme, s’est terminée par une nouvelle victoire, aussi facile qu’en Afghanistan.
Article paru dans l’Egalité n°101
On aurait pourtant pensé (et souhaité) que la résistance du peuple irakien soit plus importante. Or après la fameuse pause de 5 jours, pendant laquelle un conflit intense a opposé différents secteurs des dirigeants américains, et où on a vu une armée américano-britannique incapable de prendre une ville comme Om Ksr, tout a changé d’un seul coup et Bagdad est tombé après quelques escarmouches.
A aucun moment, l’état major irakien, pourtant expérimenté par plusieurs guerres, n’a utilisé les tactiques de bases pour résister à une invasion : faire sauter les ponts, tendre des embuscades… Plus étonnant, plus les militaires américains se sont rapprochés des centres de commandement et de pouvoir en Irak, moins la résistance a eu lieu. De quoi légitimement se demander si des négociations n’ont pas eu lieu au plus haut degré de l’Etat ou de l’armée. Car si l’embargo, les missions de désarmement, la dictature sanglante de Saddam Hussein sont autant d’éléments qui peuvent expliquer l’écroulement du régime et sa désorganisation, l’absence totale de résistance des unités de la garde républicaine, ou l’abandon précipité de nombreuses positions militaires stratégiques laisse penser qu’une partie du scénario a été écrit à l’avance ou réécrit en cours de route : ça ne ferait qu’une fois de plus que l’équipe autour de Saddam Hussein voire Saddam Hussein lui même passe des accords avec les impérialistes sur le dos de son propre peuple.
Plus généralement, c’est grâce à la complicité ou à la passivité de nombreux pays arabes et/ou musulmans que la guerre a été gagnée. Ces mêmes pays qui se prétendent contre le Satan américain, notamment l’Arabie Saoudite ou l’Iran, ont une fois de plus donné des gages de docilité. L’Iran a fermé sa frontière, l’Arabie Saoudite (ainsi que l’Egypte, la Jordanie etc.) ont permis le survol de leur territoire et le passage de soldats américains.
La Syrie, prochain sur la liste ?
Vaste plateau sans aucune difficulté géographique, la Syrie est une cible idéale. Son armée est assez faible, et diplomatiquement, c’est un pays assez isolé. La Syrie sera donc certainement mise sous pression, économique notamment, mais pas encore attaquée. Elle est pourtant sur la liste. Car outre le redécoupage du Moyen Orient, et la volonté de contrôler le pétrole, les USA veulent également sécuriser leur pion dans la région : l’Etat d’Israël. De plus, la Syrie est un pays où le secteur public nationalisé est particulièrement important.
Pour l’instant, Bachar el-Assad semble avoir retenu la leçon irakienne en disant qu’il ne permettrait pas d’inspection de son armement. Dans le même temps, les USA auront à sécuriser l’Irak ce qui va prendre beaucoup de temps. Une guerre contre la Syrie, rencontrerait une indignation encore plus grande de par le monde. Les manifestations contre l’occupation se multiplient, souvent violemment réprimées (plusieurs dizaines de morts à ce jour). L’administration Bush exporte son modèle démocratique, des élections opaques, jouées à l’avance et truffées de magouille politico financière, et une interdiction de l’expression politique trop radicale. Comme chez tout colonisateur, la répression est effectuée de manière barbare, meurtrière et aveugle.
Les nombreux supplétifs de l’impérialisme américain, depuis Chalabi jusqu’aux imams chiites risquent bien de se retrouver en première ligne face à la contestation.
Chasser les troupes américano-britanniques de l’Irak
Les USA ont volontairement créé un vaste chaos en Irak : seuls 12 000 hommes sont déployés pour “ sécuriser ” Bagdad, une ville de 5 millions d’habitants. Le pillage des musées a été organisé par des réseaux professionnels de trafiquants d’objets d’art (il y avait là bas parmi les plus anciennes tablettes d’écriture de l’humanité), comment aurait ils pu organiser leur opération en 2 jours ? Le seul lieu réellement sécurisé, le ministère du pétrole, a finalement lui aussi été l’objet de vols : disparition de documents liés aux opérations de prospections… là encore, les méthodes correspondent aux objectifs.
Le peuple irakien n’est pas dupe.Il lui manque une véritable perspective, que ni les vieilles directions nationalistes arabes ni celles issues de l’Islam ne peuvent donner. Il est plus que probable (et souhaitable) qu’il va s’opposer violemment à l’occupation américaine. C’est en lien avec les mouvements sociaux du monde entier que la lutte pour la fin de l’occupation sera victorieuse ; dans les pays impérialistes en bloquant la machine économique et la machine de guerre, en Irak et dans les autres pays du “ tiers monde ” en chassant les gouvernements ou les forces politiques favorables ou passifs face aux impérialistes de tous bords.
Par Alexandre Rouillard